Dans un laboratoire de recherche à Bangkok, en Thaïlande, en mai 2020 Dans un laboratoire de recherche à Bangkok, en Thaïlande, en mai 2020 

Course au vaccin: la solidarité mondiale à l’épreuve des intérêts nationaux

De Moscou à Washington en passant par Pékin, la course effrénée des grandes puissances pour trouver un vaccin contre le coronavirus s’accélère. Non sans risques, notamment le fait que certains pays soient laissés de côté.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Alors que le nombre de contaminations mondiales dépasse désormais les 20 millions, Vladimir Poutine a annoncé mardi que son pays avait mis au point un vaccin contre la Covid-19, baptisé "Spoutnik V". De nombreuses voix, dont celle de l’OMS, se sont montrées dubitatives face à la rapidité d’une telle découverte, d’autant plus la Russie n'a pas publié d'étude détaillée des résultats de ses essais. Mais le gouvernement espère mettre le vaccin en circulation le 1er janvier prochain au sein de la population.

Le continent américain se mobilise

Dans la soirée, le président américain Donald Trump a de son côté annoncé un contrat de 1,5 milliard de dollars pour la livraison de 100 millions de doses du vaccin expérimental de la biotech américaine Moderna, le sixième contrat de ce genre depuis mai.

L'Amérique latine, région la plus touchée au monde par la pandémie, a elle aussi récemment réagi pour produire d'urgence le prochain vaccin, qu'il vienne de Russie ou d'Europe.

L'Argentine et le Mexique vont ainsi prendre en charge, dans toute Amérique latine sauf au Brésil, la production et la distribution du futur vaccin élaboré par le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca et l'université d'Oxford, comme l’a annoncé le président argentin Alberto Fernandez dans la nuit de mercredi à jeudi.

Des rivalités croissantes

Huit mois après l'apparition du virus en Chine, aucun vaccin expérimental n'a à ce stade prouvé son efficacité contre le coronavirus dans des essais cliniques aboutis, mais au moins 5,7 milliards de doses ont déjà été achetées dans le monde.

En tout, près de deux cents candidats-vaccins sont développés, dont vingt-trois étaient en phase clinique – c’est-à-dire testés chez l’être humain – à la fin juillet. Et la course technologique s’accompagne de celle pour les financements. Les contrats se multiplient entre les États et les laboratoires pour tenter de s’assurer un accès à un éventuel vaccin. Trois grands blocs se dessinent: les États-Unis, l’Europe et la Chine.. La course vire donc à la compétition, n’étant pas exempte de stratégie isolationnistes qui mettent mal la diplomatie multilatérale.

Comment faire pour que les pays les plus pauvres puissent eux aussi recevoir un vaccin? Que penser de cette multiplication des initiatives pour développer un vaccin? L’éclairage de Lucie Gadenne, professeur à l’université de Warwick, dans le département d’Économie.

Entretien avec Lucie Gadenne

(Avec AFP)

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13 août 2020, 08:37