Recherche

Des migrants grimpent le long d'un mur à Fnideq, dans le nord du Maroc. Des migrants grimpent le long d'un mur à Fnideq, dans le nord du Maroc.  

Oujda, cul-de-sac de milliers de migrants

Ce lundi, c’est la Journée mondiale des Réfugiés de l’ONU. Fin 2021, 89,3 millions de personnes à travers le monde avaient dû quitter leur foyer pour de multiples raisons. Ils sont aujourd’hui près de cent millions avec la guerre en Ukraine. Caritas Internationalis contribue à leur venir en aide, notamment au Maroc.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

La guerre, la famine, les persécutions religieuses ou politiques, le changement climatique ou la pauvreté : les réfugiés et les déplacés internes sont environ cent millions aujourd’hui à travers le monde selon le HCR, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés. À ce nombre s’ajoute tous ceux qui tentent d’avoir une vie meilleure loin de chez eux, mais qui ne le peuvent via les canaux légaux, et se retrouvent aux mains des trafiquants d’êtres humains ou coincés dans un pays tiers.

C’est le cas de migrants d’origine subsaharienne qui, après avoir traversé l’Algérie, arrivent au Maroc et aboutissent à Oujda, dans le nord-ouest du pays. 35 nationalités cohabitent dans le centre géré par Caritas. Les migrants y sont accueillis pendant une période allant de quelques jours à six mois, le temps de se restaurer, de se reposer après un voyage le plus souvent éprouvant, en particulier l’hiver, quand certaines souffrent d’engelures qu’il faut parfois amputer.


Aloysius John, secrétaire général de Caritas Internationalis s’est rendu sur place il y a quelques jours pour se rendre compte de la situation et des besoins. Il s’est entretenu avec ces hommes pour la plupart en quête d’une vie meilleure, «souvent poussés par le changement climatique», relate-t-il. «Leur famille a déjà quitté le village pour aller en ville où leurs amis sont déjà partis pour l’étranger». Motivés par ces exemples, ils commencent alors un long périple qui les amène à Oujda où ils restent bloqués. Le Maroc tente de les empêcher de rejoindre l’Espagne, soit par la mer soit par les enclaves de Ceuta et Melilla et ils sont dans l’incapacité de retourner chez eux.

Si certains veulent poursuivre le voyage, convaincus que la vie sera bien meilleure en Europe, d’autres comprennent leur erreur, comme ils l’ont confié à Aloysius John. En réalité, «ils ne veulent pas quitter leur pays mais ils le font car c’est une question de survie» pour eux et pour leur famille. «Ce n’est donc pas en construisant des murs, en payant le Maroc pour qu’il les garde chez lui qu’on va résoudre le problème» explique le secrétaire général de Caritas. Les migrations ne s’arrêteront pas, car «ces gens sont aveuglés par la souffrance» et sont prêts à tout pour partir.

«Le défi aujourd’hui est de savoir comment développer ces pays pour que ces jeunes qui sont formés ou qui peuvent travailler puissent rester chez eux en restant dignes. Aujourd’hui, il y a une quête pour la dignité, pour la survie». Caritas Internationalis prend sa part et mène des actions dans ces pays, mais «ce sont des gouttes d’eau dans l’océan» reconnait Aloysius John qui n’entend pas baisser les bras pour autant.

Entretien avec Aloysius John, secrétaire général de Caritas Internationalis


Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

20 juin 2022, 11:14