Le Pape à la Famille calasanctienne: travailler à la croissance intégrale de la personne
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Fondée en novembre 1949, la Famille calasanctienne réunit une dizaine de congrégations religieuses féminines et masculines qui s’inspirent du charisme éducatif de saint Joseph Calasanz. Prêtre d’origine espagnole, il fonda à Rome, au XVIè siècle, la congrégation des Clercs réguliers de la Mère de Dieu pour les écoles pies en faveur de l’éducation des jeunes issus des milieux modestes. Il a d'ailleurs été proclamé patron universel de toutes les écoles populaires chrétiennes du monde.
Dans son discours, le Pape François l’a décrit comme un prêtre «bon» et «courageux», qui n’a pas hésité de bouleverser les plans de sa vie prometteuse pour se laisser «impliquer dans les besoins de son prochain, là où le Seigneur les plaçait devant lui». L’importance qu’il accordait à l’éducation l’a emmené à définir la mission de l'«enseignant» comme celle d’un «ange gardien». De son «audace apostolique» est née aujourd’hui une grande œuvre éducative, actuellement étendue sur quatre continents.
La docilité courageuse à la Providence
Issue d’une famille aisée et probablement destiné à une bonne «carrière ecclésiastique», Joseph Calasanz arrive à Rome pour assurer «des charges d’un certain niveau». Au vu de la situation des jeunes, il a dû réorienter «les plans et les perspectives de sa vie pour se consacrer aux enfants des rues qu'il rencontrait dans la ville». C'est ainsi qu’ont vu le jour les Écoles pies. Ces œuvres, a constaté le Pape, ne proviennent donc pas d’un plan prédéfini et garanti, mais sont nées grâce au courage d'un bon prêtre qui a agi là où les besoins du prochain se faisaient sentir.
Partant de cette attitude du fondateur, François a encouragé la Famille calasanctienne à la même «docilité courageuse à la Providence», en maintenant, dans leurs choix, «la même ouverture et la même disponibilité, sans trop calculer, en surmontant les peurs et les hésitations, surtout face aux nombreuses nouvelles pauvretés de notre temps». Le Saint Père a également invité les calasanctiens à consacrer, au cours de leur rencontre à Rome, du temps pour décrire les nouvelles formes de pauvreté. Il les a aussi appelés à ne pas avoir peur, pour répondre aux besoins des pauvres, de s’aventurer sur des chemins différents de ceux empruntés dans le passé, «même au prix d'une révision des schémas et d'un redimensionnement des attentes». C'est dans un tel abandon confiant au Seigneur que se trouvent vos racines et c'est en y restant fidèles que vous maintiendrez votre charisme vivant, leur a dit François.
L'attention à la croissance intégrale de la personne
En abordant le deuxième aspect de son discours, «l'attention à la croissance intégrale de la personne», le Pape a fait remarquer qu’il s’agit d’un «talent charismatique» très important que Dieu a confié à la Famille calasanctienne, qui est à utiliser pour le bien de tous. La grande nouveauté des Écoles pies, a souligné François, était «d'enseigner aux jeunes pauvres, en même temps que les vérités de la foi, les matières de l'éducation générale, en intégrant la formation spirituelle et intellectuelle pour préparer des adultes mûrs et capables». Ce choix était prophétique pour l’époque, a souligné François, et il est pleinement valable aujourd'hui encore.
À ce sujet, le Saint Père est revenu sur «l’unité des trois intelligences», celles de l’esprit, du cœur et des mains. «Nous pouvons donc faire avec nos mains ce que nous sentons et pensons, sentir ce que nous pensons et faisons, penser ce que nous sentons et faisons pour penser ce que nous sentons et faisons, sentir ce que nous pensons et faisons et faire ce que nous sentons et pensons», a-t-il explicité. Aider les jeunes à réaliser ce type de synthèse, d'unité harmonique, est une urgence, pour qu’ils sachent faire l’unité d’eux-mêmes, et avec les autres, dans un monde qui pousse vers la fragmentation des sentiments et de cognition, et vers l’individualisme dans les relations, a déclaré le Pape. François estime ainsi qu’«il faut insister sur les relations "normales", en se regardant dans les yeux, et non sur les relations virtuelles par téléphone portable».
La charité est le style de Jésus et de l’Eglise
Le Saint Père a conclu son discours en soulignant un dernier aspect positif qui a réuni les membres de la Famille calasanctienne à Rome: «marcher ensemble». Le Pape s’est réjoui de voir comment ces hommes et femmes, consacrés et laïcs, à l'écoute de l'Esprit, ont ressenti le besoin de «faire famille», d'unir leurs efforts et de partager leurs expériences dans un réseau de charité, au service de leurs frères et sœurs. Ceci, a déclaré François, est le style de Jésus et aussi le style de l'Église. L’évêque de Rome a terminé en les remerciant pour leurs actions en faveur des autres, en les bénissant et en se recommandant à leurs prières.
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