Le Pape François devant les magistrats de la Cour des comptes italienne, lundi 18 mars 2019, en salle Paul VI du Vatican. Le Pape François devant les magistrats de la Cour des comptes italienne, lundi 18 mars 2019, en salle Paul VI du Vatican.  

Le Pape vilipende la corruption et l’entrisme devant les magistrats financiers

Le Pape François a reçu des fonctionnaires de la Cour des comptes italienne lundi 18 février en salle Paul VI du Vatican. Il leur a livré un discours ferme aux accents politiques, orienté sur la lutte contre la corruption qu’il a qualifié de «cancer» et de «plaie pour le tissu social».

Devant les fonctionnaires de cette juridiction administrative italienne, le Souverain pontife argentin a insisté sur la nature éthique de l’institution. Une nature qui doit sous-tendre celle du fonctionnement de l’État, «responsable du soin et de la promotion du bien commun de la société» (Esort. Ap. Evangelii gaudium, 40).

Le bien commun, idéal régulateur

La Cour des comptes assure un service «indispensable fondé sur la justice au service du bien commun», a affirmé le Saint-Père, remerciant son président, Angelo Buscema.

Selon François, ce bien commun n’est pas seulement un concept idéologique ou théorique, mais «bien lié» aux conditions de développement complet de tous les citoyens pouvant être atteint, en tenant compte de la dignité de la personne dans son intégralité. 

Et le Pape d’insister: «Le bien de la personne humaine, toujours compris dans ses dimensions relationnelle et en communauté, doit constituer le critère essentiel de tous les organes et programmes d’une nation».

Avoir un sens aigu de la justice

Ce principe est également essentiel, a avancé François, pour mener à bien la délicate fonction de magistrat comptable. «Cela exige non seulement un haut niveau de professionnalisme et de spécialisation, mais surtout une conscience personnelle bien formée, un sens aigu de la justice, un engagement généreux envers les institutions et la communauté», a-t-il précisé.

 «En effectuant cette tâche, le magistrat croyant peut trouver de l'aide pour se référer à Dieu; le magistrat non croyant remplacera la référence au transcendant par la référence au corps social, avec un sens différent, mais avec le même engagement moral», a-t-il poursuivi avant de développer la bonne gestion des comptes.

La lutte contre la corruption

«Un contrôle strict des dépenses empêche la tentation, qui se répète chez ceux qui occupent des postes politiques ou administratifs, de gérer les ressources de manière non prudente, mais à des fins de favoritisme et de simple consentement électoral». Le Pape a ainsi plaidé pour une politique plus saine, afin de surmonter «les pressions vicieuses et l’inertie».

Dans cette perspective, le rôle important que le magistrat financier joue pour la communauté est placé, en particulier dans la lutte incessante contre la corruption. Et le Pape de vilipender: «C’est l’une des plaies les plus déchirantes du tissu social, car elle lui nuit gravement, tant d’un point de vue éthique qu’économique: avec l’illusion de gains rapides et faciles, elle appauvrit tout le monde en supprimant la confiance, la transparence et la fiabilité de l’ensemble du système. La corruption dégrade la dignité de l'individu et détruit tous les idéaux bons et beaux».

Une cour des comptes, outil efficace pour prévenir les abus

François a donc appelé à lutter fermement contre ce «cancer», d’autant que la Cour des comptes, dans l’exercice du contrôle de la gestion et des activités des administrations publiques, est «un outil efficace pour prévenir et influer sur l’illégalité et les abus». Dans le même temps, il peut indiquer les outils permettant de surmonter les inefficiences et les distorsions, a ajouté le Pape.

De leur côté, les administrateurs de l’institution doivent de plus en plus se sentir tenus d’agir avec transparence et honnêteté, favorisant ainsi la relation de confiance entre le citoyen et les institutions, dont la dissolution est l’une des manifestations les plus graves de la crise de la démocratie, a estimé l’évêque de Rome.

L’éthique suprême

François a donc défendu d’une part le contrôle strict des dépenses par la magistrature financière, de l’autre, et l’attitude correcte et claire des responsables des affaires publiques.

«L'État est appelé à exercer une fonction de surveillance indispensable, sanctionnant dûment les comportements illégaux». Le Pape François a enfin conclu son adresse aux magistrats romains les invitant à vivre le Carême comme une période de combat spirituel pour une humble ténacité, résistante à toutes les pressions.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

18 mars 2019, 13:08