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Après le passage du cyclone Mocha à Sittwe dans l'Etat Rakhine en Birmanie, le 17 mai dernier. Après le passage du cyclone Mocha à Sittwe dans l'Etat Rakhine en Birmanie, le 17 mai dernier.  (Copyright © Partners Relief & Development)

Appel du Pape pour les victimes du cyclone Mocha

Ce dimanche 28 mai, le Pape a exprimé sa solidarité avec les populations vivant à la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, après le passage dévastateur du cyclone, mi-mai. Le Pape souhaite que l'accès humanitaire soit facilité. Le Souverain pontife a également rappelé les conditions déjà très précaires dans lesquelles se trouvent de nombreux Rohingyas touchés par Mocha.

Marie Duhamel et Antonella Palermo - Cité du Vatican

À l'issue de la prière mariale Regina Cæli récitée devant une place Saint-Pierre bondée de pèlerins en ce dimanche de Pentecôte, le Pape a exprimé sa préoccupation pour les huit cent mille personnes durement touchées par le récent passage du cyclone Mocha.

François a invité à prier pour ces populations vivant à la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, mentionnant en particulier les nombreux Rohingyas «qui vivent déjà dans des conditions précaires». Et alors qu'il renouvelle sa proximité aux victimes du cyclone, le Pape ne manque pas de lancer un appel aux dirigeants afin qu'ils facilitent l'accès de l'aide humanitaire. «Je fais appel au sens de la solidarité humaine et ecclésiale pour venir en aide à ces frères et sœurs qui sont les nôtres».

Victimes et dévastation

Le cyclone Mocha a frappé les deux pays asiatiques le 14 mai dernier, laissant dans son sillage un cortège de destructions et de morts. Selon les autorités de Birmanie, les pluies torrentielles ont fait 148 victimes, la plupart appartenant à la minorité Rohingya vivant dans l'ouest de l'État de Rakhine en Birmanie. Mais selon d'autres sources, le bilan serait beaucoup plus lourd.

Au Bangladesh, environ un demi-million de personnes, dont des milliers de réfugiés rohingyas, ont tout perdu. Ici, cependant, «un système sophistiqué de gestion des catastrophes» a permis de sauver de nombreuses vies, mais les infrastructures et les habitations ont été lourdement endommagées, a déclaré Gwyn Lewis, coordinateur résident des Nations unies à Dacca.

Dans le camp de réfugiés de Khaung Dote Khar, le 15 mai dernier.
Dans le camp de réfugiés de Khaung Dote Khar, le 15 mai dernier.

Appel de l'ONU à la junte du Myanmar

Les Nations unies ont lancé un appel d'urgence de 333 millions de dollars (309 millions d'euros) pour les 1,6 million de personnes qui auraient été touchées par la catastrophe. 

«Il s’agit d’une catastrophe humanitaire dans l’une des régions les plus pauvres du pays, où les besoins préexistants sont importants, et nous avons besoin que les donateurs s’investissent pour soutenir des distributions à grande échelle aux plus vulnérables avant les pluies , a déclaré Ramanathan Balakrishnan, coordinateur résident et humanitaire par intérim de l’ONU pour la Birmanie. L'argent ciblera les personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire ou de malnutrition, les personnes déplacées vivant dans des camps, les apatrides, les femmes, les enfants et les personnes handicapées, précise l'ONU.

«Il s'agit d'une course contre la montre pour fournir aux gens des abris sûrs et pour empêcher la propagation des maladies transmises par l'eau», précise Ramanathan Balakrishnan. Or, selon un travailleur humanitaire de haut niveau qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat à l'agence Reuters, les fournitures sont bloquées dans des entrepôts à Rangoun,  la capitale, en attente de dédouanement, plus d'une semaine après la catastrophe.

Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Turk, a appelé la junte militaire birmanie engagée dans une lutte armée avec leurs détracteurs notamment dans l'État Rakhine, à garantir l'entrée de l'aide humanitaire, de la nourriture, des médicaments et d'autres produits de première nécessité pour les habitants des régions complètement dévastées par le cyclone. 

Le prix élevé payé par les Rohingyas

«Les dommages et les pertes en vies humaines étaient prévisibles et évitables, et sont clairement liés au déni systématique des droits de l'homme», a déclaré Volker Turk. Il déplore également que «depuis des décennies, les autorités de Birmanie privent les Rohingyas de leurs droits et libertés et attaquent sans relâche d'autres groupes ethniques, érodant leur capacité à survivre».

En Birmanie, l'État de Rakhine abrite des centaines de milliers de Rohingyas, dont beaucoup vivent dans des camps de réfugiés après des décennies de conflit ethnique. «Les communautés déplacées survivent dans des structures temporaires en bambou, certaines depuis 2012, tandis que l'armée refuse de façon répétée les demandes des agences humanitaires de créer des conditions de vie plus durables dans des zones moins sujettes aux inondations», explique le commissaire onusien.

Les toits de Sittwe dans l'État Rakhine, le 17 mai.
Les toits de Sittwe dans l'État Rakhine, le 17 mai.

 

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28 mai 2023, 13:07