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Le Pape François au balcon du Capitole, la mairie de Rome, le 26 mars 2019. Le Pape François au balcon du Capitole, la mairie de Rome, le 26 mars 2019.  

François et Rome: un évêque en chemin dans sa ville

Les commémorations des 150 ans de Rome capitale, inaugurées par la maire Virginia Raggi sont l'occasion de rappeler l'attention particulière de l'évêque de Rome non seulement pour son diocèse mais aussi pour la communauté civile de la "Ville éternelle".

Alessandro Gisotti-Cité du Vatican 

«Vous savez que le devoir du Conclave était de donner un évêque à Rome». Avec ses premiers mots de Pontife, le soir du 13 mars 2013, François a expliqué, de la manière simple et directe que nous apprendrions bientôt à connaître, l'essentiel de ce qui s'était passé dans les heures précédentes dans la Chapelle Sixtine. L'évêque du diocèse de Rome avait été élu, celui qui, selon la célèbre déclaration d'Ignace d'Antioche, préside les autres par charité. Pour souligner encore plus cette dimension «romaine» de l'élection, le nouveau pape avait souhaité la présence à ses côtés du cardinal Agostino Vallini, vicaire du diocèse de Rome, dans son premier salut «à la Ville et au Monde». De manière tout aussi significative, dès la première «rencontre» avec son troupeau, le pasteur avait indiqué comme programme pour l'Eglise de Rome «un chemin de fraternité, d'amour, de confiance». Un voyage que le pape François, sept ans après cette soirée extraordinaire de mars, continue à faire en restant devant, au milieu, et derrière le Peuple de Dieu qui est à Rome.

Comme ses prédécesseurs, il a rencontré le clergé et les fidèles du diocèse de multiples façons et en de nombreuses occasions : de la traditionnelle conversation avec les prêtres à St Jean de Latran aux audiences générales, des grandes célébrations à St Pierre aux visites de paroisses, en privilégiant celles des quartiers les plus défavorisés. La dynamique la rencontre ne se résume pas cependant à la direction du centre vers la périphérie. Depuis le début du pontificat, en effet, des groupes de paroisses romaines participent aux messes du matin célébrées à la maison Sainte Marthe. Les fidèles se rendent donc chez leur évêque, de la périphérie vers le centre.

Rome, un lieu privilégié dans le coeur de François

François est rapidement «devenu romain» aussi dans les dévotions qui caractérisent le plus la foi populaire de Rome. Les dévotions à Marie tout d'abord, comme dans son diocèse d'origine, Buenos Aires. Il a visité le Sanctuaire de l'Amour Divin, le lieu marial par excellence des Romains ; il a renouvelé chaque année son hommage à la Vierge sur la Place d'Espagne en la solennité de l'Immaculée Conception. Surtout, comme les fidèles de Rome l'ont fait pendant des siècles, il a confié les actes importants de sa vie à la Salus Popoli Romani, conservée à Santa Maria Maggiore. C'est là qu'il se rend dès le lendemain de son élection au siège de Pierre, c'est là qu'il revient chaque fois qu'il est sur le point de faire ou de rentrer d'un voyage apostolique.

Chez les Romains, un lieu privilégié dans le cœur de François est sans doute les pauvres, les invisibles d'une ville riche en tout bien, mais où malheureusement il y a encore ceux qui meurent de froid ou vivent dans des situations de dégradation absolue. Le pape ne manque pas d'apporter son soutien à ceux qui, chaque jour, vont au-devant des personnes dans le besoin. Le choix, lors du Jubilé de la Miséricorde, d'ouvrir une Porte de la Charité à la cantine de la Caritas à la gare Termini, ainsi que les visites, les «Vendredis de la Miséricorde», dans des centres et des structures où l'on apporte de l'aide à ceux qui souffrent, est éloquent en ce sens. Pour les pauvres de la ville - à travers l'Aumônerie Apostolique - François a également fait activer toute une série de services de base et a multiplié les espaces d'accueil pour les sans-abri jusqu'à la dernière initiative visant à transformer un bâtiment du Vatican, le Palazzo Migliori, en un foyer pour les sans-abri.

Les jeunes romains ont également une place importante dans le regard de l'évêque sur sa ville. Comme son prédécesseur, François estime que faire face à «l'urgence éducative» est une tâche urgente pour la ville et le diocèse de Rome. Cela inclut également des gestes nouveaux et d'une certaine manière surprenants qu'il a faits, comme sa visite au lycée Pilo Albertelli et à l'université Roma Tre, une école et une université laïques. Dans les deux cas, le Pape choisit la forme de dialogue avec les étudiants pour communiquer son message. Il incarne ainsi l'exemple d'une Église qui croit vraiment à la «culture de la rencontre» et qui sait s'insérer, sans peur ni préjugés, dans la vie et le dialogue quotidien des jeunes générations.

Dialogue avec les autorités

Si, par conséquent, François dialogue et stimule toutes les composantes de la communauté ecclésiale de son diocèse, le dialogue que l'évêque de Rome entretient avec les différentes instances de la société civile de la Ville éternelle, à commencer par les autorités municipales, n'en est pas moins fructueux. De nombreuses rencontres ont eu lieu entre le Pape et les trois maires capitolins qui se sont succédés au cours de ces sept années de pontificat. Tout comme il y a de nombreux discours, appels, exhortations que le Pape adresse non seulement aux institutions locales mais à tous les citoyens, dans la conscience - comme il l'a dit pour la dernière fois au Te Deum du 31 décembre 2019 - que Rome «n'est pas seulement une ville compliquée, avec de nombreux problèmes, mais aussi une ville dans laquelle Dieu exhorte ses habitants à espérer malgré tout, à aimer en luttant pour le bien de tous».

Le moment culminant, également en tant qu'image, de ce dialogue qui devient un engagement concret est certainement la visite papale au Capitole en mars de l'année dernière. Invité par la maire Virginia Raggi, François est le troisième pontife à prendre la parole dans la salle Jules César, après Jean-Paul II et Benoît XVI. S'adressant aux conseillers municipaux et à l'équipe municipale du Capitole, le Pape a rappelé que Rome, «tout au long de ses presque 2 800 ans d'histoire, a su accueillir et intégrer différentes populations et personnes du monde entier" et qu'elle est aujourd'hui appelée à ne pas disperser cette identité de sa "ville hospitalière", "ville de ponts, jamais de murs». Pontife, «bâtisseur de ponts». Par ses visites, ses gestes et ses paroles, François rapproche la colline du Vatican et celle du Capitole, la place Saint-Pierre et les quartiers de la capitale, en particulier les plus éloignés et les plus défavorisés. Comme promis dès son premier jour en tant qu'évêque de Rome, il a continué à marcher dans et avec son diocèse. Il le fait en montrant que ce qui lui tient à cœur n'est pas d'occuper l'espace mais d'initier des processus de bonnes et nouvelles voies qui favorisent l'harmonie au service de la Cité dans laquelle le Seigneur l'a appelé à exercer le ministère épiscopal.

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03 février 2020, 12:02