JMJ de Rio (2013) JMJ de Rio (2013) 

Le Pape aux jeunes: pour se relever, le monde a besoin de vous

Publication ce lundi 27 septembre 2021 du message du Pape pour la 36e Journée mondiale de la Jeunesse qui se tiendra au niveau diocésain le 21 novembre prochain, en la solennité du Christ-Roi. À des jeunes éprouvés par la crise sanitaire mondiale et ses nombreux corollaires, le Pape lance une pressante invitation : celle de se lever avec force et passion pour témoigner du Christ.

Dans un long préambule, le Pape souligne combien la crise sanitaire a plongé beaucoup de jeunes dans des difficultés inédites, tout en exacerbant d’autres fléaux déjà présents, tel le chômage, la violence ou les dépendances. Cette épreuve vécue collectivement a cependant «fait ressortir nos vertus, parmi lesquelles la prédisposition à la solidarité», au travers d’initiatives portées, entre autres, par des jeunes.

«Quand un jeune tombe, c’est, en un certain sens, l’humanité qui tombe. Mais il est aussi vrai que quand un jeune se relève, c’est comme si le monde entier se relevait. Chers jeunes, quel grand potentiel se trouve entre vos mains ! Quelle force vous portez dans vos cœurs !», poursuit François qui exhorte les destinataires de son message à prendre leur part dans cette nouvelle étape de l’histoire de l’humanité. «Il n’est pas possible de recommencer sans vous, chers jeunes. Pour se relever, le monde a besoin de votre force, de votre enthousiasme, de votre passion», leur écrit-il, avant de proposer une ample réflexion sur le thème de la 36e JMJ diocésaine, prochaine étape spirituelle vers le rendez-vous de 2023 à Lisbonne, reporté en raison de la pandémie de Covid.

"Qui es-tu Seigneur?"

«Lève-toi : car je t’établis témoin des choses que tu as vues !» (cf. Ac 26,16) : ce verset des Actes des apôtres est tiré du témoignage de Paul devant le roi Agrippa, alors qu’il se trouve en prison. L’apôtre des Gentils, autrefois persécuteur des chrétiens, lui raconte sa conversion sur le chemin de Damas et sa rencontre fulgurante avec le Christ. Jésus, qui l’appelle alors par son nom («Saul, Saul»), lui montre «qu’il le connait de l’intérieur» et qu'il veut lui montrer sa miséricorde. Devant cette manifestation divine, Paul pose une question fondamentale, que «dans la vie, tôt ou tard, nous devons tous nous poser»: «Qui es-tu Seigneur ?»

“«Il ne suffit pas d’avoir entendu parler du Christ par d’autres, il est nécessaire de parler personnellement avec lui. Au fond, c’est cela prier. C’est parler directement à Jésus, même si peut-être nous avons le cœur encore en désordre, l’esprit plein de doutes ou même de mépris envers le Christ et les chrétiens. Je souhaite que chaque jeune, du fond de son cœur, parvienne à poser cette question : “Qui es-tu, Seigneur ?”.»”

À cette interrogation, le Christ répond immédiatement : «Je suis Jésus, que tu persécutes». «Le Seigneur Jésus révèle à Saul un grand mystère : le fait qu’il s’identifie avec l’Église, avec les chrétiens», analyse le Pape. En réalité, Paul avait déjà rencontré le Seigneur à travers ceux qu’il pourchassait et condamnait, mais sans le savoir. «Combien de fois avons-nous entendu dire : “Jésus oui, l’Église non”, comme s’ils pouvaient être interchangeables. On ne peut pas connaître Jésus sans connaître l’Église. On ne peut connaître Jésus qu’à travers les frères et sœurs de sa communauté. On ne peut pas se dire pleinement chrétiens si l’on ne vit pas la dimension ecclésiale de la foi.»

Personne n'est irrécupérable

Jésus parle à Paul comme s’il essayait depuis longtemps de l’atteindre. Il le choisit malgré son hostilité, car à ses yeux, personne n’est irrécupérable ; la rencontre avec lui offre un nouveau départ. «Aucun jeune n’est hors de portée de la grâce et de la miséricorde de Dieu. À personne, on ne peut dire : il est trop loin... c’est trop tard... Combien de jeunes bien qu’ayant la passion de s’opposer et d’aller à contre-courant, portent cependant caché dans leur cœur le besoin de s’engager, d’aimer de toutes leurs forces, de s’identifier à une mission ! Jésus, dans le jeune Saul, voit exactement cela.»

