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Saint Bonaventure, cardinal, évêque d’Albano et docteur de l’Église, franciscain

Saint Bonaventure, Vittore Crivelli Saint Bonaventure, Vittore Crivelli 

« La haine du faux est inhérente à l’âme ; mais toute haine naît de l’amour, mais l’amour de la vérité et spécialement de cette vérité pour laquelle l’âme a été faite est plus enracinée dans l’âme ».

Né dans l’actuelle ville « qui se meurt » de Bagnoregio, près de Viterbe, Jean Fidanza est fils d’un médecin. Vite il se rend compte qu’il ne veut pas suivre le chemin de son père ; selon une légende qui expliquerait aussi l’origine de son nom religieux, serait la rencontre avec saint François d’Assise qui l’aurait guéri, quand il était petit, d’une grave maladie en lui marquant sur le front un signe de croix et en s’exclamant : « Quelle bonne chance ». A l’âge de 18 ans il part étudier à Paris et y entre dans l’Ordre des Frères Mineurs ; il termine ses études en 1253, avec le titre de magister, et obtient la licence pour enseigner la théologie.

L’hostilité envers les Ordres mendiants

Cependant, entre temps, une terrible lutte intestine éclate entre maîtres séculiers et maîtres des ordres mendiants qui, pour un certain temps ne sont pas reconnus par les universités. La dispute remonte au Haut Moyen Age, lorsqu’au XIII siècle l’Eglise avait initialement condamné comme hérétiques les mouvements religieux de pauvreté, jusqu’au moment où le pape Innocent III les a acceptées à l’intérieur du corps ecclésial en dépendance directe de la Papauté. La tension redevint très vive en 1254 avec la publication d’une œuvre qui prophétise l’avènement d’une nouvelle Eglise fondée seulement et exclusivement sur la pauvreté et qui se concrétiserait avant 1260.

Le franciscain cardinal

En 1257 Frère Bonaventure devient Ministre général des Frères mineurs et cette nouvelle charge le contraint à laisser l’enseignement et à effectuer des voyages dans toute l’Europe. En 1260 il écrit une nouvelle biographie de saint François, la Légenda Major, qui remplace toutes les autres biographies existantes ; il se donne pour objectif de renforcer l’unité de l’Ordre, (qui compte désormais trente mille frères), menacée soit par le courant spirituel, soit par les tendances mondaines. C’est de cette œuvre que s’inspirera Giotto pour peindre le cycle des histoires de saint François. En 1271 il retourne à Viterbe et offre sa contribution pour la résolution de la crise du fameux conclave, le plus long, de l’histoire qui, à la fin, élira un de ses amis: Grégoire X. Justement ce pape, deux ans après, le fait évêque d’Albano et cardinal, en lui confiant la tâche d’organiser à Lyon un Concile sur l’unité entre l’Eglise latine et l’Eglise grecque. Et c’est justement au cours de ce concile que Bonaventure meurt en 1274, après avoir tenu deux interventions.

La philosophie au service de la théologie

En 1588 le pape Sixte l’inscrit au nombre des Docteurs de l’Eglise, (à l’époque il y’en avait six) aux côtés de saint Thomas d’Aquin, en distinguant les deux, en docteur séraphique, Bonaventure, et en docteur angélique, Thomas d’Aquin. Sa contribution à la doctrine théologique est très importante : avant tout, en partant de la pensée de saint Augustin, il affirme la nécessité de subordonner la philosophie à la théologie, car l’objet de cette dernière est Dieu. Alors, la philosophie peut seulement aider la recherche humaine de Dieu en ramenant l’homme à sa propre dimension intérieure, l’âme, à justement orienter vers Dieu. En outre, Saint Bonaventure soutient que le Christ est la voie pour toutes les sciences et que seulement la Vérité révélée peut les renforcer et les unir vers l’objectif parfait, l’unique objectif qui est toujours la connaissance de Dieu. Pour cela le Saint, qui défend la tradition patristique et combat l’aristotélisme, parvient à la conclusion que l’unique connaissance possible soit celle contemplative.

L’expression de la Très Sainte Trinité dans le monde

Toujours de dérivation augustinienne, très importante est aussi l’élaboration de la théologie trinitaire de saint Bonaventure. En pratique il met en évidence comment le monde est une sorte de livre où émerge la Trinité par laquelle il a été créé.  Donc, Dieu, Un et Trine, est présent comme « vestige », ou empreinte, dans tous les être animés et inanimés ; comme « image » dans les créatures dotées de l’intellect comme l’homme ; comme « similitude » dans les créatures justes et saintes, touchées par la Grâce et animées par les vertus de foi, d’espérance et charité qui les rendent filles de Dieu.