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Le Pape François accorde un entretien à la télévision mexicaine

Le Saint-Père a donné une longue interview à la télévision mexicaine Televisa. Dans cet entretien avec la journaliste Valentina Alazraki, qui était intervenue au début de la réunion sur les abus au Vatican en février, le Saint-Père revient sur de nombreux sujets comme les migrants, la violence faite aux femmes, ou ses rapports avec la presse.

Xavier Sartre  - Cité du Vatican

Le Pape François s’est livré à un vaste tour d’horizon dans cette longue interview télévisée accordée à Televisa, une des plus importantes antennes du monde latino-américain. Interrogé par la journaliste mexicaine Valentina Alazraki, qu’il connaît bien pour la croiser dans les avions au cours de ses voyages à travers le monde, le Pape n’a esquivé aucune question, répondant sur tous les dossiers du moment, et notamment les plus délicats.

Les abus, un processus en cours

Il en est ainsi des abus dans l’Église. La grande rencontre de février dernier au Vatican avec les présidents des conférences épiscopales du monde entier a laissé au Pape «un sentiment de très grande communion ecclésiale». Il est satisfait de voir que peu à peu les évêques prenaient conscience du problème. Revenant sur le résultat de cette réunion, c’est-à-dire sur les dispositions prises, François souligne que «nous sommes dans un processus». Sa politique, explique-t-il, «est d’ouvrir des processus», de «guérison», de «correction», précisant qu’ils seront contrôlés tous les six mois.

François profite aussi de cet entretien pour faire une mise au point concernant son discours de clôture, dans lequel il incriminait le diable. Certains titres de la presse lui ont reproché de se laver les mains en l’évoquant. Le Pape tient donc à préciser que la pédophilie peut être expliquée mais n’a pas de «sens». «On y voit là seulement l’esprit du mal qui incite à tout cela» précise-t-il. Et d’insister, «je ne peux pas m’expliquer le problème de la pédophilie sans y voir l’esprit du mal. Je suis croyant et Jésus nous a enseigné que le diable est ainsi».

Les migrants: un appel au dialogue

Parmi les autres thèmes abordés, celui des migrants, au cœur des préoccupations du Pape, qui précise que c’est pour cela qu’il a pris personnellement la direction de la section migrants du Dicastère pour le Développement humain intégral. Il rappelle qu’il faut en la matière «accompagner, promouvoir et intégrer». Là aussi c’est tout un processus, souligne-t-il. Et il faut pour cela dialoguer pour se mettre d’accord entre gouvernements.

François cite en exemple la Suède, qui à la fin des années 1970 a accueilli des Sud-Américains qui fuyaient les dictatures, détaillant la manière dont les Suédois se sont occupés de ces demandeurs d’asile. «Une merveille» pour le Pape. Or, quand on érige des murs, qu’on ne dialogue pas, ceux qui souffrent le plus, ce sont les plus faibles, en l’occurrence les migrants.

Vidéo: un appel à une prise de conscience 

Dans un extrait vidéo de cet entretien (à voir en tête de cet article), le Pape lance un vibrant appel à une prise de conscience de la souffrance de «tant de femmes assassinées, utilisées, vendues, exploitées», en s’appuyant notamment sur l’exemple de Rocio. Voici une traduction de son message:

«Je vous remercie pour tout. J’aimerais finir en évoquant Rocio cette femme n’a pas pu voir ses enfants, elle n’a pas pu les voir grandir, et nous avons là sa chemise. J’aimerais dire à ceux qui nous regarde que, plus qu’une chemise, c’est l’étendard , l’étendard de la souffrance de nombreuses femmes qui donnent vie et donnent la vie et qui passent anonymement. On connaît le nom de Rocio, pas celui de tant d’autres. De Grecia, aussi… Elles passent sans laisser de nom mais une semence. Le sang de Rocio et de tant de femmes assassinées, utilisées, vendues, exploitées… Il doit y avoir une prise de conscience de tout cela. J’aimerais demander à ceux qui nous regardent de respecter un temps de silence dans son cœur et de penser à Rocio, de mettre un visage à Rocio, de penser aux nombreuses femmes comme elle. Et si vous priez, priez, et si vous le souhaitez, désirez… Et que le Seigneur leur donne la grâce de pleurer, pleurer sur toute cette injustice, sur tout ce monde sauvage et cruel, où la culture n’est que question d’encyclopédie. Voilà, je voulais finir avec ce souvenir et ce mot : Rocio».

 

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28 mai 2019, 18:16