Ouverture du Synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, le 3 octobre 2018 en salle du Synode au Vatican.   Ouverture du Synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, le 3 octobre 2018 en salle du Synode au Vatican.  

Le Pape ouvre le Synode «pour faire ressusciter une aube d’espérance»

Dans un discours fleuve très didactique, le Pape François a livré sa définition du synode, donnant le ton des vingt-cinq jours à venir.

Delphine Allaire - Cité du Vatican

«En entrant dans cette salle pour parler des jeunes, on sent déjà la force de la présence des jeunes qui émet positivité et enthousiasme, capables d’envahir et de réjouir non seulement cette salle, mais toute l’Église et le monde entier», s’est d’emblée exclamé le Souverain pontife, inaugurant les travaux de la XXVème Assemblée générale du synode des évêques, mercredi 3 octobre 2018. 

Le Pape qui a pris le temps de remercier le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du Synode, les présidents délégués, le cardinal Sergio da Rocha, rapporteur général, ou encore Mgr Fabio Fabene, sous-secrétaire du Secrétariat général ainsi que tous les assistants, pères synodaux, auditeurs, auditrices, experts et consulteurs, aux délégués fraternels, traducteurs, choristes et journalistes.

Le pari de l’Église

Mais les remerciements du Souverain pontife se sont faits particulièrement saillants à l’égard des jeunes, qu’ils soient physiquement présents dans la salle du Synode ou qu’ils aient tout simplement fait entendre leur voix en vue de cet événement ecclésial. 

«Je les remercie pour avoir voulu parier que cela vaut la peine de se sentir membres de l’Église ou d’entrer en dialogue avec elle, que cela vaut la peine de faire briller et de transmettre le message indémodable du Christ; que cela vaut la peine de s’agripper à la barque de l’Église qui, même à travers les tempêtes impitoyables du monde, continue à offrir à tous refuge et hospitalité», a-t-il affirmé, très reconnaissant.

«Nager à contrecourant»

«Cela vaut la peine de nager à contrecourant et de s’attacher à des valeurs supérieures : la famille, la fidélité, l’amour, la foi, le sacrifice, le service, la vie éternelle», a poursuivi le successeur de Pierre devant l’assemblée des 267 pères synodaux. De ce fait, une grande responsabilité s’impose, estime le Pape adoptant la posture toute pascalienne du pari de Dieu: «Nous devons démontrer à ces jeunes qu’ils ont eu raison de parier: vraiment cela vaut la peine, vraiment ce n’est pas du temps perdu !», a-t-il lancé, avant de préciser tout en nuances combien «l’univers des jeunes» était diversifié, et donc qu’il ne pouvait être totalement représenté. 

Le Synode, exercice de courage

Le Pape a livré une démonstration en plusieurs temps, assurant que ce Synode serait d’abord un moment de courage et de franchise. «Une critique honnête et transparente est constructive et cela aide, au contraire des bavardages inutiles, des rumeurs, des conjectures et des préjugés».

À ce courage doit correspondre l’humilité de l’écoute, a manifesté le Pape, insistant sur l’importance du dialogue, comme fruit d’une maturation intellectuelle et spirituelle. «Le Synode doit être un exercice de dialogue», a-t-il martelé.  

Le Synode, exercice de discernement

Outre un exercice de courage et de dialogue, le Synode est un exercice ecclésial de discernement, a aussi pointé François.

«Le discernement n’est pas un slogan publicitaire, ni une technique d’organisation, ni même une mode de ce pontificat, mais une attitude intérieure qui s’enracine dans un acte de foi», a-t-il explicité. Le discernement comme méthode et comme objectif, a pointé le Pape jésuite, ajoutant que cette attention à l’intériorité était «la clef pour réaliser le chemin de la reconnaissance, de l’interprétation et du choix».

