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Lors du Synode des évêques d'octobre 2014 Lors du Synode des évêques d'octobre 2014 

Le nouveau mode d'emploi du Synode

Alors que la XVe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques débute au Vatican ce mercredi 3 octobre, voici des réponses aux questions que l’on peut se poser sur cet évènement ecclésial de grande ampleur.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Que signifie le mot « synode » ?

Synode vient du grec sunodos, "chemin parcouru ensemble", d’où sa signification d’assemblée délibérante. Il réunit des évêques pour discuter de la mission de l’ensemble de l’Église et de l’unité de la foi en son sein. Un synode est donc une forme d’expression de la collégialité de l’Église, c’est-à-dire de l’unité de l’Église et du caractère universel de sa mission.

Qu’est-ce qu’un synode « ordinaire » ? Et « extraordinaire » ?

Trois types de synodes des évêques existent.

Le synode "ordinaire" réunit des évêques élus par les conférences épiscopales, les patriarches orientaux, des évêques nommés personnellement par le Pape, et des religieux. Il y en a eu 14 depuis Vatican II. La XIVème Assemblée Générale ordinaire s’est tenue en octobre 2015 sur le thème "La vocation et la mission de la famille dans l’Église et le monde contemporain". C’est la formule retenue pour cette édition 2018.

Le synode "extraordinaire"  réunit seulement les présidents des conférences épiscopales, les patriarches orientaux, les cardinaux préposés aux congrégations de la Curie, des religieux et des participants nommés par le Pape. Il s’agit alors de donner des réponses rapides à «des questions concernant le bien de l’Église universelle».  La troisième et dernière Assemblée Générale extraordinaire du Synode des évêques, sur le thème "Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation" a eu lieu en octobre 2014.

Le synode "spécial" : il est convoqué sur une question propre à une région ou à une Église particulière. Le dernier s’est déroulé en juin 2010, il s’agissait d’une assemblée spéciale pour le Moyen-Orient.

Quelles sont les autres formes d’expression de cette collégialité ?

Longtemps, la collégialité de l’Église s’est manifestée par les conciles et les synodes d’évêques, auxquels on prêtait la même signification, ainsi que par le Sacré Collège, formation d’un collège de cardinaux autour du Pape à partir du XIIe siècle.

Mais chaque institution a été clairement identifiée et définie lors du Concile Vatican II (1962-1965), puis par le Code de Droit canonique de 1983. On distingue donc :

- le Concile œcuménique, qui réunit les évêques du monde entier
- le Synode des évêques, assemblée plus restreinte que le concile, donc plus facile à réunir
- le Sacré Collège des cardinaux
- les conciles particuliers, pléniers ou provinciaux
- les conférences épiscopales, d’une nation ou d’un territoire

Comment se passe un synode ?

Un synode se présente sous la forme d’une assemblée consultative convoquée par le Pape. Cela le différencie du synode diocésain, convoqué par un évêque dans son diocèse.

Le synode a pour but d’informer et de conseiller le Pape. Le Saint-Père peut aussi lui donner un rôle délibératif, sous réserve que les décisions soient ratifiées par ses soins.

Si le Pape ne préside pas le synode en personne, il nomme pour chaque session un ou plusieurs présidents délégués. Cette année, ils sont quatre : le cardinal Louis Raphaël I Sako, Patriarche de Babylone des Chaldéens (Irak), le cardinal Desiré Tsarahazana, Archevêque de Toamasina (Madagascar), le cardinal Charles Maung Bo, Archevêque di Rangoun (Birmanie), le cardinal John Ribat, Archevêque de Port Moresby (Papouasie Nouvelle Guinée).

Un secrétariat permanent du synode existe au sein de la Curie romaine. Il est dirigé par un secrétaire général qui assure la préparation et le suivi des sessions. Le Pape François a souhaité que cette responsabilité soit "cardinalice", pour lui donner une plus grande importance qu'auparavant. Il s'agit actuellement du cardinal italien Lorenzo Baldisseri.

Le secrétaire général collabore avec le rapporteur général, chargé de rédiger le "Rapport introductif au débat", un document destiné à lancer les discussions. C'est aussi lui qui rédige les conclusions des travaux. Cette tâche incombe cette année au cardinal Sérgio da Rocha, Archevêque de Brasilia (Brésil).

