Italienne originaire des Pouilles, Ripalga a 87 ans. Elle vit dans la rue depuis 14 ans.  Italienne originaire des Pouilles, Ripalga a 87 ans. Elle vit dans la rue depuis 14 ans.

Journée mondiale des pauvres: reportage auprès des sans-abri de Rome

Lors d’une messe place Saint-Pierre et le temps d’un déjeuner en salle Paul VI, le Pape François va retrouver quelque 3000 hommes et femmes défavorisés ce dimanche 18 novembre à l’occasion de la deuxième Journée mondiale des pauvres, instituée à l’issue du Jubilé de la Miséricorde en 2016. A cette occasion, nous sommes allés à la rencontre de plusieurs SDF qui ont installé leur abris aux abords du Vatican.

Reportage de Marie Duhamel – Cité du Vatican

Reportage auprès des SDF de Rome

Émerge de sa grosse doudoune bleu, un corps sec et fragile.. vouté après 27 ans dans la rue. Assis sur un carton, sur les marches d’une église à deux pas du Vatican, Daniele relève la tête,  manifestement surpris d’être interpellé : «Comment je m’appelle ? Daniel !...  Je suis pauvre (…) Je me débrouille mais cette vie dans la rue est un peu dure, un peu dure.» Daniel évoque la pluie, les nuits, son goût du vin. Il parle de Dieu, en espérant qu’après la mort, il y aura bien le paradis. Il tait en revanche ces gens qui, devant nous, déplacent d’un coup de pied ses cartons.

De l’autre côté des colonnades, entourée de paquets, Julia prépare son petit déjeuner : deux petits pains sur un bout de trottoir. La tête enturbannée dans un chiffon blanc, les joues roses, cette Allemande de 70 ans passés raconte sans difficulté ses choix de femme qui l’ont coupée de sa famille et de ses enfants, sa fuite en Espagne puis en Italie, ses problèmes de carte bleue. Elle dit avoir eu la belle vie et encourage les jeunes à profiter du moment présent. Elle déborde de bonne humeur, alors qu’elle s’apprête à solliciter les touristes dans les environs du Vatican. Elle n’attend rien du Pape François qu’elle aime «énormément». C’est néanmoins vers «l’Eglise Maria» que se tourne la catholique une fois la nuit tombée. Elle y retrouve des gens «pour parler», explique-t-elle dans un mélange d’allemand, d’anglais et d’espagnol. On lui offre un toit pour dormir, chaque nuit. 

Pour éviter les «personnes mal élevées» et par peur d’attraper une maladie, Michele, 47 ans préfère lui éviter les dortoirs installés près du Vatican sur volonté du Pape et de son aumônier, le cardinal Krajewski qui lui a un jour changé la vie : «Quand je suis arrivé, il passait par ici puisqu’il habitait dans le Borgo Pio. Il me donnait toujours quelque chose. J’allais très mal à l’époque. Il n’y avait pas de douche. Alors il m’a emmené chez lui, me donnait des affaires de rechange. J’ai pu y prendre ma douche 3 ou 4 fois. Je l’estime énormément». Après leur rencontre, le Saint-Siège a mis des douches à disposition des sans-abris. Michele y va tous les jours. Ce roumain dynamique, soigné et très apprécié des commerçants travaillant dans les environs de la porte Sainte-Anne du Vatican, raconte qu’il a même pu remercier en personne le Pape François. Il retrouvera ce dimanche place Saint-Pierre pour la messe et le temps d’un déjeuner en salle Paul VI.

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16 novembre 2018, 19:21