Les dirigeants du monde entier saluent la mémoire de François
Alexandra Sirgant – Cité du Vatican
Le monde pleure la perte d’un artisan de la paix, dont la voix n’a cessé de condamner la guerre et de défendre les plus fragiles. En Argentine, pays natal de ce Pape venu «du bout du monde», sept jours de deuil national ont été décrétés par le gouvernement. Le président Javier Milei, reçu au Vatican en février 2024, a salué la «bonté» et la «sagesse» du premier Souverain pontife argentin de l'histoire de l'Église, et exprimé sa «profonde douleur».
Une douleur partagée à Rome par le président de la République italienne, Sergio Mattarella, qui souligne dans un message vidéo publié sur le site du Quirinal, «le grave vide créé par la disparition d'un point de référence qu'il a toujours représenté pour moi». «Son enseignement, a-t-il ajouté, rappelait le message évangélique, la solidarité entre les hommes, le devoir de proximité avec les plus faibles, la coopération internationale et la paix dans l'humanité. Notre gratitude à son égard doit se traduire par la responsabilité de travailler, comme il l'a fait constamment, à la réalisation de ces objectifs».
Un défenseur des droits humains
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a décrit dans un communiqué paru ce lundi «un messager d'espoir, d'humilité et d'humanité». «Il laisse derrière lui un héritage de foi, de service et de compassion pour tous, spécialement ceux qui sont à la marge ou piégés dans les horreurs de la guerre», ajoute-t-il.
Dans son message pour la bénédiction Urbi et Orbi lu ce dimanche, le Pape François réitérait son souhait que vienne la lumière de la paix dans le monde entier, avec une attention particulière portée à la Terre Sainte. Depuis le 7 octobre 2023, le 266e Successeur de Pierre n’a cessé d’exprimer sa solidarité envers les souffrances des chrétiens de Palestine et d’Israël, ainsi que de tout le peuple israélien et de tout le peuple palestinien. De part et d’autre de la frontière, les dirigeants de la région saluent l’empathie du Pape François: le président israélien Isaac Herzog décrit «un homme de foi profonde et de compassion sans fin», tandis que le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas rend hommage à «un ami fidèle du peuple palestinien». Un ami «cher» également du Liban voisin, selon le président Joseph Aoun, qui déplore la perte d’un «fervent soutien» et évoque une «perte pour toute l’humanité». Trois jours de deuil national ont été décrétés dans le pays du Cèdre.
Dans son dernier message au peuple de Dieu, l’évêque de Rome a également eu une pensée pour l’Ukraine martyrisée, et encouragé «tous les acteurs à poursuivre les efforts pour parvenir à une paix juste et durable». Sur le réseau social X, le président ukrainien, reçu à trois reprises au Vatican, a salué celui qui a «su donner de l’espoir, soulager la souffrance par la prière et favoriser l’unité». «Il a prié pour la paix en Ukraine et pour les Ukrainiens» a souligné Volodymr Zelensky. Le président russe Vladimir Poutine rend lui hommage à un «défenseur constant des hautes valeurs de l'humanisme et de la justice».
Un Pape tourné vers l’Afrique
Autre théâtre de guerre cher au Pape François, la République démocratique du Congo. Le Souverain pontife s’était rendu dans le plus grand pays catholique francophone au monde en janvier 2023, et avait depuis multiplié les appels pour la cessation des combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, dans l’est du pays. Le président congolais Félix Tshisekedi rend, dans un communiqué paru en début d’après-midi ce lundi, «un hommage à la mémoire de ce grand serviteur de Dieu, dont la vie a été un témoignage vibrant de foi, d’humilité et d’engagement indéfectible pour la paix, la justice et la dignité humaine». «Les Congolais, en particulier, garderont un souvenir impérissable de l’héritage spirituel du Pape François» assure le président congolais, tout en remerciant le Pape défunt pour ses «prières ferventes, notamment lors des messages Urbi et Orbi». Au siège de l’Union africaine a Addis Abeba, le président de la Commission de l’UA, Mahamoud Ali Youssouf, a salué sur X «l'engagement courageux du Pape sur le continent africain, en amplifiant les voix de ceux qui n'en ont pas, en défendant la paix et la réconciliation, et en se montrant solidaire de ceux touchés par les conflits et la pauvreté».
Les chancelleries occidentales ont également réagi. «Repose en paix, Pape François! Que Dieu le bénisse, ainsi que tous ceux qui l'ont aimé», a écrit le président américain Donald Trump dans un court message sur sa plateforme Truth Social, alors que son vice-président J.D. Vance a été reçu dimanche 20 avril par François à la maison Sainte-Marthe. Son prédécesseur Joe Biden a également réagi, qualifiant le Pontife de «l’un des dirigeants les plus importants de notre époque», et saluant tout particulièrement «son combat contre la pauvreté». Il a toujours été «aux côtés des plus vulnérables et des plus fragiles» a souligné le président français Emmanuel Macron, qui a rencontré pour la dernière fois le Saint-Père en décembre 2024 lors du 47e voyage apostolique en Corse, le dernier de son pontificat.
Une attention portée aux périphéries
Parmi les temps forts des derniers mois, le voyage du Pape François en Asie du Sud-Est et en Océanie en septembre dernier, le plus long de tout son pontificat. Muni de son bâton de pèlerin, le Souverain pontife avait parcouru 30 000 kilomètres à travers les deux continents afin de se rendre en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour. Cette visite a été «un moment d'une immense importance spirituelle pour notre pays», a affirmé le premier ministre de la Papouasie Nouvelle-Guinée, James Marape en ajoutant que «ses échanges avec les jeunes et les responsables d'église ont laissé une impression indélébile sur tous ceux qui en ont été témoins». Une marque indélébile laissée également au Timor oriental, pays le plus catholique du monde qui décrète une semaine de deuil, mais aussi en Indonésie, où 88% de la population est musulmane. Le Pape a «laissé une impression profonde non seulement parmi les catholiques mais aussi dans le cœur de tous les Indonésiens» selon le président indonésien Prabowo Subianto, qui déplore la perte d’un «modèle qui a montré un grand engagement envers la paix, l'humanité et la fraternité».
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