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Lever de soleil sur Beyrouth, le 4 septembre 2020 Lever de soleil sur Beyrouth, le 4 septembre 2020 

Fratelli tutti, une lecture musulmane

L’encyclique du Pape François Fratelli tutti, sur la fraternité et l’amitié sociale, s’adresse au monde, bien au-delà des catholiques. Le texte a eu ainsi un fort écho dans le monde musulman, parmi la communauté des théologiens parmi lesquels Nayla Tabbara. «L’encyclique vient porter de l’espoir» estime cette Libanaise très impliquée dans le dialogue interreligieux.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

«Il y avait vraiment un besoin pour cette encyclique» affirme d’emblée Nayla Tabbara, libanaise, théologienne musulmane, connaisseuse également de la théologie chrétienne. Elle connait bien le dialogue interreligieux pour le pratiquer au quotidien avec des chrétiens au sein de l’ONG Adyan qu’elle a fondée dans son pays. Elle y travaille pour valoriser la diversité religieuse dans ses dimensions théoriques et pratiques et pour promouvoir le vivre-ensemble.

Fratelli tutti «vient porter espoir à un moment où nous en avons très peu et où nous ressentons tous de grandes souffrances, surtout pour nous au Liban» poursuit Nayla Tabbara. Pour elle, le Pape François «met l’accent sur la véritable dignité humaine, sur cette fraternité, sur cette unité de la famille humaine» et «il en parle, comme d’habitude, profondément et de tous les côtés». Il englobe tout le monde et principalement les plus démunis, «les exilés cachés», estime la théologienne.

Loin de se contenter de rappeler les valeurs communes à toute l’humanité, François «donne des idées pratiques» pour parvenir à cette fraternité, se réjouit la fondatrice d’Adyan. Les paroles du Pape ne sonnent ainsi pas creux et s’écartent des beaux discours communs et parfois vides.

Le dialogue interreligieux incontournable

L’encyclique s’ouvre sur le souvenir de la visite au XIIIe siècle de saint François d’Assise au sultan Malik El-Kamil. Elle cite également le Document sur la Fraternité humaine signé par le Pape et le grand imam d’Al-Azhar à Abu Dhabi, autant de références au dialogue interreligieux et tout particulièrement au dialogue avec l’islam. «Tous ces rappels favorisent ce travail commun» et soulignent «notre responsabilité à tous pour le bien commun» se réjouit Nayla Tabbara, qui précise que Fratelli tutti s’adresse à toutes les personnes de bonne volonté, quelle que soit leur croyance.

Reste dans les pays musulmans à faire connaître l’encyclique de François auprès du grand public. C’est le travail des théologiens, reconnaît Nayla Tabbara. Sur la question des réfugiés et des immigrés, «les positions du Pape sont tellement belles», s’exclame la théologienne. «Elles nous rappellent qu’elle est la dignité humaine des réfugiés, comment nous pouvons être solidaires d’eux». C’est un stimulant extraordinaire qui la poussera à réfléchir aux mêmes thématiques du point de vue musulman, confie-t-elle. En attendant, elle aimerait que ces positions soient diffusées dans les écoles et les médias pour qu’elles aient le maximum d’impact au sein des sociétés, et principalement la sienne, celle du Liban. 

Entretien avec Nayla Tabbara

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15 octobre 2020, 11:33