«Qu’il nous fasse grandir dans la foi»: la joie des fidèles place Saint-Pierre
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«J’avais parié que ce serait Léon XIV». Au pied de l’obélisque de la place Saint-Pierre, avec cent mille personnes, Marguerite, jeune professeure de français a communié à la joie de la fumée blanche. Arrivée vers 16h, elle discutait avec une religieuse lorsque la foule s’est mise en liesse à la vue de la fumée tant attendue.
À quelques mètres, Pasquale, quinquagénaire italien, a lui aussi scruté la petite cheminée de la chapelle Sixtine, espérant que le prochain pontife «parle encore et toujours de la paix». À ses côtés, Forian agite un petit drapeau allemand. «C’est incroyable de vivre ce moment, je l’ai vu dans des films comme “Conclave“ mais là, je le vois de mes propres yeux», s’exclame-t-il, couvert par les sons des cloches de Saint-Pierre annonçant l’issue de l’élection.
L'attente fébrile
Sur la place, l’attente commence pour apercevoir le nouveau Pontife, dont on ne connaît pas encore le nom. Les pronostics circulent sur les lèvres, alors que la Garde suisse ainsi que la gendarmerie vaticane s’installent sur la place, en-dessous de la loge, de leur pas militaire. Pendant ce temps, toute la ville de Rome afflue vers Saint-Pierre, dans l'espoir d'obtenir les meilleures places. Des écrans sont disposés tout au long de la Via della conciliazione et rediffusent les images de l’attente.
La fébrilité des fidèles venus du monde entier se lit sur les visages, certains en prière, d’autre laissant exploser leur joie: tous heureux de vivre un moment historique pour le monde et pour l’Église. Fadri, jeune Suisse de 17 ans, arborant un drapeau du Vatican, laisse éclater sa joie. «Je suis tellement heureux et fier de pouvoir être là comme catholique, et encourager le nouveau Pape».
«Habemus Papam»
Soudain, le rideau de la loge centrale de la basilique vaticane s’ouvre, dans un fracas de cris de joie. Le cardinal Dominique Mamberti prononce alors la formule «Habemus Papam» et donne alors le nom du 267e Souverain pontife: le cardinal américain Robert Francis Prevost devient Léon XIV.
La joie assourdissante du peuple de Dieu réunie sur la place déborde alors de la place et franchit les bras des colonnades de Saint-Pierre, pour rejoindre les millions de téléspectateurs ou auditeurs suivant l’événement en direct à travers les plus de 5000 journalistes présents pour l’occasion. Le père Adolphe, missionnaire de la Consolata en étude à Rome s’extasie : «133 cardinaux ont participé au conclave mais l’Esprit-Saint en a choisi un seul, Léon XIV!».
Le nouveau Souverain pontife s’avance alors doucement sur la loge des bénédictions, vêtu de blanc et de la traditionnelle mosette rouge, et laisse couler quelques larmes. Ému, il salue alors la foule qui répond par une clameur immense. «La paix soit avec vous tous», commence le Pape avant de poursuivre son tout premier discours en tant que Souverain pontife.
«Cette parole de paix, on en a vraiment besoin»
Avant de donner l’indulgence plénière, Léon XIV récite un «Je vous salue Marie», uni aux cœurs de la centaine de milliers de personnes devant lui. «C’était la plus belle prière de ma vie, je m’en souviendrai pour toujours», s’enthousiasme Charlotte, alors que le Pape quitte le balcon, sous les cris de «Leonem, Leonem, Leonem».
Originaire de République démocratique du Congo, Barthélémy, se réjouit des mots du nouveau Pape sur la paix. «La paix est une chose fondamentale pour le monde, et notamment pour la RDC, qui subit des atrocités depuis une trentaine d’années. Ça nous soulage cette parole de paix, on en a vraiment besoin», souffle le vingtenaire.
«Le plus beau cadeau d'anniversaire de ma vie»
Une trentaine d’Américains, originaire de Los Angeles, chantent leur joie d’accueillir le premier Pape américain. «C’est bien d’avoir un nouveau Pape pour tous, pour nous unir tous, pour avoir de l’amour et de la paix, et pour nous aider à grandir dans la foi», estime Morena, d’origine philippine. «Recevoir la première bénédiction du Pape est le plus beau cadeau d'anniversaire de ma vie, je m’en souviendrai toujours», raconte Lucy, qui fêtait ce jeudi 8 mai ses 62 ans.
En sortant de la place, une famille de Lyon arbore un drapeau français, sur la poussette de la petite dernière. Chantal, la jeune maman, témoigne de sa grande émotion: «c’est dingue ce qu’on vit, on ne le connait pas mais c’est une joie de partager ce moment en famille, un lieu privilégié de transmission de la foi». Alors que les enfants courent autour de la poussette, son mari Jean-Baptiste résume les espérances de tous les fidèles sur la place: «On souhaite qu’il puisse répondre aux besoins de l’Église de tous les pays, qu’il nous guide sur notre chemin de foi, qu’il fasse rencontrer le Christ. C’est sa mission de nous guider, peu importe le pays».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici
