Le cardinal Bergoglio en 2001. Le cardinal Bergoglio en 2001.  

Pape François: 51 ans de sacerdoce au service de Dieu et de son peuple

Jorge Mario Bergoglio a été ordonné prêtre dans la Compagnie de Jésus le 13 décembre 1969, par l’archevêque argentin Ramón José Castellano. Une vocation née de l'expérience du pardon de Dieu qui s'est transformée en une vie donnée avec joie et simplicité. Le prêtre, souligne souvent le Pape, vit parmi son peuple avec le cœur miséricordieux de Jésus. Retour sur les traits marquants évoqués et vécus par le Saint-Père à propos du sacerdoce.

Sergio Centofanti - Cité du Vatican  

51 années sont passées. C'était le 13 décembre 1969: Jorge Mario Bergoglio, quatre jours seulement avant son 33e anniversaire, était ordonné prêtre. Sa vocation remonte au 21 septembre 1953, mémoire de saint Matthieu, le publicain converti par Jésus: lors d'une confession, le jeune Bergoglio fait une profonde expérience de la miséricorde de Dieu. C'est une joie immense qui l'a conduit à prendre une décision “pour toujours”: être prêtre.

C'est le temps de la miséricorde

C'est précisément la miséricorde divine qui caractérise toute sa vie sacerdotale. Les prêtres, affirme-t-il, sans faire de bruit, laissent tout pour s'engager dans la vie quotidienne des communautés, donnant aux autres leur propre vie, «ils sont émus devant les brebis, comme Jésus, quand il voit les gens fatigués et épuisés comme des brebis sans berger». Ainsi, «à l'image du Bon Pasteur, le prêtre est un homme de miséricorde et de compassion, proche de son peuple et serviteur de tous... Quiconque est blessé dans sa vie, de quelque manière que ce soit, peut trouver en lui attention et écoute... Il faut soigner les blessures, tant de blessures ! Tant de blessures ! Il y a tant de blessés, de problèmes matériels, de scandales, même dans l'Église.... Des gens blessés par les illusions du monde... Nous, prêtres, nous devons être là, près de ces gens. La miséricorde, c'est d'abord la guérison des blessures». Ceci, rappelle-t-il souvent, est le temps de la miséricorde (Discours aux prêtres du diocèse de Rome, 6 mars 2014).

L'homme de l'Eucharistie: Jésus au centre

Le prêtre, explique François, est un homme décentré, car au centre de sa vie il n'y a pas lui mais le Christ. Il remercie donc les prêtres pour la célébration quotidienne de l'Eucharistie: «Dans la célébration eucharistique, nous trouvons chaque jour cette identité qui est la nôtre en tant que pasteurs. Chaque fois, nous pouvons vraiment faire nôtres ses paroles: “Ceci est mon corps offert en sacrifice pour vous”. C'est le sens de notre vie, les mots avec lesquels nous pouvons renouveler quotidiennement les promesses de notre ordination. Je vous remercie pour votre "oui", et pour tous les "oui" cachés de chaque jour, que seul le Seigneur connaît. Je vous remercie pour votre "oui" à donner votre vie avec Jésus: telle est la source pure de notre joie» (Homélie pour le Jubilé des prêtres, 3 juin 2016). Et il invite les prêtres à être prudents et audacieux à la fois, parce que l'Eucharistie «n'est pas une récompense pour le parfait mais un remède généreux et une nourriture pour les faibles» (Evangelii gaudium, 47).

