«Tout meurt sans pluie»: sécheresse meurtrière dans le sud de Madagascar

Dans la pointe sud de l’île de Madagascar, la population déjà très pauvre est confrontée à une sécheresse qui sème sur son passage famine et maladie. Sur place, le père Jean, fondateur de l’association SOS Toliara, décrit une situation dramatique et appelle à l’aide.

Marine Henriot - Cité du Vatican

C’est une scène qui a lieu quelquefois par an dans la province de Toliara dans le sud-ouest de Madagascar: quand les nuages se décident à délivrer leurs faibles gouttes, la population se rue sur la route pour faire une douche naturelle et, munie de récipients, récolter quelques gouttes pour survivre. 

Dans la province de Toliara, l’eau est rare. Elle ne tombe ni du ciel -la saison humide dure au maximum un mois et demi-, ni de la terre, même en creusant jusqu’à 300 m au-dessous du sol, il est impossible de construire un puits. Alors quelques camions-citernes bravent des chemins cahoteux pour apporter le précieux liquide, à prix d’or: un bidon d’eau coûte 1 000 ariary. Une somme impossible à réunir pour la population locale. «J’ai vu des situations où une famille de six personnes utilisait un seul seau d’eau pendant trois jours», nous raconte le père Jean Chrysostome Ravelomahitasoa, sobrement surnommé «le père Jean». Le père Jean vient du centre de l’île. Salésien, il a tout abandonné il y a quelques années pour venir dans cette région aride et fonder son association SOS Toliara qui vient en aide à la population locale. 

Se nourrir de cactus et de cendres

Sur place, la population n’a d’autre choix que de s’adapter tant bien que mal. Dans certains territoires, elle se nourrit avec le fruit du cactus, quand il n’y a plus de fruits, il faut cuir les feuilles les plus souples après avoir enlevé les épines. Quand il n’y a plus de feuilles molles de cactus, c'est au tour des tamarins verts mélangés avec de la cendre pour enlever le goût acide, en espérant que ce mélange de fruit tropical et de cendre remplisse l’estomac. «Il est difficile de s’adapter quand on ne peut pas prévoir ni savoir quand la pluie va tomber», il y a deux ans, le père Jean a trouvé un enfant mort de soif dans les bras de sa mère, «tout meurt sans pluie», soupire-t-il. 

Une situation encore plus difficile pendant la période du «kere»: les faibles récoltes de l’année dernière sont terminées et celles de la saison suivante peinent à arriver. Le Kere est essentiellement dû à la sécheresse, qui s’avère de plus en plus rude au fil des ans.

Le père Jean, fondateur de l'association SOS Toliara
Le père Jean, fondateur de l'association SOS Toliara

Le cercle vicieux des charbonniers

Sur cette terre sèche, une agriculture de survie ou un maigre élevage deviennent impossibles. Seule échappatoire, la fabrication du charbon. Les charbonniers brûlent la brousse pour avoir une maigre recette, mais ce commerce est également leur fléau. Les feux de brousses provoquent la déforestation, qui fait s’éloigner la pluie.

L’association SOS Toliara, en plus des colis d’eau et de nourriture d’urgence humanitaire, aide la population locale à sortir de ce cercle vicieux, à apprendre un autre style de vie, «nous avons besoin de formation et de scolarisation des enfants pour apprendre comment vivre et gérer les familles, apprendre également à respecter l’environnement», décrit le père Jean, «petit à petit, si nous avons des coups de mains, on peut changer la situation».

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Dans la province de Toliara, l'association du père Jean vient en aide à la population locale.
27 novembre 2020, 07:13