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Manifestations autochtones à Quito, capitale équatorienne, le 27 juin 2022. Manifestations autochtones à Quito, capitale équatorienne, le 27 juin 2022.   Les dossiers de Radio Vatican

Équateur: «Le président veut diviser les communautés autochtones»

Les pourparlers entre les groupes autochtones équatoriens et le gouvernement se sont poursuivis tard dans la journée de lundi 27 juin. Le gouvernement du président Guillermo Lasso cherche à mettre fin aux manifestations qui frappent depuis 16 jours l'économie du pays, et menace sa production de pétrole.

Entretien réalisé par Claire Riobé - Cité du Vatican

L'Équateur vit ses pires heures depuis l’élection de son président Guillaume Lasso, en 2021. Depuis 16 jours, le pays est partiellement paralysé par la mobilisation d’au moins 30 000 personnes indigènes, réunie en sein de l’association de la Conaie, qui maintiennent la capitale, Quito, en quasi état de siège. 

L’organisation, qui rassemble le million d’habitants autochtones en Équateur, a plusieurs revendications : elle proteste contre la hausse des prix des carburants et contre l'octroi de concessions minières dans les territoires autochtones, et demande davantage d'emplois pour les  autochtones, ainsi qu'un contrôle du prix des produits agricoles. 

Premières concessions, demande de destitution

Après de violentes manifestations qui avait déjà secoué le pays en octobre 2019, l'ampleur des manifestations actuelles met en difficulté le gouvernement, qui tente de reprendre la main sur une situation politique explosive qui semble lui avoir échappé. Plus de 6 personnes ont déjà été tuées dans des heurts avec l’armée, 500 blessées et 80 arrêtées, selon le dernier bilan des ONG sur place.


Samedi 25 juin, le président Lasso a pour la première fois fait quelques concessions, en abaissant notamment de 10 centimes le prix de l’essence et du diesel. L'homme d'État libéral-conservateur reste cependant sur la sellette : le Parlement examine ces jours-ci une demande pour son éventuelle destitution.

Radicalité des manifestations

L'inflation généralisée des prix en Amérique latine, répercussion directe de la guerre en Ukraine, a de grandes conséquences depuis février 2022 sur les populations les plus vulnérables du continent. Si des manifestations se sont produites simultanément dans d'autres États de la région, c'est en Équateur qu'elles sont les plus radicales.

Pour Jimena Reyes, responsable du Bureau des Amériques à la Fédération internationale des droits humains, à Bruxelles, le phénomène s'explique par la forte capacité de la Conaie à mobiliser les populations. «L'Équateur a une histoire témoin d'une capacité de mobilisation forte et rapide des populations autochtones», confirme-t-elle. La Conaie avait ainsi participé aux soulèvements qui ont renversé, entre 1997 et 2005, trois présidents équatoriens, et ont ponctué l'histoire récente du pays. «C'est bien cela que le président essaye d'affaiblir», indique-t-elle. «Il considère qu'il peut négocier avec d'autres acteurs que la Conaie, dans une volonté de diviser les communautés autochtones». 

Entretien avec Jimena Reyes responsable du Bureau des Amériques à la Fédération internationale des droits humains.

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28 juin 2022, 12:09