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La messe du Pape à Iquique, au Chili, le 18 janvier 2018. La messe du Pape à Iquique, au Chili, le 18 janvier 2018. 

Affaire Barros: Mgr Scicluna mandaté par le Pape au Chili

C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire Barros, du nom de l’évêque d’Osorno, au Chili, accusé d’avoir gardé le silence face à des cas d’abus sexuels sur mineurs: le Pape François a mandaté à Santiago du Chili Mgr Charles Scicluna.

Cyprien Viet - Cité du Vatican

«À la suite de certaines informations récemment parvenues» au sujet de cet évêque, le Pape François a demandé à Mgr Charles Scicluna, président du Collège pour l’examen des recours au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, de se rendre à Santiago du Chili «pour écouter ceux qui ont exprimé la volonté de soumettre des éléments en leur possession.»

La Salle de Presse du Saint-Siège a publié cette annonce quelques jours après le voyage du Pape au Chili, durant lequel François avait réaffirmé son soutien à cet évêque suscitant de nombreuses réactions. 

Mgr Barros, dont le Pape François a refusé par deux fois la démission, fait l’objet de vives critiques pour sa proximité avec Fernando Karadima, un ancien prêtre très charismatique qui a été condamné pour abus sexuels et contraint de quitter le sacerdoce en 2011.  Certaines associations défendant la parole des victimes accusent Mgr Barros d’avoir gardé le silence face à ces abus dont il aurait été directement témoin.

Interrogé par des journalistes lors de son voyage apostolique au Chili, le Pape lui avait apporté son soutien évoquant une «calomnie» et mettant en avant l’absence de preuves de sa culpabilité. Le cardinal O’Malley, président de la Commission de protection des mineurs, avait alors pris la parole estimant «compréhensible» que les paroles du Pape François aient été «la source d’une grande douleur» pour les victimes d’abus sexuels provoquant un sentiment d’abandon et les reléguant «dans un exil de discrédit». Dans l’avion de retour de son voyage, le Saint-Père avait présenté ses excuses pour avoir blessé les victimes et leur entourage, tout en confirmant sa position vis-à-vis de Mgr Barros. Le Saint-Père avait alors reconnu que «le mot preuve n’était pas le meilleur» pour se rapprocher «d’un cœur douloureux». «Je devrais dire des évidences» avait-il affirmé.

L’annonce du déplacement de Mgr Scicluna au Chili semble marquer une nouvelle étape, si ce n’est un changement de cap dans cette douloureuse affaire. Cet archevêque maltais est connu pour sa rigueur et sa fermeté dans la gestion des affaires d’abus sexuels commis par le clergé. En tant que promoteur de justice de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il avait notamment été chargé par le cardinal Joseph Ratzinger d’enquêter sur le cas du fondateur des Légionnaires du Christ, le père Maciel, dont Benoît XVI, une fois devenu Pape, avait fini par exiger le retrait.

Mgr Scicluna, qui n’a de cesse de dénoncer la «culture du silence» et de réclamer un engagement ferme des épiscopats pour la protection de l’enfance, incarne la ligne de «tolérance zéro» instituée par Benoît XVI et confirmée par le Pape François.

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30 janvier 2018, 17:34