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Une femme durant les funérailles d'une victime des FARC, en Colombie, en août 2020 Une femme durant les funérailles d'une victime des FARC, en Colombie, en août 2020 

En Colombie, le repentir des anciens guérilleros des FARC

Mi-septembre, les anciens paramilitaires des Forces armées révolutionnaires de Colombie ont reconnu que les nombreux enlèvements dont ils se sont rendus responsables avaient été «une très grave erreur». Une démarche de repentance qui pourrait accélérer le processus de réconciliation dans le pays.

Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican

C’est une confession à laquelle certains ne s’attendaient pas. Le 15 septembre dernier, Rodrigo Londoño, alias « Timochenko », chef de l’ancienne guérilla des FARC, a reconnu les atrocités longtemps menées par ses combattants, estimant que les enlèvements avaient été « une très grave erreur dont nous ne pouvons que nous repentir».

L’ancien groupe paramilitaire, fondé en 1964  a par ailleurs reconnu dans un communiqué que «les enlèvements ont blessé à mort la légitimité et la crédibilité» de son soulèvement armé contre l’État colombien, et a exprimé ses regrets pour la «douleur et les humiliations» infligées aux victimes.

Des milliers d’enlèvements

Ancienne guérilla la plus puissante du pays, les Forces armées révolutionnaires de Colombie auraient pratiqué, selon le Centre national de la mémoire historique, plus de 37 000 enlèvements de en près de quarante ans de guérilla. Depuis les accords de paix signés en 2016 entre les anciens paramilitaires et le gouvernement colombien, les FARC sont devenus un parti politique. Les anciens cadres du groupe comparaissent devant un tribunal spécial pour la paix créé par l’accord de paix, qui a permis jusqu’ici la démobilisation d’environ 13 000 rebelles des Farc, parmi lesquels 7 000 combattants.

Une démarche de repentance largement saluée dans le pays, comme par la franco-colombienne Ingrid Betancourt, détenue dans la jungle colombienne de 2002 à 2008. «Pour la première fois, j’ai devant moi des êtres humains que je n’avais pas dans la jungle; dans la jungle, j’avais des doctrinaires, j’avais des ennemis. Je lis ce communiqué et je vois que cette fois c’est de l’humanité» a confié l’ex otage.

Libération de la parole

Fin 2018, une commission vérité et réconciliation a été mise en place, dirigé par le père Francisco de Roux, un jésuite engagé depuis de longues années dans la réconciliation inter-colombienne. L’objectif est notamment de faire émerger la parole chez les nombreuses victimes du conflit.

Même s’il reste beaucoup à faire sur les crimes et les zones d’ombres concernant les méfaits de l’ancienne guérilla, comme l’enrôlement de milliers d’enfants, il semble que cette libération de la parole commence à porter ses fruits. Le discours de vérité des FARC est assurément un pas en avant dans le processus de réconciliation colombien. L’éclairage de Frédéric Massé, directeur du centre de recherche et projets spéciaux de l'université Externado de Colombie.

Entretien avec Frédéric Massé

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28 septembre 2020, 15:00