Au Liban, les manifestations continuent après l'explosion mortelle du 4 août à Beyrouth. Au Liban, les manifestations continuent après l'explosion mortelle du 4 août à Beyrouth.  

Caritas Internationalis au chevet du peuple libanais

Le secrétaire général de Caritas Internationalis vient d’effectuer une visite à Beyrouth, au Liban, pour soutenir la population, encore meurtrie par les explosions du 4 août dernier. Aloysius John décrit une situation dramatique et pointe le risque d’un affaiblissement du pays.

Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican

Le Liban est toujours dans l’attente de la formation d’un nouveau gouvernement. Le Premier ministre désigné, Moustapha Adib, a annoncé ce jeudi 17 septembre la prolongation des consultations, au terme d’une rencontre avec le président Michel Aoun. Le délai de deux semaines annoncé par la France est arrivé à expiration mardi.

Le Pays du Cèdre s’enfonce chaque jour d’avantage dans une crise à la fois politique sociale et économique. La population libanaise s’insurge face à une classe politique jugée incompétente et corrompue. Elle réclame des réformes. Une condition posée par la communauté internationale, et en particulier le gouvernement français, en contrepartie d'un soutien de plusieurs milliards d'euros.

Une population désemparée

Le Secrétaire général de Caritas Internationalis s’est rendu cette semaine à Beyrouth, défigurée par les explosions qui ont fait 190 morts et 6.500 blessés, pour témoigner de sa solidarité envers les habitants. Il a visité les quartiers sinistrés et rencontré les autorités religieuses, les employés et bénévoles de Caritas Liban, mais aussi de nombreuses familles. 

 

Les destructions s’apparentent à celles du tsunami de 2004, affirme Aloysius John, rappelant que «300 000 personnes sont toujours sans domicile» dans la capitale libanaise. «Tout a été soufflé», la population manque de tout y compris de denrées alimentaires, et «beaucoup redoutent l’approche de l’hiver», confie-t-il. «En raison de la crise économique, les personnes n’ont plus les moyens d’acheter de la nourriture. Les bureaux sont fermés à cause de l’explosion et les salaires ne sont plus versés».   

«L’État est absent et la classe moyenne est en train de s’appauvrir», observe le Secrétaire général de Caritas Internationalis. Aujourd’hui, les maisons, les bâtiments, les rues sont à reconstruire et les traumatismes sont énormes, notamment parmi les enfants. Certains habitants décrivent «une situation apocalyptique». Il y a donc «beaucoup de peur, de craintes pour l’avenir».

Indifférence de la communauté internationale

La population «ne veut plus être spoliée, elle est déterminée et souhaite un changement de système. Elle réclame des comptes» au gouvernement et rappelle que le Liban n’est pas un pays pauvre, «il est devenu pauvre à cause de la corruption et d’intérêts personnels en interne mais aussi en raison de l’égoïsme de puissances étrangères».

Cette fragilité du Liban, «pays d’équilibre», pourrait être lourde de conséquences pour la région, et la communauté internationale doit craindre un affaiblissement du pays, «qui pourrait entrainer des problèmes au niveau régional», relève Aloysius John. Aujourd’hui, le pays du Cèdre, qui a accueilli plus d’un million et demi de Syriens, affronte «une crise humanitaire, une crise sociale et une crise morale, en raison de l’indifférence de la communauté internationale».

Le peuple libanais réconforté par le Pape

Dans ce contexte, la proximité du Pape François, notamment exprimée à travers la visite à Beyrouth le 4 septembre dernier du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, est très importante, a pu constater le secrétaire général de Caritas Internationalis.

Ce soutien est «un signe de réconfort» pour la population, qui demande au Saint-Père de «continuer à la soutenir et à l’accompagner dans la prière dans ce moment très difficile où survivre devient un défi quotidien».

Entretien avec Aloysius John, secrétaire général de Caritas Internationalis

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18 septembre 2020, 12:49