Des policiers anti-émeutes à Vladivostok, le 31 janvier. Des policiers anti-émeutes à Vladivostok, le 31 janvier.  

Le pouvoir de Vladimir Poutine à l'épreuve des manifestations

Pour le deuxième week-end consécutif, des milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes du pays pour demander la libération de l'opposant Alexei Navalny et critiquer le régime, sur fond de crise économique et sociale grandissante. Un test pour le pouvoir de Vladimir Poutine. Éclairage sur ces mouvements de contestation et la menace qu'ils peuvent représenter sur le système politique russe.

Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican

De nouvelles manifestations ont eu lieu ce dimanche en Russie contre le pouvoir et en soutien à Alexei Navalny. Pour le deuxième week-end consécutif, des milliers de personnes ont bravé les mesures sanitaires et les températures parfois polaires pour faire entendre leur mécontentement. De Saint-Petersbourg à Vladivostok en passant par Kazan, Irkoutsk et bien-sûr Moscou, les manifestants ont de nouveau demandé la libération de l’opposant, emprisonné dès son retour dans la capitale le 17 janvier dernier. L’avocat, bête noire de Vladimir Poutine, revenait d’Allemagne où il a passé plusieurs mois en convalescence après avoir été empoisonné l’été dernier par des agents du FSB, les services de renseignement.

La contestation ne devrait pas retomber alors que Navalny doit comparaître ce mardi devant la justice pour violation de son contrôle et pourrait être condamné à une peine de prison avec sursis. L'opposant fait par ailleurs l'objet de plusieurs autres  procédures judiciaires qui avaient été engagées contre lui avant son empoisonnement. Vendredi prochain, il sera jugé pour diffamation.

Un pouvoir encore très installé

Si le système politique russe, où Vladimir Poutine est tout-puissant (une modification constitutionnelle adoptée l'été dernier lui permet de rester à la tête du pays jusqu'en 2036), est verrouilé dans sa dimension parlementaire par le partie Russie Unie, ces manifestations revêtent néanmoins un aspect nouveau dans le sens où elles couvrent tout le territoire. L'intolérance à la corruption, dénoncée par Navalny dans le film "Un palais pour Poutine" vu plus de 100 millions de fois sur internet est aussi de plus en plus importante dans le pays.

Mais le système politique russe reste inflexible, d'abord dans sa volonté de réprimer les manifestations. Ce week-end, plus de 5300 arrestations ont eu lieu par la police, à Moscou mais aussi à Krasnoïarsk en Sibérie ou encore sur les bords de la Volga, à Nijni Novgorod. Certains membres de comités de soutien à Alexeï Navalny ont été jetés en prison. 

Outre le soutien à cette figure de la contestation, de nombreuses voix s’élèvent contre la corruption rampante dans le pays et la dégradation des conditions sociales de nombreux Russes. En quoi ces démonstrations de force sont-elles nouvelles? Quelle est la réalité de l’opposition en Russie, au-delà de la figure médiatique d’Alexei Navalny? Éclairage d'Aude Merlin, spécialiste de la Russie, chargée de cours en sciences politiques à l’université libre de Bruxelles

Entretien avec Aude Merlin

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01 février 2021, 09:45