Le Pape lors de sa rencontre avec le Bureau de la catéchèse de la Conférence épiscopale italienne. Le Pape lors de sa rencontre avec le Bureau de la catéchèse de la Conférence épiscopale italienne. 

Pape: les catéchistes appelés à la créativité et à la compassion

Ce samedi matin au Vatican, le Pape a reçu en salle Clémentine les 65 membres du Bureau de la catéchèse de la Conférence épiscopale italienne, qui fête cette année son 60e anniversaire. François a salué le travail généreux des catéchistes, ces «messagers de l’Évangile» qui permettent la rencontre avec Dieu. Il les a invités à toujours se mettre à l’écoute «du cœur de l’homme», «toujours attentifs à se renouveler», en ayant à l’esprit la nécessité de faire famille, en communauté, en ces temps de pandémie.

Marie Duhamel - Cité du Vatican

La catéchèse, c’est «l’écho» de la Parole de Dieu, «l’onde longue» qui transmet dans la vie la joie de l’Évangile. «Grâce à la narration de la catéchèse, les Saintes Écritures deviennent ‘l’atmosphère’ dont on se sent partie prenante dans une même histoire de salut, en rencontrant les premiers témoins de la foi» affirme le Pape. Elle prend par la main celui qui l’écoute, le met en chemin, chacun à son rythme, car «la vie chrétienne n’aplanie pas, ni n’homologue, elle valorise l’unicité de chaque enfant de Dieu». La catéchèse est un parcours mystagogique qui avance en dialogue constant avec la liturgie.

Les catéchistes, des messagers de l’Évangile

Parce qu’elle est «l’espace privilégié pour favoriser une rencontre personnelle avec Dieu», la catéchèse est faite de relations personnelles. «Il n’y a pas de catéchèse sans témoignages d’hommes et de femmes en chair et en os», dit le Pape qui les décrit comme des «messagers de l’Évangile», le plus souvent des laïcs «généreux» qui partagent la beauté d’avoir rencontré Jésus, qui sont humblement au service de l’annonce de l’Évangile. Ils ne sont pas là pour se faire voir ou parler d’eux mais pour parler de Dieu, de son amour et de sa fidélité, explique le Pape.

François les encourage à se montrer proches, ouverts au dialogue, patients, accueillant chaleureusement sans condamner. Il souligne quelques caractéristiques nécessaires à l’annonce: «exprimer l'amour salvateur de Dieu avant l'obligation morale et religieuse ; ne pas imposer la vérité mais faire appel à la liberté ; posséder une certaine note de joie, de stimulation, de vitalité, et une complétude harmonieuse qui ne réduit pas la prédication à quelques doctrines parfois plus philosophiques qu'évangéliques».

Regarder vers le futur

Une des tâches importantes de la catéchèse, souligne le Saint-Père, elle doit constamment se renouveler, «comprendre les problèmes qui émergent du cœur de l’homme pour les reconduire à la source cachée : le don de l’amour et qui sauve» expliquait jadis Paul VI. 

François insiste sur la fidélité au Concile Vatican II, qui est le «magistère de l'Église». «Ou tu es avec l'Église et donc tu suis le Concile, ou tu l'interprètes à ta façon, à ta guise, et tu n'es plus avec l'Église. Nous devons être sévère et exigeants sur ce point. Le Concile ne peut pas être négocié», martèle le Pape, évoquant le schisme des "vieux-catholiques" qui prétendaient continuer la «vraie doctrine» après le Concile Vatican I, en 1870. «Aujourd'hui ils ordonnent des femmes», remarque le Pape avec ironie. «L'attitude la plus sévère pour cultiver la foi sans la magistère de l'Église te mène à la ruine. S'il vous plait, aucune concession à ceux qui cherchent à présenter une catèchèse qui ne soit pas en concordance avec le magistère de l'Église», exhorte-t-il.

Inspirée donc du Concile Vatican II qui est «non négociable», la catéchèse doit être à l’écoute, «l’oreille tendue», «prête et capable d’accueillir les signes et la sensibilité des temps» pour inspirer toutes les pastorales, des œuvres de charité à la famille, de la liturgie à l’économie… Elle devient alors «une aventure extraordinaire» estime François, comme «à l’avant-garde de l’Église». Le Pape exhorte les catéchistes à ne pas avoir peur de parler la langue des hommes d’aujourd’hui, à écouter leurs demandes et fragilité, d’élaborer des instruments nouveaux qui permettent de transmettre aujourd’hui la richesse du kérygme. François réaffirme ici l’importance de la transmission de la foi «en dialecte, la langue qui vient du cœur, la plus familière, la plus proche de chacun». Sans dialecte, il n’y a pas selon lui de véritable transmission de la foi.

Repenser le sens de la communauté

Enfin parce que cette année a été marquée par «l’isolement et le sens de la solitude» à cause de la pandémie, parce que le virus a «creusé dans le tissu vivant de nos territoires, surtout existentiel en alimentant nos peurs, nos soupçons, nos méfiances et nos incertitudes», parce qu’il a «remis en question les pratiques et les habitudes établies», l’Église est appelée à repenser la manière dont elle est en communauté.

«Nous avons compris, en effet, que nous ne pouvons pas faire cavalier seul et que la seule façon de mieux sortir des crises est d'en sortir ensemble, en réintégrant avec plus de conviction la communauté dans laquelle nous vivons. Parce que la communauté n'est pas une agglomération d'individus, mais la famille dans laquelle nous nous intégrons, le lieu où nous prenons soin les uns des autres, les jeunes des personnes âgées et les personnes âgées des jeunes, nous d'aujourd'hui de ceux qui viendront demain» insiste François qui plaide pour une redécouverte du sens de la communauté, pour que chacun puisse retrouver pleinement sa propre dignité.

Défendre la dignité de tous et transmettre la fraternité

Dans ce contexte, c’est le rôle des catéchistes de placer cette dimension communautaire au centre. «L'heure n'est pas aux stratégies élitistes», il faut au contraire être «des artisans de communautés ouvertes qui savent valoriser les talents de chacun», des «communautés missionnaires, libres et désintéressées, qui ne cherchent pas l'importance et l'avantage, mais marchent sur les chemins des gens de notre temps, en se penchant sur ceux qui sont en marge». Le Pape invite à se tourner vers les jeunes «déçus», les étrangers, les découragés, à se rapprocher des «blessés de la vie» et à dialoguer avec ceux qui ont des idées différentes.

Il répète son souhait d’une «Église heureuse avec le visage d'une mère, qui comprend, accompagne, caresse». Le catéchiste est appelé à affirmer radicalement la dignité de tous, à établir entre tout être humain une fraternité fondamentale, à enseigner à comprendre le travail, à habiter la création comme un foyer commun, à donner enfin des raisons de se réjouir et de faire de l'humour, même au milieu d'une vie souvent très dure. Le Pape qui reprenait là son discours à la cinquième conférence nationale de l'Église italienne, à Florence, 10 novembre 2015.

«Continuez à prier et à réfléchir de façon créative à une catéchèse centrée sur le kérygme, qui regarde l'avenir de nos communautés, afin qu'elles soient toujours plus enracinées dans l'Évangile, fraternelles et inclusives» lance enfin le Pape au membres du bureau catéchétique de la CEI.

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30 janvier 2021, 12:26