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À Port-au-Prince, un mural représentant le président assassiné, Jovenel Moïse, en juillet 2021. À Port-au-Prince, un mural représentant le président assassiné, Jovenel Moïse, en juillet 2021.  

Haïti en route vers une nouvelle constitution

Bouleversée par l’assassinat de son président en juillet et un séisme qui a tué plus de 2200 personnes en août, l’île cherche à renaître de ses cendres en mettant en place une nouvelle constitution.

Marine Henriot, avec agences

Le texte en vue d’une réforme de la Constitution haïtienne, soutenu par le Premier ministre, Ariel Henry, a été publié mercredi 8 septembre, près de deux mois jour pour jour après l’assassinat du président Jovenel Moïse.

«Une nouvelle Constitution ne sera pas la panacée pour résoudre tous nos problèmes» a reconnu le Premier ministre haïtien, selon des propos rapportés par l’agence AFP, «mais si nous arrivons à nous mettre d'accord sur ce mode d'organisation de la gouvernance plus équilibré et plus efficace, ce sera un point de départ pour d'autres convergences autour du devenir de notre pays», a estimé le chef du gouvernement.

Texte en deux langues

La réforme de la Constitution est rédigée en deux langues, créole et français. Le texte prévoit de renforcer les pouvoirs du président aux dépens des parlementaires. Il prévoit également la suppression du poste de Premier ministre, au profit de la création d’un vice-président, celui-ci serait élu en même temps que le président dans un suffrage à un seul tour.

Cette disposition, analyse l’AFP, permettrait à Haïti d'éviter la paralysie de l'action gouvernementale: à chaque changement de cabinet, l'approbation de la politique générale du Premier ministre par le pouvoir législatif a toujours été l'objet de longues tractations avec les députés et sénateurs.

Restaurer la confiance

Le texte favoriserait aussi la lutte contre la corruption avec la possibilité de poursuites devant les tribunaux de droit commun de hauts fonctionnaires, ministres en fonction et même du président de la République, une fois son mandat achevé.

Le chemin sera long pour restaurer la confiance entre la population et les responsables politiques. «La population haïtienne a pratiquement perdu toute confiance en ses gouvernants, empêtrés dans la corruption. Ces gouvernants auront beaucoup à faire pour rétablir la confiance de cette population qui en a marre de cette politique qui semble plus préoccupée par son maintien au pouvoir, que par la recherche du bien commun», déclarait sur notre antenne en juillet dernier Mgr Launay Saturné, évêque de Cap-Haïtien, président de la Conférence épiscopale du pays.

La réforme de la Constitution est un sujet qui occupe depuis longtemps la scène politique haïtienne. Plébiscitée par Jovenel Moïse, un réferendum était prévu en novembre mais celui-ci a suscité une levée de boucliers, étant accusé de ne pas respecter la Constitution actuelle. En effet la Constitution en vigueur date de 1987, après la chute de la dictature des Duvalier, et stipule que «toute consultation populaire tenant à modifier la Constitution par voie de référendum est formellement interdite».

Cycle de violence

En attendant une stabilisation politique, le pays ne cesse de s’enfoncer dans la violence. Lundi 6 septembre, le père André Sylvestre, curé de l'église de Notre-Dame de la Miséricorde à Robillard, au Cap-Haïtien, qui dirigeait un orphelinat, a été tué par balles dans la rue, alors qu’il allait effectuer une transaction à la banque.

Selon l’Unicef, entre septembre 2020 et février 2021, le nombre d'enfants et de femmes, victimes d'agressions armées qui auraient été attribuées à des gangs criminels a considérablement augmenté en Haïti, passant de 45 à 73 lors de plusieurs incidents, notamment des meurtres, des blessures, des viols et des enlèvements. Une augmentation de 62 % par rapport aux chiffres publiés en septembre 2020.

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09 septembre 2021, 09:24