Visite du Pape François à Mossoul, le 7 mars 2021 Visite du Pape François à Mossoul, le 7 mars 2021 

Le Pape, semeur d’espérance en Irak

Le Pape, en se rendant en Irak, s’est fait messager de fraternité. François a réalisé le rêve de Jean-Paul II en foulant cette terre assoiffée de paix, où le rétablissement de la confiance entre les différentes communautés représente un défi majeur.

Hélène Destombes - Cité du Vatican

C’est un voyage qui semblait impossible que le Pape François vient de réaliser en Irak. Un pèlerinage, de trois jours, dans les pas d’Abraham, le père des croyants, qu’il a dit ressentir comme «un devoir envers une terre martyrisée depuis tant d'années»

L’évêque de Rome a étreint des populations - chrétiens, musulmans chiites et sunnites, juifs, yézidis et sabéens - qui portent encore les stigmates des guerres et des exactions de Daesh de 2014 à 2017. À ce peuple meurtri, dans sa chair et dans son âme, le Saint-Père est venu dire «Vous êtes tous frères», le thème de ce 33ème voyage apostolique.

Des paroles de réconfort pour les chrétiens qui ont vécu l’horreur

Aux chrétiens, persécutés, marginalisés, qui ne représentent plus qu’un petit troupeau de quelque 350 000 personnes contre 1,4 million en 2003, le Pape a adressé des paroles d’encouragement. «Vous n’êtes pas seuls (…) ne cessez jamais de rêver», leur a-t-il dit, depuis la ville chrétienne de Qaraqosh, dans la plaine de Ninive, soulignant que «même au milieu des dévastations, du terrorisme et de la guerre, nous pouvons voir, avec les yeux de la foi, le triomphe de la vie sur la mort».

Dans le stade d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, lors de la messe devant 10 000 personnes dans un climat de joie et de grande ferveur, le Saint-Père a rappelé que Jésus libère de la tentation de la vengeance et il a invité à «ne jamais désespérer dans la quête de l’amour de Dieu».

Une prière pour la paix s’est élevée depuis Mossoul

À Najaf, au deuxième jour de son voyage, lors d’une rencontre inédite et hautement symbolique avec le grand Grand Ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité musulmane chiite d’Irak, le Pape a rappelé «l’importance de la collaboration et de l’amitié entre les communautés religieuses». Au cœur des plaines d’Abraham, à Ur, durant une rencontre interreligieuse, il a exhorté tous les croyants a élevé le regard vers le ciel pour témoigner de la bonté de Dieu, condamnant fermement le terrorisme et la violence qu’il a qualifié de «trahisons de la religion».

Au milieu des ruines de Mossoul, ville martyre qui a vu en une seule nuit la fuite de dizaines de milliers de chrétiens face à l’arrivée de Daesh, le Saint-Père a prié pour les victimes de la guerre et qualifié la diminution tragique des disciples du Christ de «dommage incalculable». Il a réaffirmé la conviction que «la fraternité est plus forte que le fratricide, que l’espérance est plus forte que la mort, que la paix est plus forte que la guerre», pointant ceux qui pervertissent le nom de Dieu en parcourant des chemins de destruction.

Rétablir la confiance et reconstruire un pays dévasté

«Que se taisent les armes! Que cessent les intérêts partisans, ces intérêts extérieurs qui se désintéressent de la population locale. Que l’on donne la parole aux bâtisseurs, aux artisans de paix», a clamé François, dès son arrivée en Irak, devant les autorités irakiennes et les membres de la société civile. 

Tel un Père, venu en frère, le Pape, pratiquant la politique de la main tendue - sa signature - a foulé une terre où le sang a tant coulé mais qui est aussi irriguée par le message chrétien, un message d’espérance que le successeur de Pierre, habité par la nécessité de ce voyage, a souhaité transmettre à l’Irak et, plus largement, à tous les pays de la région.

Un voyage qui a illuminé les cœurs

Pour accueillir le Saint-Père, les Irakiens avaient revêtu des habits aux multiples couleurs, à l’image de leur diversité ethnique et religieuse. On a vu des sourires sur les visages, de la lumière dans des yeux qui ont connu la guerre et la misère. Les chants et les youyous des femmes, à qui le Pape a rendu hommage ce dimanche, ont accompagné chaque étape de cette visite.

Le temps d’un voyage, une fenêtre s’est ouverte sur ce que l’Irak pourrait être: un pays rayonnant, pacifié, libéré du sectarisme et de la corruption, où les droits de chaque citoyen sont respectés, où les différentes communautés religieuses incarnent la fraternité. Un pays où les routes, les bâtiments, les églises mais surtout les cœurs sont reconstruits. Est-ce un rêve? Peut-être, tout comme l’était pour Jean-Paul II ce voyage que François vient de réaliser.


 

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08 mars 2021, 11:18