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Le navire de forage tuc "Yavuz" escorté par une frégate de la marine turque au large de Chypre, le 6 août 2019 Le navire de forage tuc "Yavuz" escorté par une frégate de la marine turque au large de Chypre, le 6 août 2019 

Gisements gaziers: la Turquie étend ses recherches en Méditerranée

Jusqu’où iront les ambitions expansionnistes de Recep Tayyip Erdogan en Méditerranée orientale? La Turquie a annoncé le 16 août dernier qu'elle allait prolonger ses recherches de gisements gaziers dans une zone disputée, officiellement sous le contrôle d’Athènes. L’Union Européenne est sur le qui-vive face aux appétits turcs mais peine à se faire entendre. Analyse.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

La zone maritime entourant l’île de Kastellorizo, confetti de terre grecque situé à deux kilomètres des côtes turcs, est l’objet de tensions croissantes depuis quelques semaines, la Turquie convoitant avec toujours plus d’insistance les gisements gaziers que recèle le sous-sol.

Depuis la fin des années 2000, d’immenses champs gaziers, avec des réserves estimées à 5 000 milliards de mètres cubes de gaz, ont en effet été découverts dans les zones économiques exclusives d’Israël, du Liban, d’Égypte et de Chypre.

Ankara y a déployé un navire de forage qui doit commencer ses recherches ce 18 août, et jusqu’au 15 septembre. La semaine dernière, elle avait déjà envoyé un navire de recherche sismique, escorté par des bâtiments de guerre, dans cette zone revendiquée par la Grèce, suscitant la colère d'Athènes et la préoccupation de l'Union Européenne. Un geste qui n’est d’ailleurs pas resté sans réponse côté européen: en soutien à la Grèce, la France a renforcé sa présence militaire dans la zone.

L’UE appelle au dialogue

Vendredi dernier, les ministres des Affaires étrangères des pays européens se sont réunis à Bruxelles pour appeler à la désescalade dans ces manœuvres aux allures belliqueuses. Le lendemain, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est dit prêt à dialoguer, tout en soulignant que son pays ne reculerait pas «devant les sanctions et menaces». L’annonce de la poursuite des recherches a d’ailleurs suivi, dimanche. Josep Borrell, Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, n’a pas tardé à réagir, en appelant les autorités turques «à cesser ces activités immédiatement et à s'engager de bonne foi et totalement dans un large dialogue avec l'Union européenne».

Cet avis de tempête entre la Turquie et la Grèce, sœurs ennemies en mer Méditerranée, est dû notamment à la stratégie conquérante du président turc. On y revient avec Guillaume Perrier, journaliste et grand reporter, correspondant du Monde en Turquie et au Moyen-Orient pendant dix ans, auteur du livre «Dans la tête d'Erdogan» paru chez Actes Sud.

Entretien avec Guillaume Perrier

(Avec AFP)

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18 août 2020, 08:01