La vie sacerdotale dans le confessionnal

Au service de Dieu et de son peuple, le prêtre remplit une part importante de sa mission dans le confessionnal, où il peut dispenser l'excès de la miséricorde de Dieu. Il exhorte les prêtres à ne pas être rigoureux ou laxistes: «Il est normal qu'il y ait des différences de style entre les confesseurs, mais ces différences ne peuvent pas concerner la substance, c'est-à-dire la saine doctrine morale et la miséricorde. Ni le laxiste ni le rigoriste ne témoignent de Jésus-Christ, car ni l'un ni l'autre ne prennent en charge la personne qu'ils rencontrent. Le rigoriste se lave les mains : en fait il la cloue à la loi comprise de manière froide et rigide». Le laxiste lui aussi «se lave les mains: ce n'est qu'apparemment qu'il est miséricordieux, mais en réalité il ne prend pas au sérieux le problème de cette conscience, en minimisant le péché. La vraie miséricorde prend soin de la personne, l'écoute attentivement, aborde sa situation avec respect et vérité et l'accompagne sur le chemin de la réconciliation. Et c'est fatigant, oui, certainement. Le prêtre vraiment miséricordieux se comporte comme le Bon Samaritain... mais pourquoi le fait-il ? Parce que son cœur est capable de compassion, c'est le cœur du Christ !» (Discours aux prêtres du diocèse de Rome, 6 mars 2014).

La prière, Marie et la lutte contre le diable

Le prêtre, souligne le Pape, est avant tout un homme de prière. C'est de l'intimité avec Jésus que jaillit la vraie charité. C'est l'union avec Dieu qui permet de vaincre les innombrables tentations du mal. Le diable existe, il n'est pas un mythe - le Pape le rappelle souvent - il est rusé, menteur, trompeur. François nous invite à regarder Marie, à prier le chapelet tous les jours, c'est sa prière du cœur, surtout en cette période, pour protéger l'Église des attaques du démon qui veut apporter la division. «Regarder Marie, c'est croire à nouveau en la puissance révolutionnaire de la tendresse et de l'affection». Marie est «l'amie toujours attentive pour qu'il ne manque pas de vin dans notre vie» et comme «une vraie mère, elle marche avec nous, se bat avec nous et répand sans cesse la proximité de l'amour de Dieu» (Lettre aux prêtres pour le 160e anniversaire de la mort du Curé d'Ars).

Les pauvres et le jugement dernier

La spiritualité du prêtre s'incarne dans la réalité de la vie quotidienne, observe François, et devient une voix prophétique face à l'oppression qui piétine les pauvres et les faibles: l'Église «ne peut et ne doit pas rester en marge de la lutte pour la justice», reléguant la religion, comme certains le voudraient, «à l'intimité secrète des personnes, sans aucune influence dans la vie sociale et nationale» (Evangelii gaudium, 183), car le Royaume de Dieu commence ici sur terre et c'est déjà ici que nous rencontrons Jésus: le jugement dernier sera précisément axé sur ce que nous avons fait au Christ dans les pauvres, les malades, les étrangers et les prisonniers (Mt, 25). Nous serons jugés sur l'amour: mais il ne peut y avoir d'amour sans justice, comme le disait saint Jean Paul II.

Des prêtres qui donnent leur vie et le scandale des abus

Le Pape ne reste pas silencieux face à la «monstruosité» des abus commis par les prêtres, il répète toujours sa proximité avec les victimes, mais il pense aussi aux nombreux prêtres qui portent le fardeau de crimes qu'ils n'ont pas commis: il serait «injuste de ne pas reconnaître tant de prêtres qui offrent de manière constante et intègre tout ce qu'ils sont et ce qu'ils possèdent pour le bien des autres». Ces prêtres qui «font de leur vie une œuvre de miséricorde dans des régions ou des situations souvent inhospitalières, éloignées ou abandonnées, même au péril de leur vie». Le Pape les remercie «pour leur exemple courageux et constant» et les invite à ne pas se décourager, car «le Seigneur purifie son Épouse et nous convertit tous à lui. Il nous fait expérimenter l'épreuve parce que nous comprenons que sans Lui nous sommes poussière» (Lettre aux prêtres à l'occasion du 160e anniversaire de la mort du curé d'Ars).

