Un membre de la Défense territoriale à Kiev le 27 février 2022 Un membre de la Défense territoriale à Kiev le 27 février 2022  Les dossiers de Radio Vatican

La résistance des Ukrainiens, une lutte pour la dignité de tous

Les Ukrainiens résistent, malgré un rapport de force largement en faveur de la Russie. Civils et militaires sont pour le moment déterminés à faire front face à l’armée russe venue, selon la version du Kremlin, «libérer» l’Ukraine des «nazis». Le philosophe ukrainien Constantin Sigov estime que cette guerre dépasse les simples frontières de son pays, et que les Ukrainiens combattent pour leur dignité et celle des autres Européens.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

S’il y a bien une image qui témoigne de l’état d’esprit des Ukrainiens et de leur résistance, c’est celle des files devant les centres de dons du sang: «elle est plus longue que celle pour acheter du pain» témoigne Constantin Sigov, professeur de philosophie, directeur du centre européen de recherche en sciences humaines de l’université de Kiev. La queue pour recevoir une arme distribuée par les autorités est également éloquente, note-t-il. «Les gens sont déterminés à défendre leur famille, leur patrie, sans aucun esprit de vengeance envers les Russes. Les Ukrainiens ne veulent pas envahir les territoires russes», poursuit-il. «Ce que l’on veut, c’est que tous les soldats russes rentrent dans leurs casernes».


Lutte pour la dignité

Ce qui motive les Ukrainiens, ce sont «les motivations de chaque être humain»: «la famille, les enfants, les personnes âgées, la patrie, la culture, la liberté, la dignité de chaque être humain» détaille Constantin Sigov. «Notre volonté est d’arrêter cette guerre, d’arrêter nos morts mais aussi ceux des Russes» affirme-t-il.

Dans cette optique, juge-t-il, les sanctions économiques prises par les Occidentaux à l’encontre de la Russie sont une bonne chose pour cesser un conflit qui confine à l’absurde. «Les soldats russes qui ont été faits prisonniers ont raconté qu’ils n’avaient pas été prévenus qu’ils allaient faire la guerre. Ils sont très souvent déboussolés, désorientés, ils n’ont pas de téléphone portable, ils ne savent pas où ils sont et ils rendent très souvent les armes. Ils ne veulent même pas participer le plus souvent à cette guerre sale», raconte Constantin Sigov.

Reconstruire l’Europe sur la justice

Avec cette guerre, le monde assiste à une «transgression violente de l’ordre international, c’est-à-dire tout ce que l’Europe a mis en place après la Seconde Guerre mondiale». Pour reconstruire une nouvelle sécurité sur le Vieux Continent, il faut ainsi renvoyer «tous ces dossiers devant le Tribunal de la Haye» considère le directeur du centre européen de recherche en sciences humaines de l’université de Kiev. «Il faut arrêter les responsables comme on l’a fait avec Milosevic», «reconstruire l’Europe et l’Ukraine sur la base des droits de l’Homme, de la dignité : on ne peut plus permettre au Kremlin de diriger l’État de manière criminelle. Et c’est nécessaire d’ailleurs pour les citoyens russes. Notre slogan est classique : Pour notre liberté et la vôtre. Il s’agit de la liberté de tous les citoyens depuis Rome, Lisbonne jusqu’à Vladivostok».

Le soutien des Européens via l’aide militaire et humanitaire ou via les sanctions contre la Russie est dans ce contexte plus qu’apprécié reconnaît Constantin Sigov. Pour le professeur, tous les pays ont compris qu’il faut arrêter «l’incendie à sa source», ce désastre qui fait penser à «Néron», «à la folie du tyran qui fit brûler Rome».

Entretien avec Constantin Sigov, directeur du centre européen de recherche en sciences humaines de l'université de Kiev

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01 mars 2022, 15:08