Une manifestation en marge de la COP26, le vendredi 12 novembre à Glasgow. Une manifestation en marge de la COP26, le vendredi 12 novembre à Glasgow.  

Dernières heures de la COP26… Âpres négociations pour trouver un compromis

Les négociateurs des 197 états participants à la COP26 de Glasgow sont entrés dans la dernière ligne droite des négociations. Officiellement la COP doit se terminer ce vendredi 12 novembre, mais les discussions risquent de se prolonger.

Marine Henriot, de retour de Glasgow

Dans la matinée du vendredi 12 novembre, la présidence britannique a distillé les premiers contours du texte final. Un des points phares de cette déclaration est la limitation du financement des énergies fossiles. Cela signifie que les États sont invités à freiner leurs subventions directes et indirectes dans les énergies fossiles. Des subventions qui représentent à l’échelle mondiale 11 millions de dollars par minute.

Ce texte va dans le bon sens saluent les observateurs, car dans l’Accord de Paris les énergies fossiles ne sont même pas mentionnées. Mais cette version finale du texte a été adoucie. Les États sont «invités», c’est le terme finalement choisi, un engagement donc non contraignant.

À Glasgow, chaque terme et virgule sont discutés entre les négociateurs, et le texte final doit être accepté à l’unanimité, ce qui fait que les tractations risquent de se prolonger. «On sent qu’il a y a beaucoup de pression politique notamment de la part de la part de la présidence britannique, mais également des autres États, sur les négociateurs, pour aboutir à un accord avant la fin de la semaine», commente sur place Myrto Tilianiki, chargé de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.

Manifestation de militants climatiques à Glasgow en Ecosse le 12 novembre 2021.
Manifestation de militants climatiques à Glasgow en Ecosse le 12 novembre 2021.

Une autre clef de voûte de ces négociations est l’encadrement de l’article 6 de l’Accord de Paris. Cet article prévoit des mécanismes autorisant chaque pays à réaliser des échanges de réductions d'émissions de carbone afin d'atteindre son objectif national de réduction d'émissions. C’est à dire que sur un vaste marché carbone, les pays peuvent marchander et s’échanger entre eux les émissions et compensations de carbone.

Un danger selon la chargée de plaidoyer du CCFD-Terre Solidaire. «Il faut que cet article 6 permette une diminution réelle des émissions de gaz à effet de serre au niveau global. Il n’y a pas de place pour les tricheries et il y a des lignes rouges à respecter. Aujourd’hui, nous craignons en fait que les ministres qui négocient cet article cèdent aux demandes de "greenwashing" de l’industrie fossile, très présente à cette COP». «Il ne faut pas sacrifier les droits humains et les droits des autochtones pour trouver un accord», rappelle le CCFD-Terre Solidaire.

Myrto Tilianaki, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire

Les dangers du marché carbone

La compensation carbone rendue possible sur ce marché carbone est «une sorte de pensée magique selon laquelle on peut faire disparaître nos émissions par exemple en plantant des dizaines de millions d’arbres», nous détaillait en début de COP la chargée de plaidoyer du CCFD-Terre Solidaire. Ainsi, de nombreux États, ainsi que des groupes financiers ou industriels ont recours à cet outil pour atteindre leurs objectifs de neutralité climatique. «La compensation prend une place démesurée dans le plan neutralité climatique de nombreux acteurs», commente Myrto Tilianaki, dénonçant «une manière de maquiller l’expansion des activités polluantes».

La compensation carbone représente également une atteinte au droit humain et la biodiversité. Pour permettre des projets de puits de carbone, des dizaines de millions d’hectares risquent d’être mis sous cloche, avertit le CCFD-Terre Solidaire. Une saisie des territoires qui se fait au détriment des populations locales, par exemple pour créer des puits de carbone qui absorberait ses émissions. Le géant pétrolier TotalEnergies finance notamment des projets de plantation d’arbres, comme sur les plateaux Batéké en République Démocratique du Congo, détruisant l'écosystème local. 

Aide envers les pays pauvres

Autre point du texte final, les États signataires sont appelés à faire plus pour limiter le réchauffement climatique. Mais dans la dernière partie de la déclaration, chacun peut prendre en compte «des circonstances particulières nationales» de son pays. Une modification qui ouvre la voie à des aménagements, regrettent les observateurs.

Enfin sur l’aide financière pour les pays pauvres, le texte final devrait appeler une nouvelle fois les pays riches à remplir leur promesse d’une aide de 100 milliards de dollars par an, et à augmenter cette aide pour les pays les plus vulnérables, mais sans donner pour l’instant de chiffres précis.  

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12 novembre 2021, 17:11