Le Pape invite les personnes consacrées à s'en remettre à la patience de Dieu

Le Pape François a célébré ce mardi soir, devant une assemblée restreinte réunie à l'autel de la Chaire en la basilique Saint-Pierre, la messe de la fête de la présentation du Seigneur. Dans l'homélie de cette liturgie qui marque aussi la fête de la Vie consacrée, le Pape est revenu sur la figure du vieillard Syméon, qui, avant de reconnaître Jésus comme le Fils de Dieu, avait «attendu patiemment l’accomplissement des promesses du Seigneur».

Vatican News

«Toute sa vie, Syméon a attendu et a exercé la patience du cœur», a expliqué le Pape François dans son homélie. «Dans la prière il a appris que Dieu ne vient pas dans des évènements extraordinaires, mais accomplit son œuvre dans la monotonie apparente de nos journées, dans le rythme parfois fatigant des activités, dans les petites choses que nous continuons de faire avec ténacité et humilité en cherchant à accomplir sa volonté», a expliqué l’évêque de Rome.

«Cheminant avec patience, Syméon ne s’est pas laissé user par l’écoulement du temps. C’est un homme maintenant âgé, et pourtant la flamme de son cœur est encore allumée ; dans sa longue vie il aura parfois été blessé et déçu, et pourtant il n’a pas perdu l’espérance ; avec patience, il conserve la promesse, sans se laisser envahir par l’amertume du temps passé ou par cette mélancolie résignée qui émerge lorsqu’on arrive au crépuscule de la vie», a souligné François, lui-même âgé de 84 ans, et qui rappelle souvent que les limites liées à la vieillesse peuvent aussi ouvrir des espaces de disponibilité pour se laisser guider par le Seigneur.

Trouver la patience dans tous les aspects de la vie relationnelle

«La patience de Syméon est donc un miroir de la patience de Dieu», a insisté le Pape. En réponse à cette patience de Dieu, les personnes consacrées doivent donc faire preuve de patience dans leur vie personnelle, dans la vie communautaire et dans la relation au monde extérieur.

«Un jour nous avons répondu à l’appel du Seigneur et, avec élan et générosité, nous nous sommes offerts à lui. Au long du chemin, avec les consolations, nous avons aussi reçu des déceptions et des frustrations. Parfois, le résultat souhaité ne correspond pas à l’enthousiasme de notre travail, nos semailles ne semblent pas produire les fruits attendus, la ferveur de la prière faiblit et nous ne sommes plus immunisés contre l’aridité spirituelle», a reconnu le Pape François en revenant sur les frustrations de la vie personnelle des personnes engagées dans la vie consacrée. Mais il est possible de surmonter ces écueils en se mettant au rythme de la patience de Dieu.

Dans la vie communautaire, «les relations humaines, spécialement quand il s’agit de partager un projet de vie et une activité apostolique, ne sont pas toujours pacifiques. Parfois naissent des conflits et on ne peut pas exiger une solution immédiate, on ne doit pas non plus juger hâtivement la personne ou la situation : il faut savoir prendre les bonnes distances, chercher à ne pas perdre la paix, attendre un temps meilleur pour s’expliquer dans la charité et dans la vérité», a expliqué le Pape jésuite. «Rappelons-nous cela : le Seigneur ne nous appelle pas à être solistes, mais à faire partie d’un chœur, qui parfois détonne, mais doit toujours essayer de chanter ensemble.»

Ne pas se fossiliser dans un découragement stérile

Enfin, troisième “lieu”, «la patience vis-à-vis du monde ». «Syméon et Anne cultivent dans leur cœur l’espérance annoncée par les prophètes, même si elle tarde à se réaliser et grandit lentement à l’intérieur des infidélités et des ruines du monde. Ils ne commencent pas à gémir pour les choses qui ne vont pas, mais avec patience ils attendent la lumière dans l’obscurité de l’histoire. Nous avons besoin de cette patience, pour ne pas rester prisonniers de la lamentation : “le monde ne nous écoute plus”, “nous n’avons plus de vocations”, “nous vivons des temps difficiles”… Parfois il arrive qu’à la patience avec laquelle Dieu travaille le terrain de l’histoire et de notre cœur, nous opposions l’impatience de celui qui juge tout, tout de suite. Et ainsi nous perdons l’espérance.» Beaucoup de consacrés perdent l'espérance par manque de patience, a regretté le Pape, fustigeant ceux qui semblent avoir des «doctorats en lamentations».

«La patience nous aide à nous regarder nous-mêmes, nos communautés et le monde avec miséricorde. Nous pouvons nous demander : accueillons-nous la patience de l’Esprit dans notre vie ? Dans nos communautés nous portons-nous les uns les autres sur les épaules et montrons-nous la joie de la vie fraternelle ? Et envers le monde, poursuivons-nous notre service avec patience ou jugeons-nous avec dureté ? Ce sont des défis pour notre vie consacrée : nous ne pouvons pas rester immobiles dans la nostalgie du passé ou nous limiter à répéter les choses de toujours. Nous avons besoin de la patience courageuse de marcher, d’explorer de nouvelles routes, de chercher ce que l’Esprit Saint nous suggère», a enfin martelé le Pape François.

«Contemplons la patience de Dieu et implorons la patience confiante de Syméon et aussi d'Anne, pour que nos yeux puissent aussi voir la lumière du salut et l'apporter au monde entier, comme ces deux petits vieux l'ont portée dans la louange», a conclu François avec tendresse.

Reprenant la parole spontanément à la fin de la messe, après le discours de remerciement du cardinal Braz de Aviz, le Pape François a une nouvelle fois appelé les consacrés à éviter les médisances et à entretenir leur sens de l'humour. «Merci à vous pour ce que vous faites, merci pour votre témoignage. Merci pour vos difficultés, pour la façon dont vous les portex, et pour tellement de douleur devant les vocations qui ne viennent pas. En avant, courage: le Seigneur est plus grand, le Seigneur nous aime bien. Allons à la suite du Seigneur!», a déclaré le Pape.

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02 février 2021, 18:51