Avant cette révélation, Paul devait sans doute se sentir «plein de lui-même», supérieur aux autres en raison de son intégrité morale et de sa position. Or, la rencontre avec le Christ le terrasse et bouleverse ses certitudes, note encore le Pape. Le pharisien se découvre alors «perdu, fragile et petit» et finalement loin de la vérité qu'il prétendait détenir. «Cette humilité – conscience de ses propres limites – est fondamentale ! Celui qui pense tout savoir de lui-même, des autres et même des vérités religieuses, aura de la peine à rencontrer le Christ. Saul, devenu aveugle, a perdu ses repères. Seul, dans le noir, les seules choses claires pour lui sont la lumière qu’il a vue et la voix qu’il a entendue. Quel paradoxe : c’est précisément quand on reconnaît qu’on est aveugle, qu’on commence à voir», poursuit-il.

Changement de perspective

Alors que, de nos jours, des histoires artificielles nous assaillent sur les réseaux sociaux, que de nombreux jeunes s’échinent à rechercher les lumières factices de la scène, le Christ «vient nous éclairer et nous rendre notre authenticité, en nous libérant de tout masque. Il nous montre nettement ce que nous sommes, parce qu’il nous aime tels que nous sommes.»

La conversion de Paul n’est pas un retour en arrière, précise le Saint-Père, mais elle induit un changement de perspective et lui fait voir la réalité avec un regard neuf. Sa personnalité est inchangée, son zèle et son ardeur sont réorientés. Ainsi doit-il en être pour les jeunes :

“«Que de force et de passion vivent aussi dans vos cœurs, chers jeunes ! Mais si l’obscurité autour de vous et en vous vous empêche de voir correctement, vous risquez de vous perdre dans des combats qui n’ont pas de sens, jusqu’à devenir violents. Et malheureusement vous en serez vous-mêmes les premières victimes, ainsi que ceux qui vous sont proches. Il y a aussi le danger de lutter pour des causes qui, à l’origine, défendent des valeurs justes, mais qui, portées à l’exaspération, deviennent des idéologies destructrices. Combien de jeunes aujourd’hui, peut-être poussés par leurs convictions politiques ou religieuses, finissent par devenir des instruments de violence et de destruction dans la vie de beaucoup ! Certains, nés dans l’ère du numérique, trouvent dans l’environnement virtuel et sur les réseaux sociaux le nouveau champ de bataille, faisant recours sans scrupule à l’arme des fake news pour répandre des poisons et démolir leurs adversaires.»”

Dieu n'a pas craint de placer sa confiance en celui qui traquait ses disciples avec acharnement ; de fait «la logique divine peut faire du pire persécuteur un grand témoin», en l’occurrence, l’apôtre des nations.

"Lève-toi !"

Aujourd’hui, le Christ adresse aux jeunes la même invitation qu’il fit à Paul sur le chemin de Damas :

« Lève-toi et témoigne de ton expérience d’aveugle qui a rencontré la lumière, qui a vu le bien et la beauté de Dieu en lui-même, dans les autres et dans la communion de l’Eglise qui l’emporte sur toute solitude.

Lève-toi et témoigne de l’amour et du respect qu’il est possible d’instaurer dans les relations humaines, dans la vie familiale, dans le dialogue entre parents et enfants, entre jeunes et personnes âgées.

Lève-toi et défends la justice sociale, la vérité et la rectitude, les droits humains, les persécutés, les pauvres et les vulnérables, les sans-voix dans la société, les immigrés.

Lève-toi et témoigne du nouveau regard qui te fait voir la création avec des yeux pleins d’émerveillement, qui te fait reconnaître la Terre comme notre maison commune et qui te donne le courage de défendre l’écologie intégrale.

Lève-toi et témoigne que les existences qui ont échoué peuvent être reconstruites, que les personnes déjà mortes en esprit peuvent ressusciter, que les personnes esclaves peuvent redevenir libres, que les cœurs oppressés par la tristesse peuvent retrouver l’espérance.

Lève-toi et témoigne avec joie que le Christ vit ! Répands son message d’amour et de salut parmi ceux de ton âge, à l’école, à l’université, au travail, dans le monde numérique, partout. »

Et le Souverain Pontife de conclure en invitant les jeunes à participer nombreux à la JMJ diocésaine du 21 novembre prochain, dans leurs Églises particulières, en attendant le rendez-vous lisboète de 2023. «J’espère que nous pourrons tous vivre ces étapes comme de vrais pèlerins et non comme des “touristes de la foi” !»

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27 septembre 2021, 13:01