Les parents de Vincent Lambert quittent le CHU de Reims. Les parents de Vincent Lambert quittent le CHU de Reims.  

Décès de Vincent Lambert: Le Pape prie «pour les malades (...) qu'on laisse mourir»

Vincent Lambert est décédé ce jeudi matin. Les soins, l'alimentation et l'hydratation ont été arrêtés le 2 juillet. Sur Twitter, le Pape François a affirmé hier qu'une société était humaine si elle protégeait chaque vie, sans choisir qui était digne ou non de la vivre.

Sergio Centofanti - Cité du Vatican

Le Pape a publié hier un nouveau tweet sur le compte @Pontifex en neuf langues: « Prions pour les malades abandonnés et qu'on laisse mourir. Une société est humaine si elle protège la vie, chaque vie, de son commencement à sa fin naturelle, sans choisir qui est digne ou non de vivre. Les médecins devraient servir la vie, et non l'ôter».

Ce nouveau tweet du Pape paraît alors que Vincent Lambert est décédé ce jeudi matin. L'infirmier français de 42 ans, dans un état végétatif ou de conscience minimale après un accident de la route en 2008, était hospitalisé au CHU de Reims. Le 2 juillet dernier, les médecins ont de nouveau suspendu l'approvisionnement en nourriture son l'hydratation après une longue bataille juridique qui a pris, au fil du temps, une dimension internationale.

Paris rejette la demande de l'ONU

La France a finalement décidé de ne pas tenir compte de l'appel du Comité de l'ONU pour les droits des personnes handicapées, qui avait demandé un délai de six mois pour examiner l'affaire.

La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées - ratifiée par Paris, mais non contraignante pour le gouvernement français - stipule en effet dans son article 25 la nécessité de «prendre toutes les mesures appropriées pour leur assurer l’accès à des services de santé (...), y compris des services de réadaptation» et «empêchant tout refus discriminatoire de fournir des soins ou services médicaux ou des aliments ou des liquides en raison d’un handicap».

Une douleur non respectée

Les parents de Vincent accusent: ils tuent une personne handicapée qui n'est pas mourante. C'est un cas d'euthanasie. Or, l'euthanasie est interdite en France. La douleur des parents, qui assistent à la mort programmée de leur fils, est rendue d'autant plus amère par les critiques, ou les insultes, de la part de certains secteurs qui disqualifient leur chagrin en les traitant de «catholiques intégristes»

Ne pas céder pas à la culture du déchet

Le 20 mai dernier, lorsque les médecins avaient commencé à interrompre l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert, avant de les rétablir suite à la décision de la Cour d'appel, le Pape avait tweeté: «Prions pour ceux qui vivent dans un état de grave infirmité. Protégeons toujours la vie, don de Dieu, du commencement à sa fin naturelle. Ne cédons pas à la culture du déchet».

Chaque patient doit être traité avec un grand respect pour la vie

L'année dernière, François avait lancé deux appels publics en faveur de Vincent Lambert, citant explicitement son nom, un cas rare pour des appels pontificaux de ce type. Le Pape avait fait le rapprochement avec l'affaire du petit Alfie Evans. Le 15 avril 2018, à l'occasion de la prière du Regina Coeli, il disait: «Je confie à votre prière les personnes, comme Vincent Lambert, en France, le petit Alfie Evans, en Angleterre, et d'autres dans différents pays, qui vivent, parfois longtemps, dans un état de grave infirmité, médicalement assistés pour leurs besoins essentiels. Ce sont des situations délicates, très douloureuses et complexes. Nous prions pour que chaque patient soit toujours respecté dans sa dignité et traité d'une manière adaptée à son état, avec la contribution concertée des membres de sa famille, des médecins et des autres personnels de santé, dans le plus grand respect de la vie».

Dieu est le seul maître de la vie

Trois jours plus tard, à l'issue de l'audience générale du 18 avril 2018, le Pape lançait un nouvel appel: «J'attire encore une fois votre attention sur Vincent Lambert et le petit Alfie Evans, et je voudrais réitérer et confirmer fortement que Dieu est le seul maître de la vie, de son commencement à sa fin naturelle ! Et notre devoir est de tout faire pour protéger la vie».

Une défaite pour tous

Dans le sillage de ses prédécesseurs, le Pape François a toujours eu des paroles claires sur le respect de la vie à 360 degrés. Le 5 juin dernier, adressant ses pensées et ses prières à Noa Pothoven, la jeune Néerlandaise de dix-sept ans qui a choisi de mourir accompagnée de médecins spécialisés pour son suicide assisté, déclarait dans un autre tweet: «L'euthanasie et le suicide assisté sont une défaite pour tous. La réponse à laquelle nous sommes appelés est de ne jamais abandonner ceux qui souffrent, de ne pas se rendre, mais de prendre soin et d'aimer pour redonner espoir».

Le Saint-Siège: nourrir et hydrater une personne malade est un devoir incontournable

Rappelons aussi la déclaration conjointe à ce sujet, préparée par le Cardinal Kevin Farrell, Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, et par Monseigneur Vincenzo Paglia, Président de l'Académie Pontificale pour la Vie, dans laquelle ils soulignent «la grave violation de la dignité de la personne, que l'interruption de l'alimentation et de l'hydratation implique», contestant la décision des médecins de Reims qui qualifiaient d'obstination "irrationnelle" la volonté de garder Vincent en vie: «L'état végétatif, en effet, est assurément un état pathologique grave, qui ne compromet en rien la dignité des personnes qui se trouvent dans ces conditions, ni leurs droits fondamentaux à la vie et aux soins, entendus comme la continuité de l'assistance humanitaire fondamentale. L'alimentation et l'hydratation constituent une forme de soins essentiels toujours proportionnés au maintien en vie : nourrir une personne malade n'est jamais une forme d'obstination thérapeutique déraisonnable, tant que le corps de la personne est capable d'absorber une alimentation et une hydratation, sauf si cela provoque une souffrance intolérable ou nuisible pour le patient. La suspension de ces traitements représente plutôt une forme d'abandon du patient, fondée sur un jugement impitoyable sur sa qualité de vie. C'est l'expression d'une culture du déchet qui sélectionne les personnes les plus fragiles et sans défense, sans en reconnaître le caractère unique et la valeur immense. La continuité de l'assistance est un devoir incontournable».

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10 juillet 2019, 16:07