Recherche

Une manifestation contre la peine capitale, dans l'Indiana aux États-Unis, le 16 janvier 2021. Image d'illustration. Une manifestation contre la peine capitale, dans l'Indiana aux États-Unis, le 16 janvier 2021. Image d'illustration.  

Sept Afro-Américains graciés 70 ans après leurs exécutions

Le gouverneur de Virginie, Ralph Northam, a reconnu que la justice avait été faite de manière hâtive. Analphabêtes, les «sept de Martinsville», avaient dû signer des aveux écrits qui leur étaient incompréhensibles et n'avaient pas d'avocat.

Vatican News

Le gouverneur de Virginie, Ralph Northam, a reconnu le 31 août l'injustice posthume de la condamnation à mort de sept Afro-Américains, exécutés alors qu’ils avaient une vingtaine d’années. Booker Millner, Francis DeSale Grayson, Frank Hairston, Howard Lee Hairston, James Luther Hairston, Joe Henry Hampton et John Clabon Taylor, ces jeunes hommes ont été conduits à la potence en 1951, accusés d'avoir violé une femme blanche.

Ces dernières années, cette affaire a donné lieu à des vagues d'appels à la clémence en provenance du monde entier. Il s'agit d'un épisode emblématique de la disparité raciale dans l'application de la peine capitale aux États-Unis démontrée par de nombreux autres exemples de personnes condamnées à mort dans le passé en raison de la couleur de leur peau.

Le gouverneur Northam a fait l'annonce de cette amnistie tardive après avoir rencontré des dizaines de descendants des victimes de l'État, accompagnés de leurs avocats. Un pardon accordé non pas tant au nom de la culpabilité réelle ou présumée de l'accusé, mais en reconnaissance publique et due des profondes failles de la justice pénale américaine de l'époque.

Les «sept de Martinsville», comme on les appellera plus tard, sont tous accusés d'avoir violé, le 8 janvier 1949, Ruby Stroud Floyd, une blanche âgée de 32 ans qui vivait dans cette ville majoritairement noire.

Un jugement rapide

Tous jugés par un jury entièrement blanc en très peu de temps, quatre des meurtriers présumés passent sur la chaise électrique le 2 février 1951. Le même sort a été réservé aux autres trois jours plus tard. Presque tous étaient analphabètes, devaient signer des aveux écrits incompréhensibles pour eux et n'avaient pas d'avocat pour les aider.

À cette époque, le viol était un crime capital, mais il était invoqué presque exclusivement pour les condamnés afro-américains. En fait, de 1908 - année où la Virginie a introduit la chaise électrique - à 1951, les 45 hommes accusés de viol et mis à mort dans cet État avaient tous la peau foncée.

Le gouverneur Northam a accordé 604 grâces depuis son entrée en fonction en 2018. Son engagement en faveur d'une justice équitable et transparente l'a conduit à signer en mars l'abolition de la peine de mort en Virginie, un État qui comptait jusqu'alors le deuxième plus grand nombre d'exécutions de l'histoire américaine, et qui est désormais le 23e à l'abolir par voie législative.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

10 septembre 2021, 12:00