Saint Augustin Zhao Rong, prêtre, et ses compagnons, martyrs en Chine

Saint Augustin Zhao Rong, prêtre, et ses compagnons - martyrs en Chine Saint Augustin Zhao Rong, prêtre, et ses compagnons - martyrs en Chine 

L'Empire du Milieu

L'Évangile est arrivé pour la première fois dans l'immense et puissant "Empire du Milieu", ou Chine, au VIe siècle, via la Syrie, les différents empereurs ayant tour à tour autorisé et réprimé la petite communauté de foi implantée sur place. À l'époque moderne, l'évangélisation a véritablement commencé au XVIe siècle, avec l'arrivée de missionnaires européens tels que le jésuite Matteo Ricci, qui ont minutieusement appris la langue et les coutumes de ce peuple immensément cultivé. Au XVIIe siècle, de nombreux Chinois avaient embrassé le Seigneur Jésus-Christ et son Évangile. Au cours des siècles suivants, ils ont témoigné de leur engagement envers lui par leur sang.

Le protomartyr de Chine

Le premier martyr chinois fut en fait un frère dominicain espagnol, le père Francisco Fernandez de Capillas, qui fut capturé en 1647 à Fu'an, lors d'une vague de persécutions antichrétiennes. De sa prison, il a écrit : "Je suis ici avec d'autres prisonniers et nous avons développé une amitié. Ils me posent des questions sur l'évangile du Seigneur…. Je vis ici dans une grande joie... sachant que je suis ici à cause du Seigneur Jésus-Christ. Les perles que j'ai trouvées ici ces jours-ci ne sont pas toujours faciles à trouver". Ces "perles" étaient des cœurs ouverts, des personnes affamées de Dieu. Lorsque, en 1648, le père de Capillas a été décapité, scellant la transformation du prêtre espagnol en un saint chinois, ses fils spirituels se montrèrent valeureux. Ils l'ont suivi : 120 martyrs entre 1648 et 1930, dont 87 étaient des chrétiens chinois de souche et 33 des missionnaires de diverses communautés religieuses nés à l'étranger.

Le soldat devenu prêtre

À la fin des années 1700, après la mort de plusieurs catéchistes laïcs chinois qui refusèrent de renoncer à la foi même sous la torture, un soldat chinois connut un événement qui fit de lui le nom et le visage d'une vaste compagnie de ses compatriotes qui avaient rencontré le Seigneur. Zhao Rong était affecté à la compagnie de gardes chargée d'escorter le missionnaire français, Mgr John Gabriel Taurin Dufresse, sur le long chemin menant à son exécution à Pékin. Quelque chose dans le comportement de cet étranger, sa patience face à la souffrance et à la mort imminente, impressionna le soldat. Il commença à écouter ce leader d'une foi illégale. Bientôt, le soldat demanda le baptême, prenant le nom d'Augustin. Le prêtre d'origine étrangère a été tué, mais il a eu un fils spirituel : Augustin Zhao Rong demanda les ordres, devenant ainsi le premier prêtre diocésain né en Chine. En 1815, Augustin suivit son père spirituel dans la torture et le martyre.

"Je suis un chrétien"

Si le sang des martyrs est la semence de l'Église, comme l'affirmait Tertullien dans l'Antiquité, l'Église prenait profondément racine dans cette terre antique. Des vagues de persécution ont suivi, chacune d'entre elles entraînant de nouveaux martyrs, jusqu'à la rébellion anti-impérialiste et anti-chrétienne des Boxers au début du 20e siècle. Les martyrs nés à l'étranger ont scellé de leur sang leur attachement à cette terre et à ce peuple, si bien que, comme le père de Capillas, ils sont comptés parmi les saints chinois. Les 87 martyrs d'origine chinoise étaient des hommes, des femmes et des enfants - le plus jeune avait 9 ans et le plus âgé 79 ans - de toutes les couches de la société. Il s'agissait de prêtres chinois qui se sont élevés sur les traces du père Augustin Zhao Rong, de catéchistes laïcs, de marchands, de cuisiniers, de fermiers et d'un adolescent qui, sous la menace d'être écorché vif, s'exclama : "Chaque morceau de ma chair... vous dira que je suis chrétien." Beaucoup se virent offrir la liberté s'ils apostasiaient, et refusèrent.
Il ne pouvait y avoir de plus grande preuve que l'Église était vivante en Chine, ou que le Seigneur avait des serviteurs d'origine chinoise remplis de courage et d'amour. Il avait promis : "Là où je suis, là sera mon serviteur" (Jn 12,26). Cette vaste compagnie de martyrs chinois était avec lui, aimant leur Seigneur, leur terre et leur culture jusqu'à l'effusion du sang. Le pape Jean-Paul II les béatifia ensemble en l'an 2000.