Le cardinal Joao Braz de Aviz, préfet du dicastère en charge des personnes consacrées. Le cardinal Joao Braz de Aviz, préfet du dicastère en charge des personnes consacrées. 

“Ecclesiae Sponsae Imago”, un nouveau document pour les vierges consacrées

Une instruction publiée aujourd'hui par la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostolique encadre la mission des vierges consacrées, dont le rite de consécration par les évêques diocésains avait été institué en 1970.

Cyprien Viet – Cité du Vatican

À l’approche du 50e anniversaire du rétablissement par le Pape Paul VI de l’ordre des vierges consacrées, qui se rattachent à un diocèse et non pas à une communauté religieuse, la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostolique a publié ce mercredi 4 juillet un document pour encadrer la mission de ces femmes qui choisissent cette forme d’engagement au service de l’Église. Dans le monde, environ 5000 femmes vivent actuellement cette vocation, dans des diocèses répartis sur les cinq continents.

«Les vierges consacrées sont l’image de l’Église épouse du Christ» : c’est en reprenant ces termes du décret de 1970 que le cardinal Joao Braz de Aviz, préfet du dicastère en charge de la vie consacrée, présente cette nouvelle instruction qui actualise l’encadrement de cette mission spécifique et originale, qui permet à des femmes de recevoir une consécration de la part de leur évêque diocésain tout en demeurant dans leur contexte de vie, et non plus nécessairement en intégrant une communauté monastique. En rétablissant cette possibilité après le Concile Vatican II, Paul VI entendait en fait renouer avec la pratique des communautés chrétiennes des premiers siècles, dont les femmes ayant fait le choix de la virginité furent des piliers, avant qu’au début du Moyen-Âge le développement du monachisme ne mène à la désuétude de ce style de vie consacrée.

Alors que le décret de 1970 avait rétabli le rite liturgique, l’instruction publiée aujourd’hui est «le premier document du Siège apostolique qui approfondit la physionomie et la discipline de cette forme de vie». Au cours des décennies écoulées, «cette vocation féminine particulière a été connue et aimée dans le monde entier», précise-t-il. Les vierges consacrées sont présentes sur tous les continents, dans de nombreux diocèses, et offrent leur propre témoignage de vie dans tous les domaines de la société et de l’Église. En réponse à des questions posées notamment durant l’Année de la Vie consacrée, le dicastère offre donc quelques indications concernant la vocation et le témoignage des vierges consacrées, leur présence dans l’Église universelle, ainsi que leur formation et leur discernement vocationnel, qui relève, comme pour les séminaristes, de la responsabilité des évêques.

Le cardinal brésilien annonce également l’organisation d’une rencontre mondiale des vierges consacrées autour du Pape en 2020 à Rome, pour fêter le 50e anniversaire du rétablissement de leur rite de consécration.

Un processus de discernement et d’encouragement à une vocation originale

Dans une note explicative, le secrétaire du dicastère, Mgr José Rodriguez Carballo, explique que ce document est le fruit d’un long processus «synodal» qui a impliqué de nombreux évêques, des experts, et, bien sûr, de nombreuses vierges consacrées qui souhaitaient que le Vatican donne des orientations pour mieux encadrer leur vocation et leur apostolat.

Mgr Carballo rappelle que le Nouveau Testament évoquait déjà cette vocation particulière : «Déjà dans les communautés apostoliques, il y avait des femmes qui, en accueillant le charisme de la virginité, l’embrassaient avec une condition de vie stable pour s’occuper avec le cœur “indivis” des choses du Seigneur. Tout comme les autres formes de vie ascétique, le choix de la virginité a fleuri spontanément dans toutes les régions dans lesquelles le christianisme se diffusait», les Pères de l’Église attribuant à ces femmes le titre «d’épouse du Christ». Nombre d’entre elles subirent le martyre, ce qui a contribué à susciter estime et considération pour les vierges consacrées, souvent entourées d’une aura de sainteté.

Mais par la suite, à partir du Moyen-Âge, l’évolution culturelle et religieuse a mené à une identification progressive de la vie consacrée féminine au monachisme contemplatif. À quelques exceptions près, les vierges consacrées devinrent donc progressivement des moniales. La réapparition de cette forme de vie consacrée en 1970 ne fut donc pas une nouveauté en soi, mais plutôt un retour à une pratique courante dans le christianisme des origines. Tout comme le fut à la même époque le rétablissement du diaconat permanent, cette décision a donné des fruits encourageants puisque les vierges consacrées sont aujourd’hui présentes dans de très nombreux diocèses dans le monde. Le Vatican entend donc encourager et valoriser cette réalité ecclésiale à la fois bien diffusée au niveau mondial, mais en même temps encore peu connue par le grand public.

L’instruction définit dans une première partie «le charisme, la physionomie spirituelle et la forme de vie assumée par les femmes» qui choisissent cette forme de consécration. «En maintenant un regard contemplatif sur la réalité, elles participent aux joies et aux espérances, aux tristesses et aux angoisses de notre temps, spécialement des plus pauvres, et contribuent au renouvellement de la culture selon l’esprit de l’Évangile.» La deuxième partie évoque «l’enracinement diocésain», et donc la responsabilité des évêques, qui doivent aider ces femmes à se sentir «filles d’une Église particulière», même si l’instruction évoque aussi les cas éventuels de transfert d’un diocèse à l’autre ou de sortie de l’ordre, par exemple dans les cas de femmes qui choisiraient de rejoindre une communauté religieuse. Enfin, la troisième partie du document évoque les questions du discernement vocationnel et de la formation initiale et permanente.

Mgr Carballo conclut avec deux considérations : il précise que cette forme de vie n’est pas «un anachronisme» mais au contraire «un acte de confiance dans l’action de l’Esprit» et «une vraie voie de sanctification, fascinante et exigeante». Il ajoute ensuite que cette vocation est essentielle «pour la compréhension et la valorisation de la présence des femmes dans le peuple de Dieu» mais aussi pour approfondir «la conscience que l’Église a d’elle-même comme Épouse du Christ, peuple de Dieu qui chemine dans l’histoire vers l’accomplissement eschatologique».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

04 juillet 2018, 12:19