Image d’illustration. Une école vide dans les faubourgs de Kinshasa. Image d’illustration. Une école vide dans les faubourgs de Kinshasa.  

Gratuité de l’enseignement scolaire en RDC, l’impossible réforme ?

Entre pandémie de coronavirus et réforme en cours de l’éducation nationale, l’entrée 2020 se fait dans des conditions particulières en RDC. Analyse avec Tom de Herdt, professeur à l’institut de politiques du développement à l’université d’Anvers.

Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican

En RDC, les cours reprennent progressivement et partiellement après la fermeture de nombreux établissements en raison de la pandémie de coronavirus. Mais cette rentrée 2020 est également particulière en raison de la réforme en cours du système éducatif: il y a un an, à la rentrée scolaire de 2019, le président Félix Tshisekedi annonçait mettre en place la gratuité de l’enseignement primaire. Une promesse phare de sa campagne, inscrite dans la Constitution congolaise de 2004, mais peu appliquée dans la réalité.

En effet, pour pallier le manque de financement de l’État, de nombreuses familles congolaises doivent s’acquitter d’une charge envers les professeurs, pour que leur enfant puisse se rendre à l’école. Cette charge devient directement le salaire des professeurs, et varie en fonction des établissement et des provinces. Depuis les années 1990 et l’implosion de l’État zaïrois, l'éducation, pourtant publique, fonctionne comme un système privé, détaille Tom de Herdt, professeur à l’institut de politiques du développement à l’université d’Anvers.

Une réforme colossale 

Depuis l’annonce du président congolais et la mise en place progressive de la gratuité, 2,5 millions d’élèves supplémentaires ont pu rejoindre les bancs de l’école, sans s'acquitter de leur charge auprès des professeurs. Cependant, dans de nombreuses écoles, on note un manque de place, de professeurs et d’argent pour payer les enseignants. Lors de la rentrée du 9 août à Bukavu, chef lieu du Sud-Kivu dans l’est, une marche de protestation a été organisée: les enseignants de Bukavu reprochent au gouvernement de ne pas avoir respecté son engagement d’harmoniser leur salaire de 185 000 francs congolais, avec celui d’un professeur d’une école de Kinshasa qui gagne 360 000 francs congolais. Le corps enseignant critique également l’État pour ne pas avoir payé 22 000 enseignants nouvellement recrutés. 

Avec 36 millions d’habitants âgés de moins de 14 ans, soit 46% de la population totale, la réforme de l’enseignement primaire est pharaonique, et son coût est estimé à plus d’un milliard de dollars par an. La RDC a-t-elle les moyens de cette réforme ? Les réponses de Tom de Herdt, professeur à l’institut de politiques du développement, à l’université d’Anvers.

Interview de Tom de Herdt

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19 août 2020, 12:44