Le conflit dans le Tigré a été déclenché il y a 1 an et menace aujourd'hui la capitale éthiopienne Le conflit dans le Tigré a été déclenché il y a 1 an et menace aujourd'hui la capitale éthiopienne 

Arrestation de 17 missionnaires salésiens en Éthiopie

Les forces militaires gouvernementales ont arrêté vendredi des religieux, des prêtres et des employés d'un centre salésien. Les européens et les non-Éthiopiens ont été immédiatement libérés. Mais les laïcs et consacrés d’origine tigréenne ont été emmenés vers un lieu inconnu.

Amedeo Lomonaco - Cité du Vatican

L'Éthiopie vit des heures de chaos et d'incertitude. L'avancée du Front de libération du Tigré (TPLF) vers la capitale Addis Abeba semble inexorable. La diplomatie internationale continue d'œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu pour mettre fin à un conflit qui, depuis 1 an, a causé des milliers de morts et le déplacement de plus de deux millions de personnes.

Raid militaire sur un centre géré par des salésiens

Dans ce contexte, la capitale éthiopienne a été le théâtre d’arrestations préventives de personnes ayant pour seule culpabilité d'être d'origine tigrinya. Le 5 novembre, les forces militaires gouvernementales ont fait une descente dans un centre géré par les salésiens dans le quartier de Gottera à Addis Abeba. Dix-sept personnes ont été arrêtées, toutes d'origine tigrinya, dont des prêtres et des employés du centre. Ces personnes ont ensuite été emmenées vers un lieu inconnu. La nouvelle a été confirmée par l'agence Fides. Les salésiens d'Éthiopie, dans un message envoyé à l'organe d'information des Œuvres Pontificales Missionnaires, invitent à «prier pour la paix et l'unité du pays». Comme le rapporte le site d'information Africa ExPress, des policiers ont également pénétré dans la cathédrale chrétienne orthodoxe d'Addis Abeba, obligeant les prêtres et les moines tigréens à interrompre le culte. Les ecclésiastiques ont ensuite été embarqués dans des fourgons des forces de sécurité et emmenés, eux aussi, dans des lieux non identifiés.

La prière du Pape à l'Angélus

Dans une situation de souffrance, de pauvreté, de peur et de précarité absolue, tous les chrétiens d'Éthiopie espèrent que l'appel du Pape à l'Angélus du 7 novembre, l'intervention de l'Union africaine et celle de l'envoyé américain dans la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, contribueront à apaiser la situation. Lors de l'Angélus de dimanche dernier, le Souverain Pontife s'est dit préoccupé par la situation en Éthiopie, «secouée par un conflit qui dure depuis plus d'un an, qui a fait de nombreuses victimes et provoqué une grave crise humanitaire». Le Pape a ensuite renouvelé son appel «à faire prévaloir la concorde fraternelle et la voie pacifique du dialogue».

Désarroi et appréhension

«La nouvelle de l'arrestation des prêtres, diacres et laïcs éthiopiens et érythréens vivant dans la maison provinciale salésienne nous laisse consternés», a déclaré le père Moses Zerai, président de l'agence Habeshia. «Nous n'arrivons toujours pas à comprendre les raisons d'un acte aussi grave : pourquoi arrêter des prêtres qui accomplissent leur mission d'éducation, qui plus est dans un centre qui s'est toujours engagé à faire le bien, fréquenté depuis des années par de nombreux enfants, où les enfants des rues sont réhabilités ? Ils ont arrêté le provincial, les prêtres, les diacres et le personnel de cuisine, et nous avons connaissance de raids et de perquisitions dans d'autres maisons religieuses. Mais il est clair pour tout le monde que les églises, les maisons religieuses, ne sont pas des centres de politique. Nous espérons que tout sera résolu au plus vite et que chacun sera libéré très rapidement, et que cette folie ne sera pas un obstacle à la mission de l'Église auprès des pauvres et des personnes en difficulté. J'ai moi-même visité ce centre et vu son bon fonctionnement, ouvert à tous sans distinction d'ethnie, de religion ou de classe sociale», témoigne-t-il.

Les salésiens en Éthiopie : une présence bien enracinée

Fides rappelle que les salésiens ont commencé à travailler en Éthiopie en 1975. Depuis lors, ils ont établi une présence significative dans cinq régions du pays. L'une d'entre elle est le Tigré, centre d'un conflit qui a réduit la quasi-totalité de la population à l'épuisement. Les salésiens, dans leur tradition d'enracinement dans le domaine de l'éducation, gèrent des crèches, des écoles primaires, des lycées et des centres de formation et d'orientation professionnelles. Pour l'instant, la province compte 100 membres vivant dans une quinzaine de maisons dispersées dans le pays africain. Leurs activités sont menées à travers trois centres de mission, 5 paroisses, 6 écoles techniques, 13 centres de jeunesse, 13 écoles primaires et secondaires et 2 centres pour enfants des rues.

Le conflit en Éthiopie

La guerre a éclaté dans ce pays africain après l'opération lancée par l'armée gouvernementale dans la région du Tigré le 4 novembre. Le Front de libération du Tigré (TPLF) avait été tenu pour responsable de l'attaque d'une base militaire à Dansha. Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, avait accusé le TPLF de trahison et de terrorisme, lançant une campagne militaire. L'offensive est déclarée terminée le 29 novembre 2020, avec la conquête de Mekélé. Cependant, les combats se sont poursuivis dans les secteurs central et méridional du Tigré et les rebelles ont lancé une contre-offensive quelques mois plus tard. L'exécutif d'Addis Abeba a alors été contraint d'annoncer un cessez-le-feu unilatéral et immédiat le 28 juin. Ce geste a marqué une pause momentanée dans le conflit civil, qui a repris depuis. Dans cette situation, l'alliance forgée entre l'Oromo Liberation Army (OLA) et le TPLF en août dernier rend le scénario de plus en plus dangereux.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

09 novembre 2021, 17:45