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Audience générale: les personnes âgées, rempart contre l’acédie

Poursuivant son cycle de catéchèses dédié à la vieillesse, le Pape François s'est cette fois-ci appuyé sur l'Ecclésiaste, lors de l'audience générale du mercredi 25 mai, place saint-Pierre. L'évêque de Rome a livré quelques pistes pour combattre la paralysie de l'âme, cette sorte d'intuition négative mêlée d'indifférence qui plombe l'espérance. Le Pape compte sur les plus anciens pour l'affronter.

Delphine Allaire - Cité du Vatican

Dans une nouvelle réflexion sur la vieillesse, le Pape a abordé cette fois-ci le livre de Qohèleth, à savoir l’Ecclésiaste. À première lecture, ce court ouvrage de l’Ancien Testament «frappe et laisse perplexe» par son célèbre refrain: «Tout est vanité», tout est «brouillard», «fumée», «vide».

La conclusion du Livre indique la voie pour sortir de l'épreuve, a relevé le Pape: «Crains Dieu et observe ses commandements. Tout est là pour l’homme.» (12,13).

L'indifférence, faux remède aux désillusions

Face à une réalité qui, à certains moments, nous semble accueillir tous les contraires, la voie de l'indifférence peut nous apparaître comme le seul remède à une douloureuse désillusion, reconnaît l’évêque de Rome. Surgissent en chacun des questions: «Nos efforts ont-ils changé le monde? Quelqu'un est-il capable de faire valoir la différence entre le juste et l'injuste?»

 

Les personnes âgées doivent résister

Une sorte d'intuition négative qui peut surgir à n'importe quelle saison de la vie, mais il ne fait aucun doute que la vieillesse rend quasiment inévitable le rendez-vous avec le désenchantement, a résumé le Saint-Père, estimant donc que «la résistance de la vieillesse aux effets démoralisants de ce désenchantement est décisive».

En effet, si les personnes âgées gardent intacte leur passion pour la justice, alors il y a de l'espérance pour l'amour, et aussi pour la foi, a assuré le Souverain pontife. Et le Pape de regretter la culture qui aujourd’hui prétend «tout mesurer», «tout manipuler», pour finalement produire «une démoralisation collective du sens, de l'amour, du bien».

L'acédie, maladie de l'âme

Pour notre culture moderne, qui voudrait remettre pratiquement tout à la connaissance exacte des choses, l'apparition de cette nouvelle raison cynique est un très dur retour de bâton, a-t-il mis en garde. «En effet, le savoir qui nous dispense de la moralité semble d'abord une source de liberté, d'énergie, mais se transforme bien vite en une paralysie de l'âme». Une paralysie, «une tentation fatale d'une omnipotence du savoir», un «délire d'omniscience», que les moines de la plus antique tradition chrétienne avaient précisément identifié comme «l’acédie». Cette maladie de l'âme, qui découvre soudain la vanité du savoir sans foi et sans morale, l'illusion de la vérité sans justice. «Ce n'est pas simplement de la paresse. Il ne s'agit pas simplement d'une dépression. Il s'agit plutôt de la capitulation devant la connaissance du monde sans passion pour la justice et l'engagement conséquent», a expliqué le Successeur de Pierre.

“Le savoir qui nous dispense de la moralité se transforme vite en une paralysie de l'âme”

«Une société de la fatigue»

Un vide de sens qui ouvre la porte à l'agressivité des forces du mal, a-t-il dénoncé, visant des forces de la raison devenue folle, rendue cynique par un excès d'idéologie. En fait, avec tous nos progrès et notre prospérité, nous sommes vraiment devenus une «société de la fatigue», a pointé le Saint-Père.

«Nous étions censés produire un bien-être généralisé et nous tolérons un marché de la santé scientifiquement sélectif. Nous étions censés mettre une limite insurmontable à la paix, et nous voyons de plus en plus de guerres impitoyables contre des personnes sans défense. La science progresse, bien sûr, et c'est une bonne chose. Mais la sagesse de la vie est tout autre chose, et elle semble en perte de vitesse.»

Or, a conclu le Pape, la vieillesse peut apprendre de la sagesse ironique de Qohèleth «l'art de mettre en lumière la tromperie cachée dans le délire d'une vérité de l'esprit dénuée d'affection pour la justice».

Le Pape François bénissant Rina Meucci, centenaire depuis octobre 2021, lors de l'audience générale du 25 mai 2022.
Le Pape François bénissant Rina Meucci, centenaire depuis octobre 2021, lors de l'audience générale du 25 mai 2022.
Revoir en intégralité l'audience générale du 25 mai 2022

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25 mai 2022, 09:36