Un cocktail molotov jeté devant des voitures de police à Belfast, le 8 avril 2021. Un cocktail molotov jeté devant des voitures de police à Belfast, le 8 avril 2021. 

Irlande du Nord: les Églises lancent un appel aux dirigeants politiques

Un engagement concret et coordonné pour protéger l'accord du Vendredi Saint signé en 1998 et préserver la paix et la stabilité en Irlande du Nord: c'est ce que demandent d'une seule voix les Églises chrétiennes irlandaises aux gouvernements de Belfast, Dublin et Londres, après dix jours d'affrontements sans précédent depuis plusieurs années en Irlande du Nord, dans un climat de tension autour du Brexit.

Dans une lettre commune signée, entre autres, par le primat catholique Eamon Martin et le primat anglican John McDowell, les responsables des Églises irlandaises appellent tout d'abord toutes les forces politiques d'Irlande du Nord à donner une réponse «unie» aux événements «choquants» de la semaine passée et à «renouveler leur engagement en faveur de la paix, de la réconciliation et de la protection des plus vulnérables» dans la région. 

Faisant écho aux appels lancés ces derniers jours par différents responsables religieux d'Irlande du Nord, la déclaration rappelle l'urgence de sauvegarder la paix fragile obtenue avec l'accord du Vendredi Saint signé le 10 avril 1998, afin de ne pas voir une autre génération de jeunes replonger dans les années sombres des "Troubles" qui ensanglantent l'Irlande du Nord depuis près de trois décennies.

«La réduction significative de la violence depuis 1998», écrivent-ils, «est une réalisation importante qui rappelle que les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui ne sont pas insurmontables». Mais cette expérience, préviennent-ils, «nous enseigne également que ces défis ne peuvent être relevés que par des dirigeants politiques unis par un véritable désir de trouver des solutions qui satisfont les préoccupations légitimes des autres ainsi que les leurs».  

Un appel à la responsabilité de la classe politique

Selon les responsables des Églises, ce n'est que s'ils sont capables de présenter leurs demandes à Bruxelles, Londres et Dublin d'une seule voix qu'il sera possible de résoudre le différend actuel entre l'Union européenne et le Royaume-Uni concernant l'application du protocole sur l'Irlande du Nord. Il y a eu des erreurs politiques et des sous-estimations, mais il vaut mieux les reconnaître et «tirer les leçons des conséquences de ces erreurs plutôt que de poursuivre une course sans fin pour mettre en place des correctifs», soulignent-ils.

Il reste alors à aborder la question de ceux qui subissent les conséquences de ces erreurs politiques : «Au cours de la semaine dernière, écrivent les responsables des Églises, nous avons vu des personnes qui avaient peur de quitter leur maison, d'autres qui risquaient de subir la violence dans l'exercice de leur travail et des jeunes qui ont le sentiment de n'avoir aucun intérêt dans la société ni aucun espoir pour l'avenir. L'intensité de la violence dirigée contre le PSNI [la police d'Irlande du Nord, ndlr] était horrible. Tant de bon travail sur le terrain a été sapé parce que la tension est montée et que la confiance s'est effondrée.»

Une insuffisante concrétisation de l'accord du Vendredi Saint

Il s'agit donc de reconstruire le tissu social fragile de la région et la confiance dans les institutions. En ce sens, les responsables de la société civile doivent soutenir le délicat travail de médiation effectué par leurs représentants politiques, mais ces derniers doivent être tenus pour responsables de leurs actes, notamment pour remédier aux inégalités socio-économiques persistantes dans les zones touchées par la violence, qui nécessitent une plus grande attention et une intervention plus incisive. Les engagements pris dans l'accord du Vendredi Saint n'ont en fait été que partiellement mis en œuvre au cours des deux dernières décennies et «trop souvent comme une réponse d'urgence plutôt que comme une mesure préventive», regrettent les auteurs de ce message.

Les Églises irlandaises réitèrent donc leur désir de jouer leur rôle, avec les responsables de la société civile, pour «s'attaquer aux causes profondes de la violence et œuvrer pour que toutes les communautés d'Irlande du Nord puissent bénéficier des avantages de la paix à l'avenir».

Entre-temps, Londres et Bruxelles ont convenu de reprendre les négociations sur le protocole irlandais à la suite de la procédure d'infraction formelle lancée le 15 mars dernier contre le Royaume-Uni pour violation des deux dispositions de fond et de l'obligation de bonne foi prévues par l'accord de retrait de l'UE. Les deux parties ont entamé des discussions techniques et le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic, et le négociateur britannique, David Frost, devraient se rencontrer prochainement.

Vatican News Service - LZ

 

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13 avril 2021, 15:54