Deux secrétaires spéciaux ont été nommés pour assister ces derniers. Les pères Giacomo Costa (jésuite) et Rossano Sala (salésien) se sont vus attribuer cette fonction.

On peut enfin signaler l’existence d’une Commission pour l’Information, présidée par Paolo Ruffini, Préfet du Dicastère pour la Communication, et dont le père Antonio Spadaro (jésuite) sera secrétaire.

À la fin du synode, les évêques adoptent un rapport remis au Pape, et rédigent souvent un message au monde. Le Pape, sous réserve d’avoir ratifié les conclusions présentées, reprend fréquemment dans un document paraissant sous sa responsabilité propre les éléments du rapport qui lui a été remis. Ce document est, généralement, une exhortation apostolique post-synodale.

Quelles sont les nouveautés introduites cette année ?

Une instruction, règlement technique du synode, a été rendue publique ce 1er octobre. Elle est constituée de 36 articles formant l’application concrète de la récente Constitution apostolique Episcopalis Communio. Le Synode d’octobre 2018 sera la première assemblée ordinaire au cours de laquelle sera appliquée ce nouveau document.

Quatre aspects principaux peuvent être dégagés.

Les membres : lorsqu'il est réuni en assemblée générale ordinaire, le synode des évêques est composé notamment des patriarches, archevêques et métropolitains des Églises catholiques orientales et des évêques élus par les Conférences épiscopales, ainsi que des chefs de dicastère. Désormais, dix membres supplémentaires représentent les Instituts de vie consacrée. Il peut donc s'agir de religieux non-prêtres.

Le président délégué préside cette assemblée au nom et par autorité du pontife. Le document précise que le Pape peut nommer plusieurs présidents, se succédant à tour de rôle à cette charge pendant tout le synode. Le Conseil ordinaire du Secrétariat général est composé de 21 membres, contre 15 membres par le passé.

La procédure : L’assemblée du synode s’ouvre avec la célébration eucharistique, l‘intronisation du Livre des Évangiles, et le chant "Veni, Creator spiritus". L’assemblée, réunie en congrégation générale ou en petits groupes (les "cercles mineurs"), s’ouvre chaque jour avec la Liturgie des Heures. Le synode se conclut avec le chant du "Te Deum" et la célébration eucharistique.

Ceux qui participent au Synode sont tenus au secret pontifical pour ce qui regarde les avis et le vote des individus.

Les discussions : les petits groupes constitués par appartenance linguistique traitent tous du même sujet. Ils travaillent sur la base de l'Instrumentum Laboris, à partir duquel ils apportent des modi (amendements). Ceux-ci sont votés par les Pères synodaux à la majorité absolue. Les autres participants à l'assemblée (comme les auditeurs) prennent part aux travaux des petits groupes mais n'ont pas droit de vote. Chaque groupe élabore ensuite un rapport, lui aussi voté à la majorité absolue, transmis au Secrétariat général, et pouvant être modifié par les pères synodaux sur autorisation du président délégué.

Le document final et le rapport post-synodal : À l'issue des travaux de l'assemblée, la Commission pour l’élaboration du document final présidée par le rapporteur général établit un projet de document final. La commission vote celui-ci à la majorité absolue avant de le présenter aux Pères synodaux, qui peuvent présenter des modi. La Commission se réunit à nouveau pour l’élaboration du document final voté à bulletin secret par les Pères synodaux. Le document final est enfin présenté au Pape, qui décidera ou non de sa publication.

Après la réunion de l'assemblée synodale, le secrétariat général est chargé de rédiger un rapport sur les travaux de l'assemblée. Il est ensuite présenté au Pape.

Sait-on quand aura lieu le prochain Synode ?

L’année prochaine ! Il s’agira cette fois d’une Assemblée spéciale du Synode des évêques pour la région pan-amazonienne, qui aura lieu à Rome au mois d’octobre 2019. Le Pape François en a fait l’annonce officielle au terme de l’Angélus du 15 octobre 2017.

(Avec i.media)

 

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01 octobre 2018, 18:16