Réaction désemparée des libanais après les deux explosions de mardi soir à Beyrouth Réaction désemparée des libanais après les deux explosions de mardi soir à Beyrouth 

Beyrouth sous le choc après les explosions devastatrices

La capitale libanaise a été secouée mardi 4 août par deux très violentes explosions dans la zone du port. Un dépôt de nitrate ammonium serait à l'origine de la catastrophe. L'aide internationale s'organise. De nombreuses victimes sont à déplorer.

Deux fortes explosions ont secoué mardi le secteur du port de la capitale libanaise, Beyrouth faisant plus de 100 morts et plus de 4000 blessés, selon un dernier bilan de la Croix-Rouge libanaise. Selon les autorités libanaises, 2750 tonnes de nitrate d'amonium stockées dans un entrepot seraient à l'origine de la deuxième explosion, la plus puissante et dévastatrice. Le directeur des douanes a précisé qu'un entrepôt de feux d'artifice se trouvait à proximité de celui où était stocké le nitrate d'amonium. Les déflagrations ont été entendues dans toute l'agglomération et même au-delà. De nombreuses vidéos ont été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant l'extrême violence de la déflagration.

Les vitres de nombreux immeubles, églises et magasins ont volé en éclats à des kilomètres à la ronde. En fin de journée, mardi 4 août, d'épais nuages de fumée orange s'élevaient au-dessus de la capitale libanaise.

Aux abords du quartier du port, les destructions sont massives. Les médias locaux ont diffusé des images de personnes coincées sous des décombres, certaines couvertes de sang. De nombreux blessés affluaient vers les hôpitaux, dont certains ont vu leurs infrastructures endommagées par le souffle de l'explosion. Afin de désengorger le système hospitalier local, des évacuations ont été organisées vers d'autres villes du Liban, et les habitants invités à donner leur sang. Presque toutes les vitrines des magasins des quartiers de Hamra, Badaro et Hazmieh ont volé en éclats tout comme les vitres des voitures, dont certaines ont été abandonnées dans les rues, avec leurs airbags gonflés.

Plusieurs pays ont proposé leur aide; la France a été l'une des premières à s'y engager, en vertu des liens étroits et historiques qu'elle entretient avec le pays du Cèdre. Paris procède en ce moment à l'envoi sur place de plusieurs tonnes de matériel médical ainsi que des équipes d'urgentistes en appui au personnel de santé libanais submergé. Plus de 500 blessés seront également évacués. Le président Emmanuel Macron se rendra lui-même à Beyrouth jeudi pour y rencontrer «l'ensemble des acteurs politiques». Des entretiens avec son homologue, Michel Aoun et le Premier ministre, HAssan Diab, sont prévus.

Un contexte douloureux pour le Liban

Ce nouveau drame se produit dans un contexte éprouvant pour Le Liban, qui connaît sa pire crise économique depuis des décennies. Une dépréciation monétaire inédite, de l'hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques, ainsi que des coupures d'électricité, alimentent depuis plusieurs mois la grogne sociale. Une grève devait commencer demain dans les hôpitaux du pays. La pandémie de coronavirus, en plus du risque sanitaire en tant que tel, a accéléré l'effondrement du pays, très dépendant des transferts financiers de la diaspora et des investissements des pays du Golfe.

En visite dans le pays les 23 et 24 juillet derniers, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait conditionné l'octroi d'une aide française à la mise en place de réformes urgentes par le gouvernement libanais, en exprimant ouvertement son impatience face aux inerties de la classe politique. Le chef de la diplomatie libanaise s'est depuis désolidarisé du pouvoir exécutif. En annonçant hier sa démission, Nassif Hitti a invité les dirigeants du pays à «reconsidérer plusieurs de leurs politiques et pratiques». Il a également déploré «l'absence d'une réelle volonté pour entreprendre une réforme structurelle et totale qui est nécessaire et qui est réclamée par notre société et par la communauté internationale».

Les réactions ont été très nombreuses après le drame, de la part de leaders politiques comme de mouvements d'Eglise ou associations.

«J'exprime ma sincère solidarité et ma compassion envers les personnes touchées par l'explosion et plus particulièrement envers Caritas Liban qui est au service des plus vulnérables»  a expliqué Aloysius John, le secrétaire général de Caritas Internationalis. L'antenne de Caritas Liban à Beyrouth a d'ailleurs été endomagée par les explosions.

Pour sa part, le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, a tweeté une vidéo de l'explosion, en écrivant ces mots en anglais: «Notre-Dame de Harissa, reine du Liban, prie pour le peuple libanais! Que le Seigneur leur accorde la paix et la justice!»

Dans une déclaration publiée ce mercredi après-midi, la commission des épiscopats de la communauté européenne dit partager le «choc et la tristesse des Libanais». «Nous invitons l'Union Européenne à continuer à travailler côte à côte avec le gouvernement et le peuple libanais, y compris les communautés religieuses locales, dans ce moment historique dramatique, également marqué par la pandémie de Covid-19, une lourde crise économique et une grave instabilité régionale».

(Avec AFP, L'Orient-le Jour)

Dernière mise à jour: le 05/08/2020 à 9h.00

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05 août 2020, 06:38