Le Synode, exercice d’écoute

En effet, a relevé l’évêque de Rome, «nous sommes signes d’une Église à l’écoute et en chemin», observant le «déficit d’écoute» subit par les jeunes. Et pour cause, selon le Pape, une Église qui n’écoute pas «se montre fermée à la nouveauté ne pourra pas s’avérer crédible pour les jeunes, qui inévitablement s’en éloigneront plutôt que de s’en approcher».

Sortir des préjugés réciproques

Pour ce faire, il s’agit de sortir des préjugés et des stéréotypes, à commencer par les plus classiques: les jeunes tentés de considérer les adultes comme dépassés; les adultes tentés de prendre les jeunes pour inexpérimentés. La plus grande partie des personnes ici présentes n’appartient pas à la génération des jeunes, a mentionné François, avant de prévenir: «il est donc clair que nous devons surtout faire attention au risque de parler des jeunes à partir de catégories et de schémas mentaux désormais dépassés». Le but est de former «une alliance entre générations».

Pour François, les jeunes, au contraire, doivent vaincre la tentation de ne pas écouter les adultes et de considérer les personnes âgées comme “des affaires anciennes, passées et ennuyeuses”, conseille-t-il. «Négliger le trésor d’expérience dont toute génération hérite et transmet à l’autre est un acte d’autodestruction».

La lutte contre le cléricalisme

Cette écoute et cette sortie des stéréotypes est aussi un puissant antidote pour vaincre la plaie du cléricalisme, a stipulé le Pape.

«Le cléricalisme naît d’une vision élitiste et exclusive de la vocation qui interprète le ministère reçu comme un pouvoir à exercer plutôt que comme un service gratuit et généreux à offrir», a-t-il précisé, ajoutant fermement que le cléricalisme était une «perversion», à la racine de nombreux maux dans l’Église.

La lutte contre l’autosuffisance

D’une part lutter contre le cléricalisme, mais aussi contre l’autosuffisance et «les conclusions hâtives» fréquentes chez de nombreux jeunes. C’est ce que le Pape a souhaité faire émerger dans son solennel discours d’ouverture.

«Répudier et rejeter tout ce qui a été transmis au cours des siècles conduit uniquement à un dangereux égarement qui, malheureusement, est en train de menacer notre humanité», a-t-il déplorant, liant cela à un état de désenchantement qui a envahi les cœurs de générations entières.

«L’avenir n’est pas à craindre» 

Que faire alors? Espérer «que le Synode réveille nos cœurs !», s’est-il réjoui. En effet, le présent, y compris celui de l’Eglise, apparaît chargé d’ennuis, de problèmes, de fardeaux. «L’avenir n’est pas une menace qu’il faut craindre». «Nous avons besoin de retrouver les raisons de notre espérance et surtout de les transmettre aux jeunes qui sont assoiffés d’espérance», a-t-il plaidé.

L’intergénérationnel, source d’espérance

Et c’est cette rencontre entre générations qui peut être extrêmement féconde et en mesure de générer l’espérance, selon le Souverain pontife qui s’est plu à citer le prophète Joël: «Vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions» (3, 1).

Fuir les immédiatetés

Le Pape a alors voulu lancer un appel: «Ne nous laissons donc pas tenter par les “prophéties de malheur”, ne dépensons pas nos énergies à «compter les échecs et ressasser les amertumes», ayons le regard fixé sur le bien qui «souvent ne fait pas de bruit, n’est pas le thème des blogs et ne fait pas la une des journaux», et ne soyons pas effrayés «devant les blessures de la chair du Christ, toujours infligées par le péché et souvent par les enfants de l’Église».

Faire germer des rêves et susciter des prophéties

Dans la lignée de son homélie inaugurale du même jour axée sur la prophétie, la vision et les rêves, le but de ce synode est somme toute, selon François, non pas seulement de faire émerger un document qui sera lu par un tout petit nombre, a-t-il poursuivi, mais surtout de «faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces et inspire les jeunes».

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03 octobre 2018, 18:22