Dans les épreuves, se rappeler la première rencontre avec Jésus

Le Pape pense aux moments de difficulté que les prêtres peuvent vivre, les invitant à revenir à leur première rencontre avec Jésus, à ces moments lumineux où l'appel du Seigneur à consacrer toute leur vie à son service a été vécu: nous devons retourner «à ce point incandescent où la grâce de Dieu m'a touché au début du chemin. C'est de cette étincelle que je peux allumer le feu pour aujourd'hui, pour chaque jour, et apporter chaleur et lumière à mes frères et sœurs. De cette étincelle s'allume une joie humble, une joie qui n'offense pas la douleur et le désespoir, une joie bonne et douce» (Homélie de la Veillée pascale, 19 avril 2014).

La bonne fatigue des prêtres

«Vous savez, confesse le Pape, combien de fois je pense à ceci: à la fatigue de vous tous? J'y pense beaucoup et je prie souvent, surtout quand je suis fatigué. Je prie pour vous qui travaillez parmi le peuple fidèle de Dieu qui vous a été confié, et pour beaucoup dans des lieux très abandonnés et dangereux. Et notre fatigue, chers prêtres, est comme l'encens qui monte silencieusement au ciel. Notre fatigue va droit au cœur du Père... Il y a ce que nous pouvons appeler “la fatigue du peuple, la fatigue de la foule”: Pour le Seigneur, comme pour nous, c'était épuisant, comme le dit l'Évangile, mais c'est une bonne fatigue, une fatigue pleine de fruits et de joie... C'est la fatigue du prêtre avec l'odeur des brebis» et «avec le sourire du papa qui contemple ses enfants ou ses petits-enfants... seul l'amour donne le repos» (Homélie de la messe chrismale, 2 avril 2015).

De courtes homélies qui brûlent les cœurs

L'importance de l'homélie a été soulignée à maintes reprises par François, qui exhorte fortement les prêtres à bien la préparer dans un temps prolongé d'étude, de prière et de réflexion. Il invite à faire de brèves homélies qui ne sont ni un spectacle, ni une conférence, ni une leçon purement moraliste et qui endoctrine: il faut savoir dire des «paroles qui brûlent les cœurs» avec un langage positif, en disant non pas tant ce que nous devons pas faire, mais plutôt ce que l'on peut faire mieux: «Une prédication positive offre toujours l'espérance, oriente vers le futur, ne nous laisse pas prisonniers de la négativité» (Evangelii Gaudium, 159) en exprimant la  «proximité, l'ouverture au dialogue, la patience et l'accueil cordial sans condamnation» (Evangelii Gaudium, 165). Le Pape souligne le rôle fondamental du kérygme dans la première annonce: «Jésus-Christ t'aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour, pour t'éclairer, pour te fortifier, pour te libérer» (164).

Le sens de l'humour des prêtres

«Le saint est capable de vivre avec joie et sens de l'humour», rappelle le Pape aux prêtres, en citant saint Philippe Neri ou la prière de la bonne humeur de saint Thomas More. C'est une joie qui vient de l'union avec Jésus et de la fraternité. «Le sens de l'humour est une grâce que je demande tous les jours», disait François en novembre 2016 dans une interview donnée à TV2000 et Radio InBlu : «le sens de l'humour vous élève, vous fait voir le côté temporaire de la vie et prendre les choses avec l'esprit d'une âme rachetée. C'est une attitude humaine, mais c'est la plus proche de la grâce de Dieu». C'est le signe d'une grande maturité spirituelle qui naît de l'Esprit Saint.

L'appel du Pape aux fidèles: soutenez les prêtres

Le Pape François demande aux prêtres d'être toujours proches des personnes, mais en même temps il demande aux fidèles de soutenir les prêtres: «Chers fidèles, soyez proches de vos prêtres par l'affection et la prière, afin qu'ils soient toujours pasteurs avec le cœur de Dieu» (Homélie pour la messe chrismale, 28 mars 2013).

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13 décembre 2020, 13:23