Latifa Ibn Ziaten, lauréate du prix Zayed 2021 pour la Fraternité humaine. Latifa Ibn Ziaten, lauréate du prix Zayed 2021 pour la Fraternité humaine. 

Latifa Ibn Ziaten, une mère au service de la paix

La présidente de l'association IMAD, qui œuvre à la réconciliation et au dialogue en particulier en milieu scolaire, est la première lauréate du prix Zayed qui lui sera remis le 4 février. Un prix qui vient saluer son parcours au service de l'éducation à la paix.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

C'est un prix qui vient récompenser le courage et la résilience d'une mère qui ne s'est jamais résignée. Née à Tetouan au Maroc en 1960, elle passe les neuf premières années de sa vie en Espagne. De retour au Maroc, elle est confiée à la garde son père en compagnie de des frères et soeurs, suite au décès de sa maman. C'est à l'âge de 17 ans qu'elle s'installe en France, partie rejoindre son mari ouvrier cheminot à la SNCF. 

Élevant ses quatre garçons et sa fille, elle attache une importance particulière au suivi des études de ses enfants. Sa vie va basculer le 11 mars 2012: son fils Imad, militaire parachutiste est assassiné par le terroriste Mohamed Merah devant sa caserne à Toulouse. Pour Latifa, derrière la douleur de perdre un enfant point déjà la volonté de dépasser le cycle infernal de la violence. Le 24 avril 2012 elle crée ainsi l’association IMAD pour la Jeunesse et la Paix.

Inlassable travail dans les écoles

Devenue, à son corps défendant un personnage public, Latifa Ibn Ziaten met son énergie pour comprendre les racines de cette violence. Elle visite ainsi la cité où a grandi Mohamed Merah, l'assassin de son fils. Elle ne cesse depuis de sillonner la France pour amorcer le dialogue et faire parler en particulier les plus jeunes, dans les quartiers difficiles, avec en tête l'importance de respecter l'autre et de préserver la cohésion sociale.

Latifa Ibn Ziaten est devenue aujourd'hui une des figures qui incarnent la volonté de dialogue et de paix dans une France secouée par les attentats et les tentations de se replier sur soi. «Mes pensées émues vont à la communauté catholique», avait-elle écrit après l'attentat qui a visé la basilique de Nice, le 30 octobre dernier, ajoutant :«Je prie pour toutes ces familles meurtries. Face à la violence, face à la haine, à l’ignorance et à l’intolérance, restons unis. Agissons pour l’amour et pour la paix».   

Un combat toujours d'actualité

Le travail de l'association IMAD et de sa présidente se poursuit malgré les obstacles. Certains lui ont reproché d'être voilée, dans un pays où la question reste sensible. À l'été 2019, son domicile est vandalisé et l'un de ses fils est sauvagement agressé par des inconnus. Mais de l'adversité, Latifa Ibn Ziaten semble tirer à chaque fois une force nouvelle. Décorée de la Légion d'honneur en mars 2016, elle est promue au grade d'officier dans l'Ordre national du Mérite le 1er janvier dernier.

«L’histoire de Latifa Ibn Ziaten témoigne de la capacité qu’a l’homme de surmonter toutes les épreuves sans se résigner, ni céder à la rancoeur ou au désir de vengeance, mais en gardant espoir. Avoir connu le pire n’interdit pas de croire au meilleur, et donne la force d’agir pour le faire advenir», peut-on lire sur le site de l'association IMAD. Un combat pour la paix toujours d'actualité. 

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03 février 2021, 13:02