Au Mali, près de Mopti, pêche et lessive dans la rivière Bani, en mars 2021. Au Mali, près de Mopti, pêche et lessive dans la rivière Bani, en mars 2021.   Les dossiers de Radio Vatican

Les pays en conflit, disproportionnellement touchés par les changements climatiques

Selon un rapport du CICR (Comité International de la Croix-Rouge), les personnes vivant dans des zones de conflit sont plus vulnérables à la crise climatique. Comment expliquer ce constat ? L’analyse de Catherine-Lune Grayson, conseillère en politique humanitaire au CICR, spécialiste des questions liées aux changements climatiques et aux conflits armés.

Marine Henriot – Cité du Vatican

Sur les 20 pays les plus touchés par les changements climatiques, 12 sont en situation de conflit, selon un rapport du CICR intitulé «Quand la pluie devient poussière». 

D’ici 2050, 200 millions de personnes pourraient avoir besoin d’une assistance humanitaire à cause des changements climatiques, soit deux fois plus qu’actuellement, alerte le comité. Sur la surface du globe, personne n’est épargné, mais il apparait que les pays en situation de conflit sont touchés de façon disproportionnée par la crise climatique, c’est le cas par exemple de la Somalie, de la Centrafrique, de l’Afghanistan ou du Yémen.

«Ce n’est pas le changement climatique qui cause des conflits armés, mais les pays qui sont en situation de conflit armés se retrouvent particulièrement démunis lorsqu’il s’agit de s’adapter ou de faire face à des chocs», explique Catherine-Lune Grayson, conseillère en politique humanitaire au CICR, spécialiste des questions liées aux changements climatiques et aux conflits armés, «parce les institutions sont affaiblies, parce que le tissu économique ou social est également affaibli lors d’un conflit. Alors que ces éléments sont essentiels pour être capable de faire face à des chocs climatiques de plus en plus fréquents».

Mise à mal des mécanismes de survie 

Dans certaines régions du monde comme dans la bande sahélienne, la population se trouve prise en étau entre les deux fléaux. Par exemple dans le nord du Mali, note le CICR, des éleveurs et des agriculteurs qui avaient l’habitude de se déplacer pour faire face aux sécheresses ou aux inondations n’ont pas pu faire ce déplacement à cause des violences. Les parcours de transhumances traditionnelles sont ainsi bouleversés, créant des tensions entre les communautés et augmentant l’insécurité alimentaire. «Les éleveurs n’arrivent pas à se déplacer à cause de l’insécurité, et peuvent se retrouver dans certains lieux où ils n’ont pas les ressources pour leurs animaux, et les animaux vont dépérir».

Par ailleurs, les violences peuvent parfois limiter voire rendre impossible l’aide de l’État ou le soutien humanitaire. «Les mécanismes de survie des populations sont mises à mal», explique la spécialiste.

Entretien avec Catherine-Lune Grayson

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13 janvier 2022, 17:39