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Un homme et un enfant sur une route de la province de Kandahar, le 27 septembre 2020 Un homme et un enfant sur une route de la province de Kandahar, le 27 septembre 2020 

L’économie afghane, prisonnière des cultures illicites

La culture du pavot à opium en Afghanistan est un élément crucial de l’économie de ce pays parmi les plus pauvres au monde, en proie à la guerre et à la crise du coronavirus, et les perspectives d’une sortie de ce cercle vicieux de production sont quasi inexistantes, comme l’explique le chercheur Adam Baczko.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

D’après le dernier rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) publié en juin, l’Afghanistan produit 84% de l’opium mondial, ce qui lui assure plus de 2 milliards de dollars de chiffre d’affaire annuel. La production d’opiacées, en hausse continue depuis les années 2000, représente en 2017 entre 20 et 32% du PIB du pays et dépasse la valeur des exportations licites de biens et services.

Un secteur bien portant en période de crise

Cette culture représente donc un pilier de l’économie afghane, laquelle repose essentiellement sur un secteur agricole traditionnel et assure une maigre subsistance à la population. Celle-ci a par ailleurs été très affectée par la pandémie de coronavirus.

D’après une étude du ministère afghan de la Santé publiée le 5 août dernier, 10 millions de personnes ont été touchées par la Covid-19, soit près de 31,5% de la population, dont la moitié des 5 millions d’habitants de Kaboul, la capitale. Des milliers d’Afghans ont perdu leur emploi et le chômage est reparti à la hausse, phénomène causé par le confinement, la fermeture des frontières, des écoles et de nombreuses entreprises. La culture du pavot est alors devenue une opportunité de travail pour une partie de la population.

Des accords de paix qui ne profitent pas à la population

La Banque mondiale a toutefois accordé une aide de 200 millions de dollars pour aider l’Afghanistan à faire face à la crise sanitaire et ses conséquences. Comme l’explique dans un communiqué Henri Kérali, responsable de la Banque mondiale pour l’Afghanistan: «Le programme fournira des ressources fiscales vitales pour faire face à l'impact de la pandémie dans un contexte de ralentissement de la croissance économique et de baisse des recettes publiques».

Il faut dire que le chaos institutionnel ne facilite pas la mise en place de mesures efficaces pour redresser l’économie du pays. Des négociations de paix historiques ont débuté le 12 septembre dernier à Doha, au Qatar, entre représentants politiques et Talibans, et cela après la signature d’un accord entre les États-Unis et les Talibans le 29 février dernier, qui prévoyait la tenue de ce «dialogue interafghan». Mais déjà les discussions patinent, les deux parties ne s'étant toujours pas mises d'accord sur un ordre du jour. 

La guerre continue également de faire rage dans le pays. La semaine dernière encore, 65 talibans ont été tués au cours d’une bataille avec les forces de sécurité afghanes, comme l’a déclaré le 24 septembre à l’AFP un porte-parole de la police afghane.

Adam Baczko est chercheur au CERI-Sciences Po et au CNRS. Il revient plus en détail sur la situation économique actuelle en Afghanistan.

Analyse d'Adam Baczko

(Avec RFI)

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29 septembre 2020, 07:00