Le Pape veut que soit maintenue vivante la belle tradition de la crèche

En visite ce dimanche 1er décembre dans le centre de l’Italie, à Greccio, là où saint François mis en place la première crèche vivante de la Nativité, le Pape signe une lettre apostolique, intitulée «Admirabile signum», sur la signification et la valeur de la crèche de Noël, un signe qui «suscite toujours étonnement et émerveillement».

Sergio Centofanti – Cité du Vatican

«Le merveilleux signe de la crèche, si chère au peuple chrétien, suscite toujours étonnement et émerveillement»: tel est l’incipit de la Lettre apostolique «Admirabile signum» sur la signification et la valeur de la crèche, que le Pape François a signé ce dimanche à Greccio.

La crèche, un acte d’évangélisation à redécouvrir et revitaliser

«Représenter l'événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie », peut-on lire dans cette lettre. «La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture», écrit François. Selon lui, en contemplant la scène de Noël, «nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l'humilité de Celui qui s'est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu'Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui».

Par cette lettre, le Pape souhaite aujourd’hui soutenir cette belle tradition familiale que l’on apprend dès l’enfance: «quand papa et maman, ensemble avec les grands-parents, transmettent cette habitude joyeuse qui possède en soi une riche spiritualité populaire». Le Pape veut soutenir la coutume qui consiste également à l’installer sur les lieux de travail, dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, sur les places publiques... «C'est vraiment un exercice d'imagination créative, qui utilise les matériaux les plus variés pour créer de petits chefs-d'œuvre de beauté», écrit le Pape qui souhaite que «cette pratique ne se perde pas ; mais au contraire, j'espère que là où elle est tombée en désuétude, elle puisse être redécouverte et revitalisée.»

Saint François et la crèche vivante de Greccio

Le Pape revient sur les origines de la représentation de la naissance de Jésus. Il souligne l’étymologie latine de la parole «praesepium», c’est-à-dire la mangeoire. Il cite saint Augustin qui observe comment Jésus «allongé dans une mangeoire, est devenu notre nourriture» (Serm. 189, 4). François évoque aussi la première crèche vivante voulue par saint François à Greccio pour Noël, en 1223, qui remplit de joie toutes les personnes présentes: «Saint François, par la simplicité de ce signe, a réalisé une grande œuvre d'évangélisation. Son enseignement a pénétré le cœur des chrétiens et reste jusqu'à nos jours une manière authentique de proposer de nouveau la beauté de notre foi avec simplicité».

L’émotion de voir Dieu qui se fait petit

La crèche suscite autant d'émerveillement et d’émotion parce qu’elle manifeste «la tendresse de Dieu» qui «s'abaisse à notre petitesse », il se fait pauvre, en nous invitant à le suivre sur le chemin de l’humilité pour «le rencontrer et le servir avec miséricorde dans les frères et sœurs les plus nécessiteux.»

Le ciel étoilé dans le silence de la nuit

La lettre apostolique passe en revue sur les différents signes de la crèche à commencer par le ciel étoilé dans le silence de la nuit: il s’agit de la nuit qui parfois obscurcit notre vie. «Eh bien, même dans ces moments-là, Dieu ne nous laisse pas seuls, mais il se rend présent», écrit François. «Sa présence apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance.»

Les paysages, les anges, l’étoile, les pauvres

Autre signe mis en exergue : les paysages souvent faits de ruines d’anciennes maisons et de palais, le «signe visible d’une humanité déchue» que Jésus est venu «guérir et reconstruire». Il y a aussi les montagnes, les ruisseaux, les moutons qui montrent que «toute la création participe à la fête» qu’est la venue du Messie. Les anges et l'étoile de Bethléem sont les signes que «nous aussi, nous sommes appelés à nous mettre en route pour atteindre la grotte et adorer le Seigneur». Les bergers nous disent que «ce sont les plus humbles et les plus pauvres qui savent accueillir l'événement de l'Incarnation», comme d’ailleurs les santons des mendiants. «Les pauvres, en effet, sont les privilégiés de ce mystère et, souvent, les plus aptes à reconnaître la présence de Dieu parmi nous», alors que «le palais d'Hérode est en quelque sorte fermé et sourd à l'annonce de la joie», note le Pape dans sa lettre. En naissant dans la crèche,  «Dieu lui-même commence la seule véritable révolution qui donne espoir et dignité aux non désirés, aux marginalisés : la révolution de l'amour, la révolution de la tendresse», écrit François.

Le forgeron et le boulanger: les autres personnages de la crèche

Dans les crèches apparaissent aussi souvent des santons qui semblent n’avoir aucune relation avec les récits évangéliques, cela signifie, explique François, que «dans ce monde nouveau inauguré par Jésus, il y a de la place pour tout ce qui est humain et pour toute créature». Le berger y a sa place comme le forgeron, le boulanger, les musiciens, les femmes portant des cruches d’eau ou les enfants qui jouent. Ils représentent «la sainteté au quotidien, la joie d’accomplir les choses de la vie courante d'une manière extraordinaire, lorsque Jésus partage sa vie divine avec nous».

Marie et Joseph: l’abandon à Dieu

Dans la grotte, se trouvent Marie et Joseph. Marie témoigne «de la façon de s’abandonner dans la foi à la volonté de Dieu». Quant à Joseph, «il est le gardien qui ne se lasse jamais de protéger sa famille».

L’enfant Jésus: l’événement qui a changé le cours de l'histoire

Evidemment dans la crèche, se trouve le petit Jésus: «Dieu déconcerte, il est imprévisible et continuellement hors de nos plans» ; il se présente ainsi «dans un enfant, pour être accueilli dans nos bras. Dans la faiblesse et la fragilité, se cache son pouvoir qui crée et transforme tout» avec amour. «La crèche nous fait voir, nous fait toucher cet événement unique et extraordinaire qui a changé le cours de l'histoire», lit-on dans cette lettre.

Les mages

Enfin, quand se rapproche la fête de l’Épiphanie, on installe dans la crèche les santons des Rois mages, le signe qu’on peut partir de très loin pour rejoindre le Christ.

Pour la joie de l’homme

Et le Pape de conclure: «la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi». La manière dont on installe la mangeoire n’est pas importante, ce qui compte «c'est que cela soit signifiant pour notre vie», qu’elle reflète l’amour de Dieu pour nous, «le Dieu qui s’est fait enfant pour nous dire combien il est proche de chaque être humain, quelle que soit sa condition»; «et à éprouver en cela le bonheur».

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01 décembre 2019, 17:42