Le sanctuaire de la Divine Miséricorde en l'église Santo Spirito in Sassia de Rome. Le sanctuaire de la Divine Miséricorde en l'église Santo Spirito in Sassia de Rome.  

François, Jean-Paul II et la Miséricorde Divine: à ceux qui souffrent

Le premier dimanche après Pâques, autrement appelé dimanche de Saint Thomas, l’Église universelle célèbre la fête de la Divine Miséricorde. Elle fut instituée il y a 20 ans par Saint Jean-Paul II, le jour de la canonisation de Sœur Faustine Kowalska.

Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican

Saint Jean-Paul II, Pape venu de Pologne, avait instituée la «fête de la Divine Miséricorde» il y a vingt ans, le 30 avril 2000, «en réponse à la demande de Jésus transmise à Sainte Faustine», avait expliqué le Pape François lors de l'audience générale du 15 avril 2020. 

Sœur Faustine Kowalska, religieuse polonaise, vénérée comme l'apôtre de la Divine Miséricorde, eut en effet de nombreuses visions du Christ ressuscité durant l’entre-deux guerres.

La vision de sœur Faustine

 «Je désire que la fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s'approcheront de la source de ma miséricorde; toute âme qui se confessera et communiera recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur punition; en ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s'écoulent les grâces», promit Jésus à Sœur Faustine, qui rapporte ces paroles dans son journal. 

 

«L'humanité ne trouvera pas la paix tant qu'elle ne se tournera pas vers la source de ma miséricorde». Du cœur transpercé du Christ, sœur Faustine vit deux faisceaux de lumière qui illuminent le monde, deux rayons qui représentent le sang et l’eau, a rappelé le Pape Jean-Paul II dans l'homélie de la canonisation de la religieuse, le premier dimanche après Pâques en l’an 2000. De ce cœur, jaillit la grande vague de miséricorde qui se déverse sur l'humanité, commentait le Souverain Pontife originaire de Cracovie. Instituée en 1985 par le cardinal Franciszek Macharski, pour le diocèse de Cracovie, la fête de la Miséricorde Divine fut donc étendue à l’Église universelle sous Jean-Paul II.

Deux Papes unis par la Miséricorde Divine

La Miséricorde Divine est aussi l'un des thèmes forts qui lient Jean-Paul II et François. L'encyclique écrite par le Pape polonais dans les premières années de son pontificat, Dives in Misericordia, du 30 novembre 1980, est constamment reprise par le Pape François dans ses actes, dans ses paroles; on retrouve aussi son essence dans la convocation par le Pape argentin du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016.

Les deux Papes sont issus de situations marquées par des bouleversements sociaux et des difficultés historiques. Et la sensibilité humaine, le concret historique et l'attention qu'ils portent tous deux à la dignité humaine, aux questions des plus pauvres, les rendent si proches qu’ils rappellent à l'Église et au monde la puissance de la Miséricorde Divine.

1980, Dives in Misericordia

La miséricorde n'élimine pas la justice, mais la surpasse, démontrait Jean-Paul II dans son encyclique consacrée à «Dieu riche en miséricorde», en intitulant un chapitre «La justice est-elle suffisante?».

Selon lui, l'Eglise est appelée à proclamer et à proclamer la miséricorde précisément comme la plus haute forme de justice dans l'amour. Car la miséricorde n'est pas la bonté, mais la justice humaine sans Dieu conduit à la négation de l'homme, à un système d'esclavage et à la négation de la dignité de la personne.

30 avril 2000, canonisation de Sœur Faustine 

Vingt ans après avoir écrit Dives in Misericordia, au cœur du grand jubilé de l'an 2000, Karol Wojtyla a canonisé Sœur Maria Faustina Kowalska, morte à Cracovie le 5 octobre 1938, à l'âge de 33 ans seulement.

Il n'est pas possible de penser à la Miséricorde Divine sans la Résurrection du Seigneur, expliquait alors saint Jean-Paul II, car c'est le point culminant de la révélation de la Miséricorde de Dieu, l'ouverture à la vie éternelle, le don suprême que Dieu dans le Christ offre à l'homme, et Jésus est venu dans le monde précisément pour révéler le visage miséricordieux de Dieu. «Son message de miséricorde - a-t-il conclu dans son homélie de canonisation - continue à nous parvenir par le geste de ses mains tendues vers l'homme qui souffre. C'est ainsi que Sœur Faustine l'a vu et l'a annoncé aux hommes de tous les continents qui, cachés dans son couvent de Lagiewniki, à Cracovie, ont fait de son existence un chant de miséricorde: Misericordias Domini in aeternum cantabo».

François et la miséricorde

Près de 13 ans plus tard, le 17 mars 2013, en la petite église Sainte-Anne-des-Palefreniers l’une des deux paroisses du Vatican, le Pape François, élu 4 jours plus tôt, célébrait sa première messe ouverte aux fidèles, après celle de la chapelle Sixtine pour les cardinaux.

«Il est le Père aimant qui pardonne toujours, qui a ce cœur de miséricorde pour nous tous. Et nous aussi, nous apprenons à être miséricordieux envers tout le monde. Invoquons l'intercession de Notre-Dame qui avait dans ses bras la Miséricorde de Dieu fait homme». Déjà apparaissait tout le magistère du Pape François sur la miséricorde, à commencer par sa devise même - miserando atque eligando.

Dans la bulle d'indiction du Jubilé, Misericordiae vultus, il nous a invités à nous laisser «surprendre par Dieu» qui «ne se lasse pas d'ouvrir la porte de son cœur pour nous répéter qu'il nous aime et qu'il veut partager sa vie avec nous».

Les vendredis et les missionnaires de la Miséricorde

Une Année Sainte instituée «pour redécouvrir et rendre féconde la miséricorde de Dieu», expliquait François dans l'annonce du 13 mars 2015, deuxième anniversaire de son élection, lors d'une célébration pénitentielle, «par laquelle nous sommes tous appelés à donner une consolation à tout homme et à toute femme de notre temps». Pendant le Jubilé, le Pape n'a pas seulement parlé, mais il a aussi concrétisé la miséricorde, en poursuivant ses gestes continus de proximité, en inaugurant les «Vendredis de la miséricorde».

Des visites sous forme privée aux communautés et aux structures d'accueil et de solidarité pour ceux qui souffrent et en envoyant des milliers de «missionnaires de la miséricorde» dans le monde, pour offrir le pardon de Dieu à tous à travers le sacrement de la Réconciliation.

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16 avril 2020, 10:42