Les Papes et le mur de Berlin, symbole de la division du monde

Il y a 30 ans, dans la nuit du 8 au 9 novembre 1989, le mur de Berlin s’effondrait. Le régime communiste au pouvoir en Allemagne de l’Est avait fini par prendre acte de la libéralisation progressive des pays d’Europe centrale et de l’URSS, et le régime des visas avec l’Ouest se trouvait aboli.

À plusieurs reprises, les Papes de l'époque contemporaine ont abordé ce thème douloureux de l'histoire européenne.

Saint Jean-Paul II, Pape venu de “l'Église du silence” du bloc de l'Est, avait naturellement suivi cette évolution à Berlin avec attention, même si l'Église catholique en Allemagne de l'Est n'avait pas la même influence que dans sa Pologne natale. Jean-Paul II considérait le diocèse de Berlin comme «le plus difficile du monde», car il était le seul à être partagé entre l'Est et l'Ouest, un même évêque exerçant sa juridiction sur deux territoires très différents du point de vue de la liberté religieuse. Le Saint-Siège n'avait jamais reconnu la division de l'Allemagne et donc la souveraineté de la RDA, et ne pouvait logiquement pas valider une scission du diocèse. 

Mais au-delà de cette spécificité berlinoise, le Pape Jean-Paul II, à travers son soutien explicite à la dissidence polonaise, avait contribué à l'ébranlement du bloc communiste, et son rôle dans le processus de libéralisation de l'Europe centrale, RDA incluse donc, est incontestable. Ses grands voyages en Pologne, dès 1979, ouvrirent une brèche qui, malgré des phases plus tendues, allait mettre en évidence l'incapacité des régimes communistes à s'adapter à la soif d'ouverture des populations d'Europe centrale.

L'hommage de François au rôle prophétique de Jean-Paul II

En novembre 2014, lors du 25e anniversaire de la chute du mur, François avait salué particulièrement le rôle du saint Pape polonais dans cet événement : «La chute était soudaine, mais elle a été rendu possible par l’engagement long et éreintant de nombreuses personnes qui ont lutté pour cela, qui ont prié et souffert, parfois jusqu’au sacrifice de leur vie. Parmi eux, saint Jean-Paul II a eu un rôle de protagoniste.»

François avait alors invité à prier «pour que se répande une culture de la rencontre», avec «l’aide du Seigneur et la collaboration de tous les hommes de bonne volonté». Cette culture pourra «faire tomber tous les murs qui divisent encore le monde» : «Là où il y a un mur, les cœurs sont fermés. Il faut des ponts et non des murs !», avait lancé le Pape argentin.

Benoît XVI: la liberté plus forte que la peur

En octobre 2011, à l’occasion du 25e anniversaire de la Rencontre interreligieuse d’Assise, le Pape Benoît XVI avait évoqué cette division de l’Allemagne, son pays natal, en revenant sur le contexte de 1986, lorsque Jean-Paul II avait convoqué une première rencontre interreligieuse inédite dans la ville de saint François.

Une rencontre dont la chute du mur de Berlin fut un fruit indirect, selon Benoît XVI: «La grande menace pour la paix dans le monde venait de la division de la planète en deux blocs s’opposant entre eux. Le symbole visible de cette division était le mur de Berlin qui, passant au milieu de la ville, traçait la frontière entre deux mondes. En 1989, trois années après Assise, le mur est tombé, sans effusion de sang. Subitement, les énormes arsenaux, qui étaient derrière le mur, n’avaient plus aucune signification. Ils avaient perdu leur capacité de terroriser. La volonté des peuples d’être libres était plus forte que les arsenaux de la violence. La question des causes de ce renversement est complexe et ne peut trouver une réponse dans de simples formules. Mais à côté des faits économiques et politiques, la cause la plus profonde de cet événement est de caractère spirituel : derrière le pouvoir matériel il n’y avait plus aucune conviction spirituelle. La volonté d’être libres fut à la fin plus forte que la peur face à la violence qui n’avait plus aucune couverture spirituelle. Nous sommes reconnaissants pour cette victoire de la liberté, qui fut aussi surtout une victoire de la paix. Et il faut ajouter que dans ce contexte il ne s’agissait pas seulement, et peut-être pas non plus en premier lieu, de la liberté de croire, mais il s’agissait aussi d’elle. Pour cette raison nous pouvons relier tout cela de quelque façon aussi à la prière pour la paix.»

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09 novembre 2019, 08:00