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Père Federico Lombardi Père Federico Lombardi 

Abus: l’année 2018 marque un «tournant» selon le père Lombardi

L’année 2018 au Vatican a été profondément marquée par le scandale des abus commis au sein de l’Église. Le père Federico Lombardi, ancien directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, revient sur ces derniers mois et sur la rencontre de février au Vatican.

Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican

Dans son discours lors de la présentation des vœux à la curie romaine, le 21 décembre dernier, le Pape François reconnaissait que la barque de l’Église (…) avait été «assaillie par les tempêtes et les ouragans». Décrivant les auteurs d’abus comme des «loups atroces, souvent cachés derrière des visages angéliques», le Saint-Père a clairement indiqué que «l’Église ne se ménagera pas pour faire tout ce qui est nécessaire afin de livrer à la justice quiconque aura commis de tels délits». Et elle ne cherchera jamais «à étouffer ou à sous-estimer aucun cas».

Durant cette année, les scandales d’abus ont concerné différents pays. Plusieurs rapports accablants ont été publiés en Allemagne mais aussi aux États-Unis. Une enquête fédérale a été ouverte suite à la publication en août d’un rapport de Pennsylvanie indiquant qu’un millier de mineurs avaient été abusés par quelques 300 prêtres au cours des 70 dernières années. Le cardinal Theodore McCarrick, l’ancien archevêque de Washington, a par ailleurs été démis de ses fonctions cardinalices.

Mais le dossier le plus emblématique est certainement celui du Chili. Un nouveau chapitre dans la lutte contre les abus envers les mineurs s’est ouvert après la visite du Pape dans le pays en janvier. Mgr Charles Scicluna, ancien promoteur de justice de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a été envoyé sur place pour enquêter ; le Saint-Père a convoqué au Vatican les évêques chiliens pour une réunion de crise, et tous lui ont ensuite remis officiellement leur charge.

Un engagement «très fort» du Pape en 2018

Le père Federico Lombardi, ancien directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, et président de la fondation Joseph-Ratzinger-Benoît XVI a été directement confronté à différentes crises liées aux abus sous le pontificat de Benoît XVI, en particulier en 2010 avec le cas irlandais. Dans un article de La Civiltà Cattolica intitulé “Vers la rencontre des évêques sur la protection des mineurs”, il indique que la rencontre inédite des présidents de conférence épiscopale prévue en février prochain au Vatican sera l’occasion de «donner une impulsion pour de nouveaux pas urgents».

Le père Lombardi note que cette année marque «un tournant». Elle est synonyme d’un «engagement très fort» du Pape sur cette question. Le Saint-Père a eu une «attitude proactive très forte» et «la convocation de la rencontre de février en est le résultat». Elle sera déterminante, observe le père Lombardi, tout en soulignant qu’«en trois jours on ne change pas le monde mais on peut donner une impulsion très forte dans la bonne direction».

Dans l’Église, «il existe déjà des expériences positives, des personnes qui, depuis des décennies, travaillent dans la bonne direction» affirme l’ancien directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège mais, déplore-t-il, «il y a aussi des régions où peu ou rien n’a été fait». «Il y a un grand nombre de personnes, des responsables, parfois des évêques qui n’ont pas compris la profondeur du problème, la souffrance des victimes et la profondeur de la conversion nécessaire».

Transparence et clarté quant aux responsabilités

Le père Lombardi met en avant la nécessité de promouvoir «une culture de la transparence» voulue par Benoît XVI. Elle est «essentielle» tout comme un autre aspect: «la clarté concernant les responsabilités et le fait de rendre compte devant l’Église et la société civile». «Des pas importants sont encore à faire et la rencontre de février aura une importance significative» en ce sens.

Le père Lombardi, observe par ailleurs qu’«il ne suffit pas d’avoir les idées claires et les instruments, il faut «participer en profondeur aux souffrances, aux blessures des victimes». Très souvent, les victimes en quête d’une écoute «ont trouvé des difficultés, des résistances». C’est «lune des premières choses à changer». Il faut, insiste le père Lombardi, «que toutes les victimes trouvent une attitude d’ouverture, de respect, une volonté d’aider sans réserve : c’est le point de départ».

Entretien avec le père Federico Lombardi, jésuite

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03 janvier 2019, 08:31