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Le Pape François reçoit en audience les recteurs de l'université italienne de Latium, le 17 mai 2022. Le Pape François reçoit en audience les recteurs de l'université italienne de Latium, le 17 mai 2022.  

François invite les universités à repenser la formation académique

Le Pape François a rencontré en audience les recteurs des universités publiques de Rome et de la région du Latium. Il les a invités à fonder leur enseignement sur un héritage plus large que celui des Lumières, loin de toute idéologie, et porteur de paix auprès des étudiants.

Tiziana Campisi - Cité du Vatican

Le Pape François a rencontré en audience, le 17 mai au matin, les recteurs de treize universités publiques, étatiques et non étatiques, de Rome et du Latium. Il a à l’occasion approfondi l’un des thèmes clés de son magistère, la croissance et l’instruction des jeunes traversant la dernière phase des études, la phase académique.

Sens critique, saine confrontation, dialogue. Voilà les trois piliers d'une véritable formation humaine intégrale, a indiqué le Saint-Père, qui ne peuvent se développer sans un quatrième, la «liberté». Un des écueils de la formation académique est de reproposer des schémas dépassés, «l’héritage universitaire des Lumières», qui en pratique «remplit d’idées la tête» des jeunes. Ces schémas, indique François, n’éduquent ni le cœur et ni les mains des étudiants, et n’en font pas des individus complets, capables de contribuer librement à la société, loin d’idéologies qui ôtent la «vision universelle» du monde. 

«La crise est bonne car elle nous fait grandir»

Pour François, une tâche de la plus haute importance attend aujourd'hui les universités, en ce moment historique particulier - entre pandémie, guerre mondiale, questions environnementales globales et croissance des inégalités. Cette période demande de la part du corps enseignant un grand investissement éducatif.


«Nous devons dire la vérité : nous sommes en crise. Et la crise n’est pas une mauvaise chose : la crise est bonne, parce que la crise nous fait grandir, nous fait faire des options pour grandir.» Le danger intervient lorsque la crise se transforme en conflit, a alerté le Souverain pontife : «Le conflit est fermé et détruit. Mais nous devons apprendre à vivre en crise, comme maintenant, et à faire avancer les jeunes (...) C’est l’une des plus belles choses que l’on puisse faire : comment vivre la crise et la surmonter afin qu’elle ne se transforme pas en conflit.»

Le Pacte mondial sur l’éducation et la fraternité humaine

Le Pape François est ensuite revenu sur le Pacte mondial sur l’éducation, un projet de travail commun à l’échelle mondiale, qui implique de nombreux interlocuteurs, des grandes religions aux institutions internationales, en passant par les institutions éducatives. Ce document, signé à Abu Dhabi le 4 février 2019, affirme que «nous avons à cœur une formation intégrale qui se résume à se connaître soi-même, son frère, la création et le Transcendant», exprime le Saint-Père. Ce type de formation, affirme François, aide les filles et les garçons à s’ouvrir à l’horizon de la paix, avec «une formation universitaire humaine et universelle», que lui-même n’a pas toujours connue et rencontrée.

«Très souvent, certaines universités - je pense à certaines que j’ai connues - continuent avec l’héritage universitaire des Lumières, c’est-à-dire remplir d’idées la tête (…) et cela n’aide pas. Nous devons éduquer dans le langage de la tête, du cœur et des mains et c’est ainsi que l’on grandit dans la société.»

Un nouveau modèle de formation

Les personnes athées peuvent aujourd’hui contribuer à faire émerger un nouveau modèle de formation «en faisant converger les meilleures énergies intellectuelles et morales», a poursuivi François, observant qu’aujourd’hui «les étudiants ne se contentent pas de la médiocrité», ou «d’une formation professionnelle sans horizon». Le Pape invite ainsi les recteurs des universités à se mettre à l'écoute des étudiants «dans une atmosphère de dialogue». Ils les exhortent à s’investir pour «un développement humain de la recherche, pour former des jeunes capables d’apporter quelque chose de nouveau dans le monde du travail et dans la société», et en veillant «à ce que tous ceux qui le méritent et n’en ont pas les moyens puissent exercer pleinement leur droit à l’étude et à la formation».

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17 mai 2022, 09:46