Le Pape François au château de Dublin pour rencontrer les autorités civiles, politiques et diplomatiques irlandaises, le 25 août 2018. Le Pape François au château de Dublin pour rencontrer les autorités civiles, politiques et diplomatiques irlandaises, le 25 août 2018. 

Le Pape en Irlande: soutien aux familles et lutte contre les abus

Premier rendez-vous du Pape François de ce voyage apostolique en Irlande, sa rencontre avec les autorités politiques du pays, qui s’est déroulée à la mi-journée du samedi 25 août au château de Dublin. Le Pape y a livré un plaidoyer pour la famille comme «ciment de la société».

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Le Pape a été accueilli par le Premier ministre irlandais Léo Varadkar. Il a signé un livre d’or avant de se rendre dans la salle Saint Patrick du château pour saluer les 250 personnes présentes: autorités politiques et religieuses, corps diplomatique et représentants de la société civile.

Dans son discours, le Saint-Père a d’abord remercié les Irlandais pour leur accueil, et salué «la tradition d’hospitalité cordiale pour laquelle ils sont connus dans le monde entier». C’est ensuite un plaidoyer pour la famille que le Pape a développé, rappelant le sens de sa venue en terre irlandaise: «L’Église ressent la nécessité de soutenir les familles dans leurs efforts pour répondre fidèlement et joyeusement à la vocation que Dieu leur a donnée dans la société.» 

Cette Rencontre mondiale des familles, a-t-il poursuivi, est une occasion pour tous ses participants de réaffirmer leur engagement «à la fidélité affectueuse, à l’aide mutuelle et au respect sacré du don divin de la vie sous toutes ses formes, mais aussi de témoigner du rôle unique exercé par la famille dans l’éducation de ses membres et dans le développement d’un tissu social sain et florissant.»

La famille, berceau des premiers pas dans la vie

Conscient des difficultés auxquelles sont confrontées les familles, François a souligné qu’elles étaient «le ciment de la société», par conséquence son bien «doit être promu et protégé par tous les moyens appropriés.»

La Famille est un lieu de protection, c’est là que nous avons appris à faire les premiers pas dans la vie, que nous avons appris à vivre ensemble de manière harmonieuse, à contrôler nos instincts égoïstes, à concilier les différences, a poursuivi le Pape, qui a relevé la dimension universelle de la famille: «Comme nous avons besoin de retrouver, dans tous les milieux de la vie politique et sociale, le sens d’être une vraie famille de peuples !»

«Ici, en Irlande, ce défi prend une résonance particulière», a poursuivi le Saint-Père, considérant le long conflit qui a séparé des frères et des sœurs d’une unique famille. Des mots prononcés devant l’assemblée, où avait pris place une délégation d’Irlande du Nord.

Un fondement spirituel au service du bien commun

«Nous pouvons rendre grâce pour les deux décennies de paix qui ont suivi cet accord historique», a dit le Pape, saluant l’accord du Vendredi Saint qui mis fin au conflit entre Nord et Sud, précisant que «la véritable paix est un don de Dieu». Il demande, par conséquent, «une constante conversion, pour construire une société vraiment solidaire, juste et au service du bien commun.»

Et sans ce fondement spirituel, «l’idéal d’une famille mondiale des nations risque de n’être rien d’autre qu’un lieu commun vide», a averti le Souverain Pontife. Une société où se développe la «culture du déchet», l’indifférence aux pauvres et aux plus vulnérables, «y compris les enfants non nés, privés du droit même à la vie», a précisé le Pape.

François est aussi revenu une nouvelle fois sur la crise migratoire qui frappe l’Europe, peut-être «le défi qui provoque le plus nos consciences». La solution de cette crise exige «sagesse, largeur d’esprit et une préoccupation humanitaire qui va bien au-delà de décisions politiques à court terme», a-t-il expliqué.

Les abus sexuels, cause de souffrance et de honte

Dans son discours, le Pape n’a pas non plus éludé la douloureuse question des abus sur mineurs qui pèse lourdement dans l’histoire de l’Église irlandaise. Il a remercié la ministre de l’Enfance irlandaise pour ses paroles lors de son accueil à l’aéroport le matin même, ajoutant: «Je ne peux que reconnaître le grave scandale causé par les abus sur les mineurs de la part des membres de l’Église chargés de les protéger et de les éduquer», a-t-il expliqué, pointant «l’échec des autorités ecclésiastiques, pour affronter de manière adéquate ces crimes ignobles».

«Mon prédécesseur, le Pape Benoît, n’a pas épargné les mots pour reconnaître la gravité de la situation», a poursuivi François faisant allusion à la lettre écrite aux catholiques d’Irlande en 2010, des mots qui doivent encore encourager l’action de l’Église pour que ces faits ne se reproduisent jamais plus.

«Je souhaite que la gravité des scandales des abus, qui ont fait émerger les défaillances de beaucoup, serve à souligner l’importance de la protection des mineurs et des adultes vulnérables de la part de toute la société», a aussi souligné le Pape, rappelant sa «Lettre au peuple de Dieu». Il a ensuite évoqué le rôle majeur de promotion du bien des enfants de l’Église irlandaise, un rôle «qui ne peut pas être occulté».

Le Saint-Père a enfin achevé son discours en rendant hommage à la richesse historique et spirituelle de l’Irlande, vantant ses «saints et ses érudits qui se sont sentis inspirés à quitter ces rivages et à porter la foi nouvelle sur d’autres terres».

«Aujourd’hui comme par le passé, des hommes et des femmes qui habitent ce pays s’efforcent d’enrichir la vie de la nation avec la sagesse née de la foi», a souligné François qui a affirmé prier afin que l’Irlande «n’oublie pas les vibrantes mélodies du message chrétien, qui l’ont soutenue dans le passé et peuvent continuer à le faire dans l’avenir».

 

 

 

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25 août 2018, 14:10