Le message du Pape contre la peine de mort

Le Pape François a adressé un message vidéo aux participants au 7e Congrès mondial contre la peine de mort, actuellement organisé à Bruxelles.

Ce Congrès est organisé du 26 février au 1er mars à Bruxelles. Des anciens condamnés à mort et des activistes parmi lesquels Jerry Givens, un ancien bourreau ayant exécuté 62 personnes entre 1984 et 1999 dans l'État de Virginie, aux États-Unis, mais devenu depuis militant abolitionniste, participent à cette conférence, en présence également de responsables politiques.

Ce thème reste d'actualité malgré les progrès de la cause abolitionniste ces dernières années dans le monde. Au total, 142 pays ont, par loi ou dans la pratique, aboli la peine de mort. Cependant, environ 22 000 détenus attendent actuellement leur sort dans des couloirs de la mort. Près de mille exécutions ont été enregistrées en 2017, dans un total de 23 pays. L'Iran concentrait à lui seul la majorité des exécutions recensées (51%), devant l'Arabie saoudite, l'Irak, et le Pakistan. Ces données ne tiennent pas compte du phénomène des exécutions extrajudiciaires, pratiquées à grande échelle notamment aux Philippines dans le cadre de la guerre anti-drogue du président Rodrigo Duterte.

Le message du Pape François

Dans son message vidéo, le Pape revient sur les récentes évolutions dans la doctrine catholique sur ce thème. Voici le texte intégral de son intervention:

«Je salue les organisateurs et les participants au VIIe Congrès mondial contre la peine de mort, qui se tient à Bruxelles.

La vie humaine est un don que nous avons reçu, le plus important et premier, source de tous les autres dons et de tous les autres droits. Et en tant que tel, il doit être protégé. En outre, pour le croyant, l’être humain a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Cependant, tant pour les croyants que pour les non-croyants, chaque vie est un bien et sa dignité doit être assurée sans exception.

La peine capitale suppose donc une violation grave du droit à la vie que chaque personne détient. S’il est vrai que les sociétés et les communautés humaines doivent fréquemment  faire face à de très graves délits qui portent atteinte au bien commun et à la sécurité des personnes, il n’est pas moins vrai qu’il y a aujourd’hui d’autres moyens d’expier le dommage causé, et les systèmes de détention sont toujours plus efficaces pour protéger la société du mal que peuvent provoquer certaines personnes. D’autre part, on ne peut jamais abandonner la conviction d’offrir y compris à celui qui est coupable de crimes la possibilité de se repentir.

Pour cette raison-là, le fait que toujours plus de pays misent sur la vie et n’emploient plus la peine de mort, ou l’aient complètement éliminée de leur législation pénale reste toujours un signe positif.

L’Église a toujours défendu la vie, et sa vision concernant la peine de mort a mûri. Pour cette raison, j’ai souhaité que dans le Catéchisme de l’Église Catholique ce point soit modifié. Pendant longtemps, on pris en compte la peine de mort comme une réponse adaptée à la gravité de certains délits et aussi pour protéger le bien commun. Toutefois, la dignité de la personne ne se perd pas, quand bien même elle aurait commis le pire des crimes. À personne, on ne peut retirer la vie et la priver de l’opportunité de pouvoir embrasser de nouveau la communauté qu’elle a blessée et fait souffrir.

L’objectif de l’abolition de la peine de mort au niveau mondial représente une affirmation courageuse du principe de la dignité de la personne humaine et de la conviction que le genre humain puisse affronter le crime, aussi bien que refuser le mal, en offrant au condamné la possibilité et le temps pour réparer le dommage commis, penser à son acte et pouvoir ainsi changer de vie, au moins intérieurement.

Je vous accompagne par ma prière et je vous encourage dans vos travaux et délibérations, ainsi que les gouvernants et tous ceux qui ont des responsabilités dans leur pays, pour que se réalisent les pas nécessaires vers l’abolition totale de la peine de mort. Il est de notre responsabilité de reconnaître en chaque personne sa dignité et de travailler pour que l’on n’élimine pas davantage de vies, mais que l’on en gagne pour le bien de toute la société. Merci beaucoup.»

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27 février 2019, 11:01