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Ouverture du Synode: le Pape appelle à une inculturation respectueuse des peuples

Le Pape François a ouvert ce matin la première session du Synode sur l’Amazonie, en soulignant les quatre dimensions sur lesquelles les participants doivent se pencher : la dimension pastorale, la dimension culturelle, la dimension sociale et la dimension écologique.

Cyprien Viet – Cité du Vatican

Le premier Pape latino-américain de l’histoire a invité à se rapprocher de la réalité de l’Amazonie «avec un cœur chrétien» et «avec des yeux de disciples et de missionnaires». Il faut se rapprocher des peuples amazoniens «sur la pointe des pieds, en respectant leur histoire, leurs cultures», en évitant l’écueil du prosélytisme et des colonisations idéologiques. L’Église doit assumer une inculturation pour se rapprocher des peuples, a souligné François en remarquant que les expériences vécues il y a plusieurs siècles par les jésuites Matteo Ricci en Chine et Roberto De Nobili en Inde, alors perçues négativement par le pouvoir ecclésiastique, constituent aujourd’hui des exemples pour une annonce chrétienne qui respecte l’authenticité des peuples.

À l’inverse, «les idéologies sont réductrices et nous poussent à l’exagération dans notre prétention à comprendre» seulement «intellectuellement», «sans accepter», «sans admirer», en réduisant la réalité à des catégories, souvent inspirées par l’idéologie des Lumières, qui a donné à l’Europe un sentiment de supériorité sur les autres cultures. Le Pape a dénoncé les dégâts provoqués par la logique d’un soi-disant «développement» qui en vient à détruire les racines des peuples, au nom d’un dualisme mortifère entre les notions de «civilisation» et de «barbarie».

Se battre contre l’annihilation des peuples

Le Pape s’est exprimé très personnellement sur la situation dans son pays d’origine, en expliquant qu’aujourd’hui encore, en Argentine, on cherche à «annihiler des peuples» «avec des paroles offensantes», en présentant par exemple les Paraguayens comme des êtres inférieurs. Le Pape a aussi dénoncé les moqueries qu’il avait entendu dimanche vis-à-vis d’un Amérindien en tenue traditionnelle, qui avait participé à la procession des offrandes lors de la messe d’ouverture du Synode. «Quelle différence y’a-t-il entre porter des plumes sur la tête et la barrette qu’utilisent certains responsables de nos dicastères ?», a lancé le Pape sous les applaudissements.

Il ne faut donc pas répondre avec des «mesures simplement pragmatiques», mais arriver à «une contemplation des peuples, une capacité d’admiration». En se reconnaissant soi-même pécheur, on peut aller à la rencontre des autres sans arrogance ni condescendance, en respectant «la poésie, la réalité des peuples», sans se contenter d’enfermer leurs cultures dans des musées.

Un processus ecclésial guidé par l’Esprit Saint

Pour réussir à entrer dans un nouveau regard sur les peuples d’Amazonie, le Synode représente donc une occasion de «cheminer ensemble sous l’inspiration et la conduite de l’Esprit Saint», en toute liberté. François a souligné que l’Instrumentum Laboris est «un texte martyr, destiné à être détruit», que ce n’est qu’un point de départ et qu’il faut laisser l’Esprit Saint agir durant ces trois semaines pour vaincre «nos résistances». Pour que cette assemblée soit féconde, il faudra «beaucoup prier, réfléchir, dialoguer, écouter avec humilité, en sachant que moi, je ne sais pas tout». Le Pape a aussi souligné l’importance des temps de silence durant l’assemblée synodale. En revenant avec humour sur l’expérience vécue l’an dernier durant le Synode sur les jeunes, François a remarqué que ceux qui avaient tendance à s’endormir durant certaines interventions étaient réveillés par les temps de méditation silencieuse…

Le Synode est donc «un processus ecclésial» dont il faut prendre soin «comme un bébé», «avec délicatesse», et qui a besoin de «la chaleur d’une communauté, d’une chaleur de mère et d’Église». Chaque participant doit donc cultiver «l’attitude de respect, l’atmosphère fraternelle et l’ambiance d’intimité», et éviter de multiplier les interventions médiatiques, qui doivent être limitées aux conférences de presse et aux temps et espaces prévus pour les rencontres avec les journalistes. François a pointé les risques d’un Synode qui prendrait deux visages différents, l’un vécu à l’intérieur de la salle et l’autre à l’extérieur, comme cela a parfois été le cas les années précédentes. Il a donc invité tous les participants à une certaine prudence dans leurs paroles à l'extérieur, et, surtout, «à prier les uns pour les autres».  

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07 octobre 2019, 12:12