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Scène de vie sur la rivière Bani, à Mopti, au Mali, le 19 mars 2021. Scène de vie sur la rivière Bani, à Mopti, au Mali, le 19 mars 2021. 

Mali: enlèvement d’un prêtre et d’un groupe de catholiques

Un prêtre et un groupe de catholiques maliens ont été enlevés lundi par des hommes armés alors qu'ils se rendaient à l'enterrement d'un autre prêtre dans le centre du pays.

Les rapts se sont multipliés ces dernières années au Mali, en lien avec le djihadisme mais aussi parfois pour des raisons crapuleuses ou intercommunautaires, mais l'enlèvement de cinq membres de la communauté catholique dans ce pays majoritairement musulman, qui ne compte que 4% de chrétiens selon l’Église catholique locale, est un fait exceptionnel. Les responsables de l’enlèvement ne sont pas encore identifiés.

Le groupe se rendait lundi à San pour y prendre part aux obsèques de l'abbé local, Oscar Thera, prévues ce mardi 22 juin. Le groupe était parti de la localité de Ségué, située sur le plateau dogon et peuplée en grande partie de catholiques rattachés à au diocèse de Mopti, la grande ville du secteur. Le réseau routier impose de remonter vers le nord pour ensuite redescendre vers le sud et San.

Ils ont été enlevés à une trentaine de kilomètres au nord de Ségué, dans les environs de Ouo. Le groupe était composé de l'abbé Léon Dougnon, curé de Ségué, Thimothé Somboro, chef de village de Ségué, Pascal Somboro, adjoint au maire, et de deux autres membres de la communauté, Emmanuel Somboro et Boutié Tolofoudié, a fait savoir l’AFP.

La réaction de l’épiscopat local

«Nous sommes peinés par cette nouvelle», regrette Mgr Jonas Dembélé, évêque de Kayes et président de la Conférence épiscopale malienne. «C’est vrai que le Mali traversait un moment difficile, mais nous n’avions pas connu d’enlèvements de prêtres», rappelle l’évêque, qui mentionne toutefois le cas de la religieuse franciscaine colombienne, sœur Gloria Cecilia Narvaez, enlevée par des djihadistes en 2017 et otage depuis quatre ans. «Cela nous préoccupe beaucoup au niveau de l’Église. Nous sommes en train de prier mais aussi de prendre des contacts pour mieux comprendre ce qui se passe. Mais je ne pense pas qu’ils ont été enlevés pour le fait d’être des chrétiens», explique-t-il.

Malgré le contexte d’insécurité croissante, la petite Église catholique du Mali avait en effet pu poursuivre ses activités. «Jusque là, il n’y avait pas d’inquiétude particulière pour nous, comme Église. Il n’y avait pas d’actions ciblées envers l’Église et nous espérons que les choses ne changent pas, puisque nous sommes en train de travailler beaucoup dans le cadre du dialogue interreligieux, dans les diocèses, pour consolider et rechercher à faire la paix, avec tout le monde», assure Mgr Dembélé.

Un phénomène fréquent

Les enlèvements, de Maliens ou d'étrangers, sont l'un des aspects de la violence polymorphe qui frappe le Mali. Les motivations en sont diverses, du moyen de pression à l'extorsion. Un journaliste français, Olivier Dubois, a été enlevé début avril dans le nord du Mali par des djihadistes affiliés à Al-Qaïda. L'enlèvement de lundi est une nouvelle illustration de la dégradation sécuritaire à laquelle sont en proie le Mali et le Sahel.

Les insurrections indépendantistes et maintenant djihadistes menées par les groupes liés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique, ainsi que les violences intercommunautaires, ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Parties du nord du Mali en 2012, les violences se sont propagées au centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins.

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23 juin 2021, 11:56